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Mais par quel curieux hasard Jean-Claude Mailly et Force Ouvrière ne manifesteront pas le 12 septembre prochain contre la loi travail ?
©RTL

Protodiacre

Au Vatican, le cardinal protodiacre est chargé de prononcer la fameuse phrase « Habemus papam », lorsque le conclave s’accorde sur un nom pour la tiare pontificale. C’est un peu ce rôle que Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, vient de jouer en annonçant que sa confédération ne défilerait pas contre les ordonnances avant le dévoilement de celles-ci. Ce ralliement précoce à la cause du gouvernement est un mauvais signal pour les chefs d’entreprise.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Il faut, bien entendu, attendre le texte officiel, gardé secret jusqu’à la dernière minute. Sauf que Jean-Claude Mailly a indiqué aux Échos que son bureau confédéral s’était opposé à la présence de FO à la manifestation du 12 septembre contre la réforme

Selon Mailly, le gouvernement a en effet joué le jeu de la concertation et a su lâcher, sur le pouvoir des branches professionnelles, les concessions nécessaires pour s’attirer les bonnes grâces de sa confédération. Cette remarque est en soi une indication majeure sur les risques encourus par les entreprises: loin des annonces initiales du gouvernement, un dosage plus favorable aux branches paraît avoir été lâché.

Mailly le protodiacre profite de l’impopularité de Macron

Il faut dire que les syndicats jouent sur du velours à l’occasion du dévoilement des ordonnances. L’impopularité grandissante d’Emmanuel Macron, alors même que son mandat débute à peine, place le gouvernement en position de faiblesse face aux corps intermédiaires susceptibles de le chahuter.

Macron a donc beau jeu de préserver les apparences du « maître des horloges », on sent poindre la panique à la tête de l’exécutif. Ce n’est en tout cas pas le moment de se mettre à dos la totalité des syndicats, quitte à prendre des mesures contre-productives sur le fond.

Le danger du renforcement des branches

En l’espèce, le renforcement du rôle des branches constitue un reniement en beauté des intentions mêmes qui avaient porté les ordonnances. Les branches, comme le rappelle Mailly, visent à raboter les éléments de compétitivité qui favorisent les entreprises les plus innovantes. Renforcer la branche, c’est récompenser les médiocres en engluant les meilleurs dans des règles complexes.

On comprend que les organisations syndicales adorent l’idée, surtout qu’elles tirent d’ordinaire des financements plus ou moins occultes des dispositifs paritaires dont les branches raffolent. En revanche, on comprend mal ce que le gouvernement va faire dans cette galère, en dehors, bien entendu, d’un apaisement des relations avec les syndicats.

Des calculs personnels de Mailly?

Les observateurs du monde syndical n’ignorent pas que le contexte personnel de Jean-Claude Mailly n’est pas sans influence sur les positions de FO. Le secrétaire général achèvera son mandat courant 2018. Selon ses propres aveux, il entend rester actif.

Certains lui prêtent l’intention de jouer un rôle à l’OIT. Pour lequel il a besoin du soutien du gouvernement.

Tout ceci ne fera pas les affaires des entreprises.

« Nous avons fait notre travail de syndicalistes pragmatiques qui est de discuter point par point, et nous nous positionnerons à la fin sur ce qui va, et ne va pas »

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