Narco-terreur : le Mexique est peut-être débarrassé d’El Chapo mais dans la famille des cartels, il y a pire... El Mencho<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Le "patron des patrons du crime au Mexique", ce n'est plus El Chapo, mais El Mencho. Son identité est mystérieuse. Il n'a jamais été arrêté. Certains disent que c'est un ancien policier ou militaire.
Le "patron des patrons du crime au Mexique", ce n'est plus El Chapo, mais El Mencho. Son identité est mystérieuse. Il n'a jamais été arrêté. Certains disent que c'est un ancien policier ou militaire.
©REUTERS/Edgard Garrido

Guerre de la drogue

Aujourd'hui le "patron des patrons du crime au Mexique", ce n'est plus El Chapo, mais El Mencho. Celui-ci est non seulement plus barbare que jamais, et très puissant, mais il pose une nouvelle forme de défi à l'Etat mexicain en lançant des revendications politiques.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

Voir la bio »

On a beaucoup parlé de l'arrestation d'El Chapo, le parrain de la drogue au Mexique et dans le continent américain. Mais son concurrent, El Mencho, est beaucoup plus redoutable, plus mystérieux, et sévit encore. De plus, son cartel semble faire peser une nouvelle menace sur la stabilité de la région avec des ambitions apparemment politiques.

Des crimes atroces

El Mencho est le patron du Cartel de Jalisco, "Nouvelle Génération". Ce cartel fut lancé en 2009 par El Mencho et deux autres criminels, alors membres du Cartel Milenio, comme le rapporte Univision. Le nouveau cartel prend vite du galon comme sous-traitants et homme de mains de cartels plus gros - on peut dire qu'il démarre son activité par la sous-traitance et prend des parts de marchés. 

Mais en 2011, se sentant assez fort, le cartel déclare la guerre à tous les autres cartels du Mexique et annonce son intention de prendre le contrôle de la ville de Guadalajara, d'après le site spécialisé InterAmerican Security Watch. Il se distingue vite par sa cruauté féroce. 

Jalisco assassine les rivaux, les policiers, mais également les civils qui s'y opposent ou tout simplement ne paient pas leur "impôt" -pour eux, c'est l'attaque à la grenade. Jalisco aime torturer pour semer la terreur et met les vidéos en ligne. Sur l'une d'entre elles, un père et son fils sont attachés à des explosifs - ils font exploser le fils en premier pour forcer son père à regarder sa mort. 

Il y a plusieurs années, Jalisco aurait capturé 35 membres d'un cartel rival, les Zetas, et les aurait torturés et mutilés avant de balancer leurs corps sur l'autoroute à l'heure de pointe. 

La volonté de Jalisco de prendre du territoire est sérieuse. Un jour de mai dernier, le cartel a pris le contrôle de la vie de Guadalajara, bloquant plus de 30 routes d'accès à la ville avec des feux, et incendiant des banques et d'autres bâtiments publics. Lorsque l'armée est venue à la rescousse, un hélicoptère fut abattu par un lance-roquettes et des soldats exécutés, raconte Meghan Walsh du magazine en ligne Ozy

L'identité de El Mencho est mystérieuse. Il n'a jamais été arrêté. Certains disent que c'est un ancien policier ou militaire, ce qui serait validé par les tactiques très professionnelles du groupe, et sa volonté de rendre coup pour coup à l'Etat. "C'est le premier patron du crime en ce moment au Mexique", déclare Tristan Reed, analyste de sécurité du Mexique pour Stratfor, l'entreprise de conseil en géostratégie.

Un nouveau type de danger

Mais ce qui distingue Jalisco, ce n'est pas seulement son efficacité, l'étendue de sa puissance, ou la brutalité de ses méthodes. Jalisco se lance aussi en politique. En plus de ses tortures les plus atroces, le groupe met en ligne des vidéos où il critique le gouvernement et se présente comme une force nationaliste déterminée à remettre l'ordre en combattant les autres cartels. 

Comme le rappelle le Wall Street Journal, cela réveille un spectre jusqu'alors inconnu au Mexique, mais vu en Colombie : la transformation des cartels de la drogue en groupes paramilitaires qui se constituent en rivaux de l'Etat et essayent de prendre le pouvoir politique. En effet, la stratégie de Jalisco semble non seulement être de contrôler le traffic de drogue et les autres formes de criminalité, mais également de prendre et de tenir du territoire. 

Pour l'instant Jalisco ne représente pas un nouveau proto-Etat. Mais qui sait. Ses méthodes semblent trop barbares pour prendre de la légitimité, mais après tout le Hezbollah ou l'Etat islamique ont obtenu de la légitimité auprès de certaines populations locales par le maintien de l'ordre, la punition de la corruption et la mise en place de services sociaux que l'Etat central n'arrivait pas à assurer. Si Jalisco arrivait à tenir du territoire et à obtenir l'assentiment de portions de la population, cela représenterait la transformation du Mexique en Etat failli ayant perdu le monopole de l'usage légitime de la force, et le passage d'un état de criminalité endémique à un état de guerre civile. 

Nous en sommes encore loin, mais voilà un danger tenace, et beaucoup moins implausible qu'il y a quelques années...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !