Bulle présidentielle
Macron: “il faut savoir faire toute sa place” à la pluralité de l’Islam
Le discours d'Emmanuel Macron devant les responsables musulmans de France mérite d'être lu attentivement. Relativement long, il appelle forcément à lutter contre le fanatisme. Ce passage obligé intéressera les exégètes, dans la mesure où il donne lieu à des formulations qui s'exposent à des interprétations multiples.
Éric Verhaeghe
Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.
Le discours d'Emmanuel Macron devant les responsables musulmans de France mérite d'être lu attentivement. Relativement long, il appelle forcément à lutter contre le fanatisme. Ce passage obligé intéressera les exégètes, dans la mesure où il donne lieu à des formulations qui s'exposent à des interprétations multiples. Par exemple, cette phrase
"Il vous appartient vous acteurs du culte de combattre pied à pied sur le terrain théologique et religieux, de démasquer chaque fois que nécessaire l’usurpation de vos valeurs, la captation de l’histoire de votre religion, la négation de 15 siècles de travail, d’interprétation réalisé par vos savants."
Personne n'est véritablement sûr que ce qu'on appelle le salafisme, base religieuse du jihadisme, soit contraire à "15 siècles de travail" exégétiques. Les mauvaises langues diront même qu'à de nombreux égards le salafisme est un retour à la tradition de l'Islam. Mais il est surtout surprenant d'entendre le Président de la République enjoindre à des responsables religieux de déjouer une vision politique de l'Islam qui menace la République.
"Je suis conscient que vous ne portez pas la voix unique de l’islam en France. Parce que votre religion, toute unique qu’elle soit, s’exprime dans une pluralité et une polyphonie à laquelle il faut savoir faire toute sa place. Mais vous êtes bel et bien une voix à l’importance toute particulière, celle des acteurs quotidiens du culte, dont l’engagement, souvent bénévole, permet à chaque fidèle de pouvoir librement vivre et exprimer sa foi."
On pensait que cette prérogative était d'abord celle de la République elle-même, et ne pouvait être déléguée à des tiers.
Surtout, Emmanuel Macron a posé l'étrange principe selon lequel il existait une pluralité dans l'Islam, dont le CFCM n'était qu'une composante. Le Président a insisté pour que la polyphonie de l'Islam (y compris le salafisme) ait toute sa place, de droit, dans l'expression publique.
Vraiment déroutant.
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