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Olivier Sauton : le dieudonisme sombre est-il soluble dans le luchinisme lumineux ?
©Capture d'écran Youtube

Ma minute Askolovitch

Olivier Sauton, ex-antisémite « professionnel », au sens où c'est bien du métier qu'il exerçait pour gagner sa vie qu'il s'agit, assure avoir changé. Peut-on le croire ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je suis assez partagé en lisant le texte du producteur d'Olivier Sauton (en lien ici), que je vous invite à lire sans trop de parti-pris et qui tente de faire la preuve de ce que son poulain a changé. Qu'il s'est bonifié en vieillissant. Qu'il n'est plus l'homme qu'il était.

Mais Sauton, un comédien qui triomphe en ce moment sur les planches avec son spectacle sur Luchini, ne s'est pas contenté de balancer quelques tweets pourris sur son goût pour les chambres à gaz au fil de l'eau : il a surtout interprété et co-écrit le film de Dieudonné « L'antisémite » – un navet proprement in-cré-di-beul que j'ai eu l'occasion de me taper par une moche soirée de désœuvrement.

Et je ne dis pas ça seulement parce qu'on y admire Faurisson et Soral faisant les pitres en uniformes nazis et en costumes de déportés, mais bien pour ce qu'il donne à voir de l'aspect pathologique (au sens littéral) et terrifiant des obsessions anti-juives de Dieudonné.

Je ne recommande d'ailleurs pas spécialement de regarder ce film surréaliste, mais je dirais que je n'ai jamais rien vu d'aussi crûment et presque joyeusement antisémite. C'est « Bagatelles pour un massacre » revisité par du (très mauvais) comique de café-théâtre.

Mais d'un autre côté, je ne connais pas ce Sauton personnellement, je ne sais ni qui il était dans sa période Dieudonné, ni qui il assure être devenu en mûrissant. Et ce qu'écrit son producteur, qui lui le connaît, n'a pas l'air d'être une crapule lui-même, m'interpelle : oui, on peut effectivement faire des saloperies dans sa vie puis changer. Heureusement d'ailleurs. Lui dit que c'est son cas. Ce n'est pas à moi de trancher mais bon, voilà. La possibilité existe. On ne peut pas l'écarter.

J'ajouterais que cette nouvelle histoire de « part d'ombre » soudainement mise en lumière est assez différente de l'affaire Meklat, dont je ne souhaite pas la mort sociale non plus parce qu'il n'a tout de même que 24 balais : Sauton, lui, faisait ses saloperies dans une espèce d'anonymat underground glauque et n'était pas devenu l'icône progressiste des Inrocks ou de Médiapart. Et il a l'air de s'excuser pour de bon ; il ne vient pas jouer les victimes outragées de la « fachosphère » avec l'appui indéfectible des ses anciens soutiens. Ça compte aussi. Enfin je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis perdu, quoi.

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