Mur de la Honte. Mur des C... : cette semaine Heetch et Yves St Laurent<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Mur de la Honte. Mur des C... : cette semaine Heetch et Yves St Laurent
©

Les entrepreneurs parlent aux Français

J’ai honte. Honte cette semaine d’être français. Honte d’être dans un pays qui trahit les entrepreneurs.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

Voir la bio »

J’ai honte. Honte cette semaine d’être français. Honte d’être dans un pays qui trahit les entrepreneurs. Honte d’appartenir à un pays où certains entrepreneurs utilisent leur puissance pour avilir la femme à l’aube de la journée qui lui est consacrée le 8 mars. Honte que la justice de mon pays soit au service de la destruction de l’esprit d’entreprendre. Honte que la classe politique reste muette sur tous ces sujets. Honte. Honte. Honte.

Jeudi aura été la journée de la Honte. Jeudi un Juge dogmatique dans son approche, violent dans son réquisitoire, haineux dans sa description de la situation, condamne à mort des entrepreneurs. Ils sont accusés d’avoir violé une Loi injuste, qui a changé 1000 fois en 2 ans, et d’avoir exercé une activité qui est à peu de choses près celle de Blablacar version urbaine, que personne ne penserait à attaquer (heureusement d’ailleurs).

Un Juge et un procureur, dont on sent toute la haine de l’entreprise poindre et transpirer dans chacun de leurs mots, heureux de pouvoir briller devant un auditoire qu’ils ont si rarement l’occasion d’avoir et leur permettre de déverser une bile qui ressemble fort à la lave du volcan. Impatient de détruire ce qu’il recouvre. Une vitrine et une chambre d’écho pour le trotskisme d’état, la haine du jeune et de l’entreprise, qu’il peut enfin déverser en le camouflant derrière un écran de fumée juridique.

Un procès dans lequel on a vu débarquer plusieurs centaines de parties civiles !! Plus nombreux que les clients de Heetch pratiquement. Tous les taxis étaient là. Ces prolétaires du transport qui se sont et se laissent encore tondre en bons moutons par G7 et Taxis Bleus qui les saignent depuis 30 ans, sans qu’ils ne trouvent mot à redire, se révoltent tout à coup contre une société qui réalise…..1.5M d’euros de chiffre d’affaire. Le chiffre d’affaire de 15 taxis environ (déclaré en tous cas). Avec 1.5M d’euros de chiffre, Heetch mettrait en péril une profession dont le chiffre s’élève en centaine de millions d’euros à Paris. Pour transporter des clients qui n’ont pas les moyens de prendre un taxi, pour des clients qui cherchent à rentrer en banlieue le samedi soir où aucun taxi ne souhaite les ramener, par des chauffeurs qui gagnent ainsi la somme faramineuse de 6000eur par an, vous avez bien entendu, 6000eur par an. De quoi contribuer à amortir de coût de leur voiture, dans un pays où la pauvreté gagne du terrain.

Le jugement ? Pas un jugement, une exécution. Dans un pays qui a supprimé la peine de mort, on semble l’avoir maintenu pour les entrepreneurs. Une amende qui correspond à 1/3 de son chiffre d’affaire, au profit de taxis qui n’en ont pas souffert. Il fallait y penser, une indemnisation sans préjudice. Nouveau concept de droit au service du combat politique.

Conséquence. J’espère que nos amis vont faire Appel et interpeller, avec l’aide de l’Observatoire de l’Ubérisation, les politiques, terrés dans leur campagne sans contenu et leur déballage de linge sale permanent, afin qu’ils prennent leur responsabilité et fassent de Heetch un nouveau blablacar urbain. Un moyen pour des jeunes de rentrer sain et sauf chez eux, ramenés par des jeunes qui réduisent le coût de leur voiture. Bref du covoiturage !

Les conséquences sont proche du strike dont on rêve au bowling. Une seule boule et plusieurs victimes, ces magistrats doivent friser le nirvana:

L’entrepreneur. Une entreprise brisée, qui au mieux survivra en s’exilant à l’étranger. Super bénéfice pour la France ! L’activité, les taxes, les emplois et les bénéfices sociaux et fiscaux vont filer au froid, en Suède. Merci Mr le Procureur. Une grosse incitation pour l’esprit d’entreprise en France.

Les jeunes. Nous aimons gâcher l’argent du contribuable en campagnes publicitaires aussi coûteuses qu’inutiles pour améliorer la sécurité routière et allons jeter en pâture nos jeunes, le week-end, à tous les moyens de transports (vélo, autolib..) qui leur permettront de risquer leur vie pour rentrer chez eux. Merci Mr le Procureur.

Les jeunes encore. Ceux qui réussissaient, en banlieues principalement, à s’en sortir en amortissant le coût de leur voiture au prix de leur temps et de leurs soirées. Des jeunes courageux qu’on accuse de ne pas chercher d’emploi, qui vont bosser, durement, le week-end pour transporter nos enfants pendant que leurs amis s’amusent en boîte. Merci Mr le Procureur.

Le digital. Nous avons désespérément besoin de champions du digital en France, nous venons de nous priver de prendre le leadership mondial sur cette activité. Demain un américain puissant viendra l’imposer et nous nous plaindrons de ces méchants capitalistes étrangers qui par leur puissance auront pu, sans payer d’impôt en France, nous imposer leur modèle. Nous espérons que nos amis de France Digitale, et autres associations, se joindront les défendront avec autant de fougue qu’ils défendent le digital tout court.

Moi. Je suis atterré. Dégoûté. Chaque semaine nous offre, des attentats déjoués, des politiques pourris, et maintenant des Juges minables. Il faut vraiment aimer ce pays et ses habitants, pour y croire encore.

Déjà au sol, dépité, voilà que mon regard s’arrête, à mon retour de Toulouse, pour une conférence sur l’Ubérisation, sur une publicité qui de très loin me rappelait une figure de style de type Jean Paul Goude.

Arrivé devant l’affiche, la honte m’envahit. Cela n’a plus rien de Goude. Yves St Laurent, exhibe en 4*3, des femmes anorexiques, offertes, avilies, humiliées, aux yeux de touristes et de clients censés être élevés, impressionnés par le génie de la mode du luxe à la Française.

J’ai alors cherché du regard le message, qui aurait pu expliquer, peut être, que cette image pitoyable soit au service d’une noble cause. La libération féminine de la prostitution, de l’exploitation sexuelle, bref une cause. Pour une marque comme YSL, dont le créateur a élevé la femme et sa liberté au rang de valeur quasi républicaine, je ne pouvais imaginer que cette campagne ne soit…..qu’une campagne ! Eh bien si. Cette femme pliée en deux, offerte à une brute invisible mais si présente par l’imaginaire, les traits défaits comme après un viol, et montée sur roller histoire de bien faire comprendre que cela facilitera le va et vient du violeur, n’est au service que des boutiques YSL.

Le grand Yves doit se retourner dans sa tombe, lui qui éleva les femmes noires notamment en leur donnant accès à la lumière, voit d’en haut la nouvelle directrice générale, une femme (sic), leur creuser une tombe. Vous imaginez Catherine Deneuve, en bas résille, ou Katoucha, premier mannequin noire de YSL, qui luttait contre l’excision, courbée en deux, les jambes écartées, montée sur des rollers, sans même un vêtement à proposer ? Honteux. Minable.

Heureusement le mouvement a pris de l’ampleur, plusieurs centaine de milliers de « followers » touchés, des journalistes, politiques, sportives, soutiennent un mouvement que j’ai lancé, avec le hashtag #YSLretiretapubdegradante, afin d’obtenir le retrait de cette minable publicité. Nous n’avons trouvé qu’un égaré du boboland Parisien qui aura trouvé comme prétexte la reprise d’un travail artistique passé, pour défendre la pub au nom de l’art. En clair, le délire publicitaire l’emporterait sur le respect de la femme, et il faudrait la maintenir pour les 0,01% qui comprennent la beauté de la démarche artistique, même si elle choque les 99,9% qui restent.

Triste semaine. Triste temps. Triste société. Baudelaire et son spleen me rejoignent contre mon gré.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !