Marine Le Pen est-elle un piège pour ses interlocuteurs médiatiques ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Marine Le Pen était l'invitée de l'émission "Des Paroles et des actes" jeudi soir.
Marine Le Pen était l'invitée de l'émission "Des Paroles et des actes" jeudi soir.
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Débrief

Invitée de l'émission "Des Paroles et des actes", Marine Le Pen a fait preuve de calme, de répartie, mais pas vraiment de compétences, incapable de sortir des sentiers battus pour répondre aux questions qu’on lui pose.

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle tient le blog gaulliste libre depuis 2007. Il est également porte-parole de Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan.

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Jeudi soir, Marine Le Pen était l’invitée de Des Paroles et Des Actes. Si elle a dominé certains débats, elle a été mise en grande difficulté dans d’autres, ce qui permet de comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas quand on débat avec la présidente du Front national.

Vers une normalisation du débat

Si le FN ne s’est pas vraiment normalisé dans l’esprit des Français (le pourcentage d’adhésion à ses idées, certes à un plus haut historique, n’est pas plus haut qu’en 1991), cette édition de Des Paroles et Des Actes a montré une normalisation heureuse des débats. En effet, lors de ses dernières participations, elle avait fait face à Cécile Duflot et Laurent Joffrin inutilement agressifs à son égard, et qui ne faisaient plaisir qu’à leur camp, tout en confortant les électeurs du FN dans leur choix.

Marine Le Pen s’est bien débrouillée face aux journalistes (à part François Lenglet), avec de la répartie et une vraie capacité à dérouler son discours, sur la mondialisation, l’Europe ou la montée de l’insécurité, sortant de l’obsession de l’immigration qu’elle avait eue face à Manuel Valls. Même face à Bruno Le Maire qui ne l’a pas ménagée, elle a su parfois répliquer avec habileté, soulignant par exemple que le « ni-ni » de son adversaire UMP faisait écho à sa position pour la présidentielle.

Boutih maladroit, Le Maire pugnace

Malek Boutih n’a pas pris la posture hystérique d’une certaine gauche, totalement contre-productive. Néanmoins, son discours était très maladroit et assez inaudible, ses arguments étant le plus souvent ni clairs, ni simples, ni crédibles. Dire que le FN fera pareil que les islamistes, à savoir respecter les principes démocratiques pour arriver au pouvoir et les remettre en question s’il y arrivait, est un procès d’intention totalement injustifié. Marine Le Pen a eu beau jeu d’attaquer le PS sur la question de la démocratie et elle s’est assez bien sortie de l’attaque sur le bal de Vienne.

Si Bruno Le Maire a démarré de manière courtoise, son intervention était musclée. Il a critiqué ses « vieilles propositions », disant qu’elle « est le passé », dénonçant les bidouillages que représenteraient des alliances avec la droite et la gauche aux municipales, la comparant à une Arlette Laguillier qui aurait remplacé le terme « travailleur » par « patriote ». Mais par-delà la vigueur de son propos, Marine Le Pen est apparue faible sur le plan des compétences, notamment quand il a souligné que dévaluer l’euro n’est pas la même chose que revenir au franc, ce à quoi elle a eu du mal à répondre.

L’échec et mat économique

En fait, comme souvent, si le discours habituel qu’elle tient sur l’économie fonctionne, en revanche, Marine Le Pen est toujours incapable de sortir des sentiers battus pour répondre aux questions qu’on lui pose. Quand Bruno Le Maire a évoqué, de manière caricaturale, la Corée du Nord ou Cuba comme horizon des politiques protectionnistes qu’elle propose, elle a été incapable de citer les nombreux exemples qui existent pour montrer que des pays qui commercent pratiquent aussi le protectionnisme : les pneus ou l’acier aux Etats-Unis, l’automobile en Asie, le Brésil, l’Argentine

Et face à François Lenglet, qui comparait France et Grande-Bretagne, en disant que ses solutions (monnaie nationale et monétisation) ne marchaient pas (croissance plus faible, inflation et déficits plus forts), elle a eu du mal à répondre. Pourtant, elle aurait pu expliquer le rôle différent de l’Etat, le poids de la finance, de l’explosion de la bulle immobilière, ou la très forte dette des ménages. Sur l’inflation, elle pouvait rappeler que Londres a monté la TVA. Sur l’automobile, le marché européen n’est pas responsable de tout : le marché a baissé de 22%, la production en France de 50%...

Bref, le meilleur moyen de mettre en difficulté Marine Le Pen n’est pas le questionnement moralisateur. C’est d’engager le débat de manière polie mais ferme sur le fond des dossiers (notamment économiques), où elle a du mal à répondre, si ce n’est en répétant un discours générique, d’où son manque de crédibilité.

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