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Horaires SNCF : le « lundi noir » sera-t-il à l'heure ?
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Zone franche

Adorer prendre le train mais détester les changements, on dira ce que qu'on voudra, ça n'est pas très cohérent...

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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La SNCF modifie ses horaires et tout le monde est en pétard. C’est que « Tu ne changeras rien », c’est un peu le onzième commandement apocryphe dont adorent se réclamer les Français à chaque fois qu’on les bouscule un poil dans leurs habitudes…

Ben oui, le train de 12h48 qui s’arrêtait voie B passera désormais par la voie C à 12h46 et c’est tout un monde qui s’écroule. Presqu’un droit acquis qui nous file sous le nez, quoi !

Bon, il y a quand même quelques belles et bonnes raisons derrière ces changements ― de belles et bonnes raisons dont les amateurs de développement du service public pourraient se féliciter, mais rien n’y fait.

D’abord, il y a le renouvellement des infrastructures. Des milliers de kilomètres de voies remis en état ou modernisés d’ici à 2015, souvent sur des dessertes régionales plus moins abandonnées aux herbes folles pendant les grandes années TGV. Il y a aussi ce fameux « cadencement », une harmonisation des horaires permettant de mieux mémoriser les heures de départ et d’optimiser les correspondances (à l’exemple des Suisses, d’ailleurs, qui en connaissent un rayon question horaires).

Tiens, on inaugure même un nouveau segment de ligne à grande vitesse sur la liaison Rhin-Rhône, soit une nouvelle brèche dans un schéma ferroviaire entièrement centré sur les relations Paris-province un siècle durant…

Guillaume Pépy, le boss de l’ogre ferroviaire, aura pourtant payé de sa personne pour expliquer le pourquoi du comment ces dernières semaines. On allumait la télé, il était là. On branchait la radio, il était encore là :

« Oui madame, il va effectivement y avoir quelques problèmes sur les trains de nuit pendant quelques temps puisque c’est la nuit que l’on intervient sur les voies le plus souvent » ; « Non monsieur, l’allongement temporaire de vingt minutes sur Paris-Bordeaux n’est pas le signe avant-coureur d’une privatisation rampante de la SNCF ».

Horaires de gauche, horaires de droite ?

Prévoyant (espérant ?) le pire, la Coordination Nationale des Usagers du Train, envisage déjà une « grève des tickets » et exige le « retour immédiat aux anciens horaires », au prétexte que « la logique technocratique a primé sur la concertation ». On a curieusement échappé à une bonne vieille politisation du débat, horaires de gauche contre horaires de droite, même si l’ouverture à la concurrence européenne de la liaison Paris-Venise aurait été un bon vecteur de grogne anticapitaliste...

Hier dimanche, première journée du big bang, tout s’est d’ailleurs bien passé mais, hey, c’était une répétition générale et c’est vraiment pour aujourd’hui que la fin du monde est programmée. Si le système explose et que le « lundi noir » promis est au rendez-vous, la preuve sera faite de ce que même un changement d’horaires de trains est au-delà de ce que peut supporter un pays au bout du rouleau.

Et si tout marche comme sur des roulettes ? Si, à l’exception d’une poignée d’incidents mineurs, aucun suicide n’est directement imputable à ce terrible bouleversement ? Pas de problème : il suffira d’attendre la fin de ce chantier monstre et le retour à la normale pour le déclenchement de nouvelles hostilités. On parie ?

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