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Chambres de bonnes : 
le grand ménage
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Nouvelles taxes sur les loyers

Finie la folie des prix des chambres de bonne ou des studios, à Paris et région parisienne. Le secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu, a sifflé la fin de la partie en annonçant qu'il voulait taxer les loyers trop élevés. Conséquence sans doute inatendue : les propriétaires des dits biens pourraient massivement les revendre, créant un afflux de petites surfaces sur le marché.

Louis-Serge Real del Sarte

Louis-Serge Real del Sarte

Louis-Serge Real del Sarte est consultant en réseaux sociaux d'entreprise dans l'agence Easynetwork qu'il a fondée.

Il est également responsable e-Réputation et Community management du groupe Ginger (Grontmij France) et responsable de la communication Web et du Community Management de l'European Business School (EBS).

Il est l'auteur de Les réseaux sociaux sur Internet (Alphée, 2010).

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500 euros par mois pour une chambre de bonne en région parisienne. Et encore, ce n'est pas cher ! On en trouve parfois à 800 ou 900 euros. Pour lutter contre ces extravagances, le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, vient d’annoncer une série de mesures pour taxer les propriétaires. Les logements les plus touchés concernent l’Ile-de-France, et en particulier les chambres de bonne de quartier d’une surface inférieure à 13 mètres carrés. La "surtaxe" mise en place viendrait compléter les charges déjà jugées excessives par des propriétaires qui acceptent encore de louer leurs logements. Car beaucoup rechignent à prendre des risques avec les impayés, et n'hésitent pas à faire du déficit foncier, qu'ils déduisent de leurs impôts... 

Le seuil de déclenchement de la taxe Apparu est fixé à 40 euros par mois et par mètre carré. Bien en dessous du prix du marché (parisien). Ce nouvel impôt rentrerait en vigueur... à la veille des élections présidentielles, le 1er janvier 2012. Stratégie éléctoraliste ? A risque ?

On l’a bien compris, cette mesure ne vise ni les villes de Montauban, Epinal ou Valence dont le prix de location revient en moyenne à 8 euros le mètre carré, mais bien les chambres de bonnes à Paris intra-muros louées à prix fort aux étudiants. Pas sûr que ces derniers (ou leurs parents), déjà bien en peine pour trouver un logement à louer, ne puissent acquérir au prix actuel de la pierre un bien pour étudier en toute quiétude, lorsque la plupart sont déjà réduits au sandwich à midi et ne se contentent que d’un seul repas quotidien. 

L’amendement à la loi Carrez que Apparu propose, en sus de cette taxation, favoriserait encore un peu plus le locataire puisque ce dernier pourrait réclamer un réajustement à la baisse de son loyer, lorsque l’écart entre la surface de son logement et celle indiquée sur son bail dépasse les 5 %. Finis les studios de 13 mètres carrés qui n'en font en définitive que 10...

Stratégie électorale à risque ?

Ces mesures auront le mérite d'obliger les propriétaires qui ont choisi ce moyen d’épargne, souvent depuis des lustres, avec de l’argent gagné et déjà imposé, à changer leur fusil d'épaule. Le renforcement des droits des locataires n’est pas nouveau et l’on pourrait louer l’action de justicier de notre secrétaire d’Etat sur cette nouvelle proposition, si l’on n’avait en tête l’état des finances du pays. Bien qu’il s’en défende, c’est bien une nouvelle recette qu'il s'apprête à créer, imposée aux propriétaires, ces "rentiers du capital", avec le risque, ou la chance, de voir ces biens revenir massivement sur le marché de la vente.

Ajouté au ras le bol de ces propriétaires obligés avant-hier de refaire les cages d’escalier, de s’occuper hier des remises aux normes des ascenseurs, de subir cette année les augmentations faramineuses des taxes foncières par Bertrand Delanoë, nombreux sont ceux à dire "la coupe est pleine".

La conséquence immédiate de cette mesure, un probable afflux de petites surfaces dans les agences immobilières,  alimentera la liquidité du marché au moment le plus propice à son retournement. Les prix vont-ils enfin baisser ? On peut l'espérer. Les gestionnaires de patrimoine peuvent dès lors se frotter les mains devant ce probable retour de liquidités sur les comptes bancaires des propriétaires excédés. Quels produits vont-ils leur proposer, où ira l'argent ? 

Mais peut-être est-ce là le chemin de la raison, pour tenter d’enrayer un cycle immobilier à son zénith.

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