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Natacha Polony : "Le primaire s’est paupérisé depuis plusieurs années"
Natacha Polony : "Le primaire s’est paupérisé depuis plusieurs années"
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Education nationale

Nicolas Sarkozy a annoncé ce mardi qu'il n'y aurait "aucune fermeture de classes dans les écoles primaires à la rentrée 2012, hors critères démographiques". La journaliste Natacha Polony revient sur l'opportunité de cette mesure en soulignant que "la puissance des syndicats du secondaire a fait qu’on a eu tendance à répondre leurs demandes en oubliant que le primaire est l’endroit où tout se joue".

Natacha Polony

Natacha Polony

Natacha Polony est directrice de la rédaction de Marianne et essayiste. Elle a publié Ce pays qu’on abat. Chroniques 2009-2014 (Plon) et Changer la vie (éditions de L'Observatoire, 2017).

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Atlantico : Nicolas Sarkozy a indiqué ce mardi qu’il n’y aurait « aucune fermeture de classes dans les écoles primaires à la rentrée 2012, hors critères démographiques». Que pensez-vous de cette annonce ?

Natacha Polony : C‘est une nécessité. Autant on peut ne pas être opposé par principe aux suppressions de postes, autant elles commençaient à attaquer l’os en touchant à l’aménagement du territoire.

Certes, les suppressions de postes vont continuer, mais Nicolas Sarkozy a sanctuarisé le primaire. C’est une nécessité car c’est à ce niveau que tout se joue. Si les enfants ont acquis les bases à l’école primaire, on peut ensuite se permettre d’avoir dans certaines classes des effectifs plus élevés : dans des zones favorisées où les enfants ont eu les bases au départ, avoir 35-40 élèves ne pose aucun problème. Il faudrait d’ailleurs pouvoir le faire accepter à leurs parents afin de mettre plus de professeurs là où ils sont vraiment nécessaires.

Une politique globale est donc indispensable, mais le primaire s’est paupérisé depuis plusieurs années. Depuis les années 1980-1990, la puissance des syndicats du secondaire a fait qu’on a eu tendance à répondre à leurs demandes, en oubliant que le primaire est l’endroit où tout se joue.

Cette annonce ne correspond-elle pas à un simple coup politique ?

Dans la mesure où elle ne touche pas la rentrée 2011, si c’est un coup politique, il porte assez peu... Ce n’est pas ça qui est intéressant. Ce qui importe c’est ce que l’on fait de l’éducation nationale aujourd’hui.

Est-ce un changement de politique de la part de Nicolas Sarkozy ?

Non, puisque le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux dans l’éducation nationale est maintenue.

On peut s’interroger sur les limites de cette politique. Mais il faut prendre conscience que quelque soit la politique que l’on mène, il convient de s’occuper du primaire. Et au-delà du primaire, c’est d’aménagement du territoire dont il est question : on sait très bien qu’un village qui perd son école c’est dramatique en termes démographiques.  

Plus généralement, la question du nombre de professeurs pose question. L’éducation nationale manque par exemple actuellement de professeurs pour corriger les copies du bac de cette année…

Cela devrait se régler assez rapidement… Mais c’est vrai qu’on demande beaucoup aux professeurs, en particulier au moment du bac. Le problème c’est qu’on peut se permettre de demander cela aux professeurs quand ils sont reconnus. Or, aujourd’hui, ce n’est pas le cas : il y a réellement quelque chose de rompu entre la société et les enseignants qui conduit à ce qu’ils n’aient pas envie en plus de jouer aux gentils bénévoles.

Il s’agit là d’une crise larvée que nous vivons depuis 10 ou 15 ans. Ce n’est pas viable sur le long terme. Il va falloir à un moment donné reprendre conscience que les enseignants sont un corps essentiel pour la vie de la nation, quelque soit les options idéologiques des uns ou des autres. C’est un enjeu crucial.

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