On peut critiquer Zemmour, être contre Zemmour, mais quand même pas avec n’importe qui…<!-- --> | Atlantico.fr
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Eric Zemmour a récemment provoqué la polémique après des propos sur l'islam dans un journal italien.
Eric Zemmour a récemment provoqué la polémique après des propos sur l'islam dans un journal italien.
©Reuters

Vade retro Zemmouras

C'est le hallali contre le polémiste. De gros fagots pour le brûler, de gros sabots pour le lyncher.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Au commencement était le Diable. Il s'appelait Jean-Marie le Pen. Puis, accablé par l'âge et distancé par la fraîcheur juvénile de Dieudonné, il a fait son temps et est passé de mode. Après il y a eu une diablesse nommée Marine Le Pen. Mais comme, contrairement à son père, elle ne mangeait pas un Juif tous les matins au petit-déjeuner elle n'a pas duré très longtemps. Enfin est venu un nouveau diable : Eric Zemmour plus connu sous le nom de Lucifer, Mephisto, Satan et Belzébuth.

Sa sulfureuse et diabolique gloire a fait de lui l'homme le plus connu de France. Des HLM de Boulogne-sur-Mer aux fermes des Deux Sèvres tout le monde connaît son nom. La tramontane souffle sur le Midi, en murmurant "Zemmour, Zemmour". Et les vagues qui se fracassent à la pointe du Raz crient dans leur fureur "Zemmour, Zemmour". Du sommet de l’État (Valls, Cazeneuve) jusqu’à à la plus misérable feuille de chou tout a été fait pour qu'il en soit ainsi. Les rédacteurs en chef des médias harcèlent leurs journalistes : "trouve moi un truc sur Zemmour!"

Ainsi cloué au pilori, vomi et lapidé le polémiste, réputé raciste, xénophobe et islamophobe (eh oui, c'est un cumulard!) doit en tirer une vanité sans pareille. Qu'il ne se réjouisse pas trop vite. Car lui aussi fera son temps. En effet, de sérieux concurrents se pressent pour lui ravir la première place sur le podium des JO de l'enfer. Le plus redoutable s’appelle Houellebecq. Il avait déjà remporté une première compétition en 2003 en déclarant que "l'Islam est la religion la plus con". Cette fois il a décidé de mettre toutes les chances de son côté avec un roman "Soumission" (Islam en français) qui décrit une France islamisée.

Mais on ne peut négliger les outsiders. Jean Rolin avec "Événements". Chez lui la France devient une sorte de Liban avec Hezbollah et casques bleus ghanéens. Patrick Besson, lui, a vu assez loin dans son livre "La mémoire de Clara". La France de 2060 où la République a été abolie par les Qataris. Les écrivains cités ne sont pas, loin de là, ce qu’il y a de pire dans le monde des lettres. Leurs angoisses trahissent quelque chose.

Mais revenons à Zemmour qui pourrait se sentir légitimement blessé d'avoir été oublié pendant autant de lignes. Chez lui, il y a la forme : incisive, nerveuse, souvent brillante, en un mot le propre d'un bon pamphlétaire. Il y a aussi le fond qui se discute et qui peut être critiqué, de préférence avec des arguments et pas à coups de matraque. Il écrit et dit des choses assez révoltantes sur les femmes et sur la "féminisation" de la société. Sa misogynie est un combat. Ce qui devrait paradoxalement le rapprocher de l'Islam qu'il exècre : en terre islamique les femmes se tiennent à carreau. Bizarrement on en parle peu : sans doute que pour les contempteurs de Zemmour une femme ne vaut pas un musulman.

Ses réflexions sur Vichy qui aurait sauvé tant de Juifs relèvent d'un mystère. Une provocation voulue et imbécile ? Ou un tourment non réglé concernant ses origines ?  Quant à ses propos sur les musulmans ils appellent la mise au point suivante. L'Islam rend fous nombre de ses adorateurs. Mais il peut aussi rendre fous certains de ceux qui, à juste titre d'ailleurs, s'en effrayent. Lucifer (ou Belzébuth, ou Mephisto ou Satan) Zemmour a des mérites. Et le plus intéressant de tous est d'avoir, à son corps défendant certes, servi de révélateur à l'abyssale niaiserie de ses inquisiteurs. Parmi les nombreuses pétitions qui réclament sa mise à mort il y en a une qui vaut le détour. Une perle, un bijou, un diamant.

Elle porte un titre noble et martial qui vaut tous les "Allons enfants..." "Monsieur Zemmour, la République on l'aime ou on la quitte" ! Elle est signée, et sans doute rédigée, par d’éminents députés de la Gauche Forte (Bachelay, Galut, Capdevielle...) et quelques inconnus qui ont pour vocation à le rester. Les phrases sont fortes, comme leur gauche sans doute. Après avoir reproché à Zemmour de faire des musulmans "des boucs émissaires" les signataires s'empressent de porter à notre connaissance "qu'un quart d'entre nous a un grand-père né à l’étranger" ! Nous ignorions, moi et quelques autres, que nos grands-parents étaient musulmans.

Dans ce texte rien ne nous sera épargné. Il y est question des "stigmates des périodes les plus sombres de notre histoire". Oui, vous avez bien lu ! Vous pensiez, comme moi, que ce poncif était tellement usé et éculé que nul n’oserait plus l'utiliser ? Eh bien si, ils ont osé. Les cons ça ose... Et ils osent aussi ceci: "l'islamophobie n'a pas sa place en France". Ah bon ? Et elle a sa place où ?  En Afghanistan, au Pakistan, en Irak, en Syrie, en Somalie etc. où la douceur de l'Islam se montre sous un aspect sanglant et barbare ?

Les auteurs de ce texte, dont la bêtise hypertrophiée et sûre d'elle-même constitue le ciment, brandissent à tout bout de phrases le mot "République". La République quittez-là Monsieur Zemmour... La République ça n'est pas ça... Allons donc. Ça fait belle lurette que la République a cessé d’être en France une et indivisible. Croit-on que la République existe dans les quartiers Nord de Marseille où la seule loi en vigueur est celle de la kalachnikov ? La République est-elle chez elle dans des quartiers que fuient médecins et services publics et où policiers et pompiers redoutent d’entrer ? Et pense-t-on que ce sont les enfants de la République qui partent pour la Syrie et l'Irak afin de profiter des miettes des festins sanglants qui se tiennent là bas ?

Voilà. Et si ça ne suffit pas, si ces extraits vous ont mis l'eau à la bouche, le texte complet est dans Libération (en accès libre). Il y a bien des choses à reprocher à Zemmour. Mais le plus grand mépris s’impose à l'égard de ceux qui le haïssent la bave aux lèvres.

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