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Nathalie Loiseau/Jordan Bardella : deux visions du monde opposées. Deux visions, vraiment ?
©BERTRAND GUAY / AFP

Impasse

Mercredi soir, les deux têtes de liste LREM et RN se sont affrontés dans un débat qui a surtout révélé leur stratégie commune.

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

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Mme Loiseau tête de liste LREM et M. Bardella, son homologue (RN ex FN), sont des personnalités nouvelles sur la scène politico-médiatique. Elles appartiennent ainsi au « nouveau monde » supposé issu du séisme électoral de 2017 et du renouvellement de la classe politique. Leur débat du 15 mai sur BFMTV allait-il renouveler l’exercice du genre ?

Visiblement leurs deux visions étaient inconciliables et l’échange devait bien vite tourner au pugilat et à la bataille d’invectives. Un jeune fauve lepéniste affrontait une institutrice goguenarde mais quelque peu débordée par sa fougue. Et les injures volaient encore plus que de coutume : mensonges, fakes news,  désinformation, méprisant, arrogant, agressif… Les deux acteurs en désaccord sur tout, y compris les faits, ne semblaient pas parler du même monde et s’ébattaient dans deux réalités différentes.

Faut-il parler de vision, de l’un comme de l’autre ? De fait, tous deux donnaient le sentiment de réciter les leçons de leur camp et de marteler des éléments de langage appris par cœur : libre échange contre protectionnisme, politique agricole commune contre renationalisation de l’agriculture, Frontex contre frontières nationales… Deux monologues parallèles sur les thèmes les plus convenus, ponctués d’insultes et d’attaques personnelles.

Pourtant, une étrange complicité, par-delà les apparences conflictuelles, les unissait. Ayant refusé, l’avant-veille, un débat public et télévisé avec M. Bellamy, la tête de liste LR, Mme Loiseau consacrait  en revanche M. Bardella et le RN dans le statut d’opposant unique et attitré au pouvoir LREM. Elle ne faisait ainsi qu’appliquer le dogme d’une présidence Macron vouée à la bataille du bien progressiste contre le mal populiste. Etrange paradoxe : la liste qui se revendique comme le chantre de la lutte contre « l’extrémisme » en devient le plus authentique allié objectif.

Cette stratégie électorale repose sur la certitude que dans un duel entre le bien progressiste et le mal populiste, le premier sortira toujours vainqueur, notamment en 2022. Pourtant, dans cette confrontation en tête à tête entre deux intégrismes, le mondialisme ou européisme arrogant et le repli « localiste » moyenâgeux, faute de toute autre alternative, faute d’une troisième voie, rien ne permet de penser qu’à la faveur de l’exaspération populaire, le second ne finira pas par l’emporter. Le débat de ce soir, faute d’avoir le moindre intérêt sur le fond, montrait en tout cas qu’en termes d’agressivité et de mépris, les deux camps se trouvent à armes égales. Quoi qu’il arrive, un tel spectacle n’aura sûrement pas pour effet d’inciter les 60% d’abstentionnistes attendus à se rendre aux urnes.

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