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Mario Draghi et consorts piétinent-ils les traités européens dans l'opacité absolue ?
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Toboggan européen

Le président de la BCE ou Mario Monti ont semblé prendre ces dernières semaines quelques largesses avec l'esprit des traités...

Bruno Bertez

Bruno Bertez

Bruno Bertez est un des anciens propriétaires de l'Agefi France (l'Agence économique et financière), repris en 1987 par le groupe Expansion sous la houlette de Jean-Louis Servan-Schreiber.

Il est un participant actif du Blog a Lupus, pour lequel il rédige de nombreux articles en économie et finance.

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Au  niveau Européen, tout est fait, sous prétexte de discrétion et d’efficacité, dans l’opacité. Il s’agit d’une véritable stratégie, scandaleuse, cynique , mise en place sous plusieurs justifications :

  • Ne pas affoler le public,

  • Ne pas donner d’armes aux marchés dans leurs activités spéculatives,

  • Eviter le contrôle des Parlements, représentants des peuples,

  • Eviter de révéler et mettre au grand jour les conflits et enjeux.

  • Faciliter les négociations des gouvernements sur le dos des contribuables

  • Tourner les traités, les chartes fondatrices de l’Union monétaire.

    Il y a encore beaucoup d’autres raisons, comme celle-ci, qui est la plus importante de toutes : éviter de montrer l’incurie des Pères de l’Europe.

Entretenir des images fausses dans les mémoires collectives, ce qui en gros équivaut à maintenir le mythe de gouvernants compétents pour perpétuer la possibilité d’exploitation et tromperie des citoyens. Ceci, tant il est vrai que ceux qui exercent le pouvoir présentement sont les héritiers de ces mauvais Pères fondateurs et que révéler la vérité serait nuisible à leur crédibilité et légitimité présente.

Je développe régulièrement dans notre cadre analytique l’idée selon laquelle nous sommes sous la domination de classes alliées, kleptocrates, qui tentent à la fois de maintenir un ordre/désordre social, de sauver un  système bancaire usurier et insolvable et de perpétuer un Etat Providence à crédit et menacé de faillite, le tout réuni dans un système de type social démocrate dont la finalité est non pas le progrès mais la reproduction, la perpétuation du désordre social existant au prix d’une socialisation sans cesse accrue.

Si je soutiens les positions allemandes dans l’actuelle situation de crise, ce n’est pas par attirance particulière pour le pays et le peuple, c’est par ce qu’une partie de l’Allemagne est saine, a de bons principes, reste fidèle à mes valeurs de monnaie solide, d’économie productive, d’effort, d’épargne et de responsabilité. L’Allemagne reste le refuge des valeurs économiques et individuelles fondées sur l’incitation et la liberté. L’Allemagne refuse encore l’inflationnisme, le mensonge qui mélange le monétaire et le fiscal, la tromperie du détournement de la monnaie au profit d’agendas politiques non explicités.

Cette partie de l’Allemagne est notre seule alliée contre l’Internationale noire de la Banque, de la finance spéculative, et l’Internationale politique qui sert ses intérêts, étant entendu que cette Internationale politique dont je parle ne se confond pas avec les découpages idiots Droite/Gauche mais plutôt avec le magma, le marécage indistinct et mystifiant de la gauche sociale démocrate et de la fausse droite.

Le symbole, je ne dit cela non par méchanceté mais pour me faire comprendre, le symbole de ce magma étant un homme politique de type Dominique Strauss-Kahn. Ne prenez pas cela pour une attaque sur la personne, ce n’est vraiment pas mon intention de stigmatiser DSK en tant qu’individu. Mario Draghi, s’il était homme politique, ferait aussi bien l’affaire pour la comparaison, mais il joue un autre rôle dans le système, il représente autre chose. Ce que vient d’accomplir Draghi, que je qualifie de coup de force, de coup d’Etat, est d’une vilenie sans nom. Le pire est que le coup est tellement tordu, feinté, dissimulé que les parades sont extrêmement difficiles. Il a focalisé l’attention des victimes sur un ensemble de déclarations tonitruantes, spectaculaires, mais en réalité d’illusions et de fausses pistes , et pendant de temps il posait les jalons d’un véritable putsch antidémocratique, antinational.

Pour bien comprendre Draghi, il faut rapprocher ses propos des propos de l’autre représentant de l’Internationale noire des Banques, Mario Monti .Monti nous a dit que  les gouvernements ne devaient pas se sentir liés par les mandats, les volontés populaires. Cela signifie : pas plus par les sondages et les votes actuels que les votes passés. Bien évidemment cela englobe les traités.

La base de l’Union monétaire, c’est l’interdiction du financement monétaire des souverains, l’interdiction du détournement de la monnaie bien commun pour le  financement des gouvernements et de leurs promesses clientélistes. C’est une clause solennelle du traité. Sans cette clause les Allemands n’auraient jamais signé.

Le dispositif de Draghi consiste, comme les illusionnistes, à faire jaillir de sa manche publique bien visible tout un ensemble d’illusions et de poudre aux yeux, pour dans l’obscurité accomplir son forfait. C’est ce forfait qui constitue à la fois son fait accompli et sa trahison de l’esprit de l’union monétaire européenne.

L’utilisation de l’ELA, Emergency Liquidity Assistance (un programme de soutien exceptionnel à la liquidité bancaire) dans le cas grec récent est un détournement de l’esprit de l’ELA. Cette utilisation en fait un mécanisme de bail out des souverains qui détourne les traités. L’ELA devient un véritable bail out fund dès lors qu’il est utilisé dans ces conditions et dès lors que l’on y rajoute les récentes déclarations de Draghi. Car si l’ELA prévoit bien que les risques et coûts liés à son utilisation sont à la charge de la Banque Nationale et du souverain qui les utilisent et non à la charge de l’eurosystème, dès lors que cette Banque Nationale et son souverain sont insolvables, cette précaution, cette distinction ne veulent plus rien dire puisque personne ne peut payer !

Si par ailleurs, comme le dit Draghi dans son discours coup de force, la BCE s’engage à ce que toutes monnaies restent dans l’Union et utilise pour intervenir le prétexte de risque convertibilité, alors l’ELA devient un véritable bail out fund, sans limite, sans contrôle au nez et à la barbe des peuples, et au nez et à la barbe des Allemands !

C’est du travail d’illusionniste : on attire l’attention d’un coté et dans l’obscurité on monte un dispositif qui détourne l’esprit des traités, utilise les failles, les ignorances pour monter autre chose de plus scandaleux et spoliateur pour les peuples.

L’ELA revue et modifiée et complétée  par Draghi crée les conditions, les possibilités de débasement de la monnaie que jamais on n’aurait obtenu par les systèmes discutés au grand jour.  Le coup de force hypocrite de Draghi finalise en quelque sorte le scandaleux travail de Sarkozy et Merkel, lesquels avaient permis le "Sarkozy trade", c’est à dire l’achat de bons souverains par la BCE  via le tourniquet des banques.

Draghi a ajouté les trois éléments qui manquaient pour transformer l’ELA , en la détournant,  en un véritable bail out fund illimité.

Les éléments, je rappelle, sont :

  • Engagement que l’euro est irréversible et qu’aucune monnaie ne sortira

  • Mise en avant du risque de convertibilité.

  • Acceptation que l’ELA soit utilisé alors que les NCB et les Souverains sont insolvables.

Il est évident que dans ces prochaines semaines ce sera le tour de l’Espagne, il suffira d’élargir le dispositif, de s’appuyer sur le fait accompli pour réaliser ce qui est interdit. En attendant l’Italie de Monti.

Avec Draghi et ses complices l’ELA devient la petite lumière qui luit au bout du tunnel qui conduit à l’impasse, à la spoliation et au chaos. Au chaos car l’ELA est une véritable déclaration de guerre et une machine… à disloquer l’Europe à la désunifier.

On comprend la volonté d’entretenir l’opacité , d’éviter le contrôle des parlements et des corps intermédiaires; à la faveur d’une matière complexe, ces gens font ce qu’ils veulent sur le dos des peuples.

Publié préalablement sur le Blog a Lupus

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