Miracle à Reykjavik : comment l'Islande s’est sortie de la crise en faisant tout l’inverse des autres <!-- --> | Atlantico.fr
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L'Islande est parvenue à des résultats probants en couplant son austérité fiscale à une relance monétaire.
L'Islande est parvenue à des résultats probants en couplant son austérité fiscale à une relance monétaire.
©Reuters

Austérité intelligente, mode d’emploi

Après la Grèce, l’Islande est le pays qui a connu la plus sévère cure d’austérité suite à la crise de 2008. Mais contrairement aux pays de la zone euro, l'Islande est parvenue à des résultats probants en couplant son austérité fiscale à une relance monétaire.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Pour le premier ministre islandais, Sigmundur Davíð Gunnlaugsson, le renouveau économique de son pays a une cause précise : "Ce qui nous a permis de nous sortir de la crise financière et de nous ramener là où nous en sommes aujourd’hui est d’avoir notre propre monnaie et d’avoir le contrôle sur notre politique économique et monétaire, ainsi que sur nos ressources naturelles. Les options grecques sont nettement plus limitées, en tant que membre de la zone euro". Malgré ce diagnostic, le cas Islandais pourrait tout aussi bien être brandi en étendard par les fans de l’austérité, parce que la consolidation fiscale mise en place par le pays n’a pas d’autre équivalent que l’intouchable Grèce. 

En 2008, l’Islande ressemblait à un hedge fund. 330.000 habitants et un secteur financier correspondant à 14 fois le PIB du pays. Afin de faire face à l’inévitable explosion de la finance islandaise, le pays a alors décidé de mettre en place des mesures drastiques : contrôle des capitaux, mise en faillite du système bancaire, relance monétaire mais également, cette sérieuse cure d’austérité budgétaire.

En effet, en prenant en compte les données publiées par le Moniteur Fiscal du FMI, les chiffres impressionnent. Rien n’est épargné aux islandais. Depuis 2008, les dépenses publiques sont sacrifiées, d’un point haut de 55.4% du PIB, elles ont pu être réduites à 46% pour l’année 2014, soit une baisse de 11.4 points. De la même façon, la hausse de la fiscalité a été très lourde, passant d’un taux de prélèvement obligatoire atteignant 38.9% du PIB en 2009 pour en arriver à 47.9% en 2014. Soit une hausse de 9 points par rapport au PIB.

Afin d’extirper les données relatives au paiement de la dette, et ainsi mettre en évidence les efforts réels du pays, il suffit de constater le solde de la balance primaire : d’un déficit de  -6.9% en 2009, l’Islande a retrouvé un solde positif de 6.2% en 2014, soit une consolidation fiscale de 13.1% du PIB en 5 années. En intégrant les données relatives à la dette, et en prenant 2008 en année de référence, le déficit budgétaire est passé de 13.1% en 2008 à un solde positif de 1.8% en 2014, soit un écart de 14.9% au total. 

Graphique : Solde Budgétaire. Islande. (Source : Fiscal Monitor. FMI)

Cerise sur le gâteau, cette consolidation fiscale aura permis à l’Islande de faire baisser son niveau d’endettement public, de son niveau record en 2011, soit 95.1% par rapport au PIB pour en arriver au chiffre de 82.1% en 2014, toujours selon les données du FMI. A titre de comparaison, entre 2008 et 2014, le niveau d’endettement grec est passé de 108.8% à 177.2% alors que la consolidation budgétaire aura atteint 12.5 points de PIB, passant d’un trou de 15.2% en 2009 à -2.7% en 2014. La trajectoire est inversée.

Pourtant, et contrairement aux autres pays pratiquant l’austérité, après 5 années d’un traitement aux stéroïdes l’Islande affiche un taux de chômage de 4.3%, et ce, après avoir atteint un niveau de 7.6% en 2011. Mais ce succès a une cause.

Car ce qui a permis à l’Islande de rendre possible cette dose d’austérité massive tient en un seul mot : la monnaie. En mettant en place une relance monétaire de très grande ampleur, la Banque centrale islandaise a massivement soutenu l’économie du pays. Ce que le pouvoir budgétaire prenait d’une main a été redonné par la main monétaire. Le résultat se voit à l’œil nu ; en observant la progression du PIB nominal, sous contrôle de la Banque centrale. La comparaison avec la Grèce permet de se faire une idée de la différence de résultats entre les deux stratégies ; entre d’un côté l’austérité fiscale sans soutien monétaire (Grèce) et de l’autre l’austérité fiscale menée avec le soutien de la Banque centrale (Islande):

Graphique : PIB nominal. Grèce / Islande. 2005-2015. Progression en %

La comparaison ne mérite aucun commentaire sur l’efficacité des deux stratégies évoquées. Cependant, à l’échelle des efforts budgétaires réalisés par l’Islande, le coût monétaire n’a pas été neutre. C’est ainsi que l’inflation islandaise a explosé au moment même de la mise en place de la relance monétaire, atteignant un sommet de 18.6% en janvier 2009, avant de revenir à un seuil de 1.6% en mai 2015.

Graphique : Inflation. Islande. (Source : Banque centrale Islandaise)

Au contraire du cas grec, la stratégie macroéconomique de l’Islande a été de partager le coût de la crise entre le capital et le travail. Le capital a subi l’érosion de l’inflation et le chômage a progressé de 2.4% en 2008 à 7.4% en 2010, pour revenir à ce seuil actuel de 4.3%. En Grèce, seul le travail a été mis à contribution et s’affiche aujourd’hui à 26.6% de la population active. Pour le moment. Lorsque les créanciers grecs ont consenti  un sacrifice en 2011, ils ont traité la conséquence du problème sans s’attacher à ces causes. A l’inverse, L’Islande a été s’attaquer aux racines du mal. 

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