Quand nous désirons tout et son contraire<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Quand nous désirons 
tout et son contraire
©

EDITORIAL

Selon les circonstances, les intérêts, les prismes culturels, qu’il est difficile d’être constant dans ses convictions et d’éviter le court-termisme.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

Voir la bio »

Comme on dit, tout est relatif. Si on poursuit un peu, selon le référentiel que l’on se donne comme base de comparaison ou selon l’objectif que l’on se fixe, tout peut être argumenté à son bon vouloir. Lionel Jospin réclamait le droit d’inventaire mitterrandien, estimant qu’il devait s’en démarquer pour gagner, François Hollande non seulement le revendique, mais le singe à un point tellement transparent qu’il en devient caricatural, voire comique.

Nous nous félicitons du printemps arabe et de l’éclosion démocratique qu’il entraîne, et nous inquiétons du succès des mouvements islamistes dès les premières élections libres en Tunisie. Le parti Ennahda, net vainqueur, qui ne se revendique ni extrémiste ni religieux, qui sans doute pratiquera une certaine ouverture avec les modérés, est d’emblée suspecté.

Nous revendiquons, et c’est bien normal, les droits de l’homme et les vertus de la Justice impartiale et juste, sans nous émouvoir davantage de l’exécution des terroristes et dictateurs. Nous sommes émus, scandalisés, par ces ravisseurs qui réclament encore de négocier pour rendre la dépouille de leur otage aux familles, et organisons le camouflage en pleine mer ou au milieu du désert de ces corps de terroriste et dictateur.

D’un point de vue beaucoup mois grave mais révélateur quand même, les sondages sont le fidèle reflet de l’opinion lorsqu’ils confortent votre point de vue ou votre stature. Ils sont alors largement cités, et commandés, pour perdre toute leur valeur et être méthodologiquement critiquables, voire néfastes au libre arbitre, lorsqu’ils vous notent plus sévèrement.

Comme le rappelait lundi ce trader dans son e-mail aux indignés de Wall Street, personne ne critiquait la Bourse lorsque les cours montaient et naviguaient autour des 14.000 points. Et s’il est essentiel de maintenir aujourd’hui notre triple A, il ne sera pas déterminant demain de l’avoir perdu.

Nous accusons l’administration américaine de favoritisme envers Boeing et de marchés publics inéquitables, et exhortons Air France à acheter Airbus. Nous condamnons la sur-consommation, et à peine détenteur d’un iPhone 4 depuis 6 mois que nous nous ruons sur un iPhone 4S même pas 5. Nous nous inquiétons, fort justement, des délocalisations, et offrons des jouets made in China à nos enfants et serions ravis d’une balance commerciale excédentaire.

Même pour notre cher XV de France et leur superbe performance en finale (merci encore), il faut admettre que nous ne portons pas tout à fait le même regard sur un point de différence selon qu’il est du bon ou du mauvais côté du filet. Lorsque seule la victoire comptait en demi-finale (tout en reconnaissant la qualité de la prestation adverse), nous ressentons une grande injustice à l’issue de la finale et estimons (à juste titre, j’insiste !) avoir gagnés dans le jeu et dans le cœur. Les Gallois n’ont sans doute pas la même lecture.

Tout est relatif en effet. La liste de nos petites imperfections et autres arbitrages de conscience est longue, complétez-la à souhait. Nicolas Sarkozy le disait lui-même lors de ses vœux du 12 juillet 2010 face à David Pujadas, après ses propos sur les affaires en cours, « en tout cas c’est ma vérité ». Comme quoi, même la vérité est relative.

On peut douter bien sûr, s’interroger, se remettre en cause, évoluer, « changer », tout ceci est même souhaitable et salutaire, mais en ces temps de campagne et d’indispensable renouveau des idées, les convictions profondes ne peuvent pas être de circonstance, encore moins électoralistes.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !