Marie Stuart séduisait tous les hommes car elle avait tout pour plaire, mais son mari, lui, ne savait pas la satisfaire<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Histoire
Marie Stuart séduisait tous les hommes car elle avait tout pour plaire, mais son mari, lui, ne savait pas la satisfaire
©Reuters

Bonnes feuilles

Impératrices, reines, maîtresses, princesses, philosophes, écrivains célèbres, les polissonnes sont des femmes libres et audacieuses qui, en dépit du péril dans une société machiste, osent tout ! À travers le portrait de ces femmes passionnées, au tempérament de feu, Pierre Lunel revient sur les luttes de pouvoir et la brutalité de certaines époques. Il soulève avec humour les jupes de l'Histoire. Extrait de "Polissonnes" de Pierre Lunel éditions du Rocher 2/2

Pierre  Lunel

Pierre Lunel

Pierre Lunel agrégé de droit romain, est l'auteur de nombreux ouvrages. Il commence sa carrière d'auteur en 1989 avec un best-seller : "L'Abbé Pierre, l'insurgé de Dieu" (Stock), vendu à plus de 500 000 exemplaires. Il poursuit avec succès grâce à une série de livres autour de figures d'exception, comme "Sœur Emmanuelle" (Fixot) ou "Ingrid Betancourt" (L'Archipel). Il est aussi l'auteur des livres "Les amours d'Hollywood" et "Kennedy, secrets de femmes" (éditions du Rocher).

Voir la bio »

Marie a maintenant 15 ans. Sa fraîche beauté adolescente commence à resplendir. Son front s’est bombé délicieusement, l’ovale de son visage s’est fait charmant. Ses yeux en amande sont ceux de sa mère, la Guise. Ils parlent autant d’intelligence que d’amour. Parfois ce regard se voile et le mystère paraît, avant de se dissiper sous un rire délicieux. Les cheveux, d’un blond cendré dans l’enfance, ont viré au fauve. Grande, Marie se déplace comme une elfe. On lui devine des seins menus et d’un velouté ravissant, des fesses dures comme des pommes sur des jambes interminables. Jeunes et vieux sont séduits, à Blois, Chenonceaux, Amboise, Chambord, partout où elle passe… Et, cerise sur le gâteau, elle chante mieux qu’un troubadour.

Comme femme, elle est déjà à cent coudées au-dessus des autres. En revanche, comme parti… Henri II, ingrat comme tous les rois, en veut toujours davantage et se met à lorgner maintenant pour son fils l’infante d’Espagne. De son côté, Henri VIII d’Angleterre voudrait bien Marie pour son fils, le boutonneux Édouard. Il suffit que le concurrent anglais montre ses babines pour qu’Henri II se ravise et maintienne mordicus qu’il ne veut pas d’autre bru. Il est un autre problème qu’Henri II voudrait taire. Le dauphin François a les boulettes remontées et un minuscule dard en colimaçon. Allez avec pareil organe jouer le rôle d’un prince ! C’est peine perdue. Seulement voilà, la famille des Guise, qui parie son avenir avec la jeune Marie, ne veut pas le brader pour une ridicule histoire de bourdonnet atrophié. L’ennui, c’est que la reine Médicis, Catherine aux yeux de grenouille, ne veut pas de ce mariage. Pure jalousie de femme. Elle trouve la jeunette trop éblouissante et son caractère trop fort. Elle ne pourrait la mater. Et comme Diane de Poitiers, la grande concubine, de son côté, jalouse sa beauté, les atouts de Marie s’effilochent. La Médicis croit lui porter le coup de grâce en s’adressant ainsi à son mari le roi : « Sire, la santé de François n’y résisterait pas. Marie est trop ardente… Vous le tueriez ! » Henri II songe que ce ne serait pas si grave, après tout puisqu’il lui resterait encore trois fils ! Alors va pour les épousailles…

La resplendissante Marie ne trouve pas François bien appétissant. L’enfant vicelard s’est mué en adolescent taciturne et faux jeton. Son apparence n’inspire guère le désir : un visage poupin parsemé de furoncles qu’il gratte jusqu’au sang, des jambes grêles, un ventre gonflé, des épaules fuyantes, un teint de craie virant au jaune à chaque effort, comme chez tous les bilieux… Sans parler de ses médiocres attributs. Lui est évidemment béat devant Marie d’Écosse, mais comme il respire la bouche constamment ouverte, cela lui donne l’air idiot. Marie est grande, lui est petit, alors il se raidit en marchant et allonge le cou pour se grandir, ce qui le rend grotesque. En dépit de tout, Marie la pétulante l’aime bien…

En avril 1558, les tourtereaux sont fiancés et aussitôt mariés. Après avoir tergiversé, on brûle les étapes. Pour une raison simple, Marie vient de signer un document qui vaut son pesant d’or et qui démontre le sacré culot d’Henri II : si elle meurt sans enfant, la reine d’Écosse qu’elle deviendra à la mort de sa mère léguera à la France non seulement l’Écosse mais l’Angleterre qu’elle prétend tenir de son arrière-grand-père Henri VII Tudor. La reine Marie qui, fille du barbe bleue Henri VIII, règne à Londres a dû, l’apprenant, se trouver mal... En attendant, jamais Marie Stuart n’a été aussi belle que durant les noces. Elle ensorcelle. Les femmes la jalousent, les hommes la désirent et se voient à la place du royal gringalet. « Je suis la plus heureuse des femmes ! » écrit Marie dans son journal le soir même. L’aurait-elle dit le lendemain matin ? Elle se réveille pucelle. François n’a pas cueilli la fleur. Elle l’a couvert pourtant de baisers enflammés et de moult caresses… Rien n’y a fait : la royale lancette est restée inerte. Au réveil, elle a cru que le bas-ventre de son jeune époux frémissait. Elle s’est employée à transformer le murmure en véritable chant. Sans succès. La flûte est restée atone et pantelante comme un saule pleureur. Les nuits suivantes sont de la même eau. Les fiascos succèdent aux fiascos. Un jour enfin, tandis qu’épuisé par une chasse féroce au gibier d’eau, il se laisse éponger par Marie, un miracle soudain... Quelque chose en lui se dénoue, son poinçon darde vers le sommet tel un cobra prêt à mordre. Il est sur le point d’accomplir le service minimum. Las ! Le cobra est frappé par la foudre. Fiasco.

Extrait de Polissonnes de Pierre Lunel, publié aux éditions du Rocher, mai 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !