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Esclavage : Lettre ouverte 
à Mme le ministre de la Justice
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Bonne mémoire

La guyanaise Christine Taubira est devenue à la surprise générale Garde des Sceaux du gouvernement Ayrault. L'occasion pour l'écrivain et journaliste Manuel Gomez de lui rappeler les failles de sa loi de 2001 sur l'esclavagisme.

Manuel Gomez

Manuel Gomez

Manuel Gomez est journaliste à la retraite et écrivain.

Son choix s'est tourné vers Marine Le Pen au premier tour. Il votera pour Nicolas Sarkozy au second.

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Christiane Taubira est très certainement une femme intelligente ; cependant, son manque de lucidité concernant certains apports bénéfiques de la colonisation et sa mémoire très sélective (car si son territoire n’avait pas été colonisé par la France, et si elle n’avait pas reçu les bienfaits de la civilisation française, elle n’occuperait certainement pas le poste ministériel qui est le sien aujourd’hui)

D’une part parce qu’elle confond colonisation et esclavagisme et d’autre part parce qu’elle occulte totalement, de par sa loi dite « loi Taubira » du 21 mai 2001, une très grande partie de l’esclavage qui s’est poursuivi dans les territoires du Maghreb et sub-sahariens bien au-delà de l’abolition de l’esclavage organisé uniquement  par les « blancs ».

L’article premier de la « loi Taubira » stipule :

« La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité. »

Critique interdite

Cet article premier de la « loi Taubira » est profondément sélectif, puisqu’il occulte totalement la traite négrière entre Africains eux-mêmes, la traite des Noirs par les Arabes qui fut plus importante que celle par les Blancs d’Europe ou d’Amérique mais également la traite des « blancs » par les Arabes jusqu’au 19è siècle, et même au-delà.

Il ne nous est donc pas permis de critiquer cette loi qui se veut « antiraciste » mais qui procède à une discrimination raciale entre les esclavagistes, car cela nous est interdit de le faire par l’article 5 qui modifie la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, en donnant à « toute association régulièrement déclarée depuis au moins cinq ans à la date des faits, se proposant, par ses statuts, de défendre la mémoire des esclaves et l’honneur de leurs descendants, de combattre le racisme ou d’assister les victimes de discrimination fondée sur leur origine nationale, ethnique, raciale ou religieuse » des droits reconnus à la partie civile sur les infractions racistes, établies par la loi de 1881.

Toute contestation ou critique de cette « loi Taubira » est donc interdite (comme le Coran par exemple). On accuse systématiquement comme infractions « racistes » toute contestation ou critique de la « loi Taubira » ! C’est donc une loi parfaitement dictatoriale puisqu’elle interdit qu’on la critique.

Cette « loi Taubira » est donc particulièrement dangereuse par la ségrégation qu’elle opère entre les auteurs d’esclavagisme et par la limitation qu’elle apporte à la liberté d’expression et à la recherche historique.

Il ne s'agit pas de faire l'apologie de l'esclavage mais uniquement une analyse confirmée par son évolution dans notre société moderne. L’esclavagisme c’est la transplantation forcée d’un être humain contre sa volonté.

Il est nécessaire de rappeler à Christiane Taubira que s'il n'y avait pas eu d'esclaves noirs en Amérique du Nord Barak Obama n'aurait jamais été élu Président des États-Unis grâce à leur vote. C'est une constatation.

« Les traites négrières ne sont pas des génocides »

Jusqu'à la moitié du 19è siècle des négriers (noirs et blancs) ont razzié les villes et villages de l'intérieur puis acheminé et transporté vers l'Amérique des dizaines de milliers d'esclaves en provenance d'Afrique noire, et cela dans des conditions quelquefois abominables. Nombreux furent ceux qui furent maltraités, fouettés, tués même, mais bien plus nombreux ont été ceux qui ont connu une existence plus confortable (nourriture, logement, sanitaire, etc.) dans les exploitations cotonnières du Sud que celle qui aurait été la leur s'ils étaient restés dans l'Afrique précoloniale.

J'en veux pour preuve que la population noire actuelle aux États-Unis est toute issue de l'esclavage. La raison est évidente : l'esclave coûtait cher et il était de l'intérêt non pas humanitaire mais financier de le conserver en bonne santé physique afin qu'il soit plus productif et donc plus rentable.

Je cite l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau, spécialiste des traites négrières, qui écrivait en 2005 : « Les traites négrières ne sont pas des génocides ». La traite n’avait pas pour but d’exterminer un peuple. L’esclave était un bien qui avait une valeur marchande qu’on voulait faire travailler le plus possible.

Il est donc incontestable qu’on ne peut pas accuser de génocide la traite des « noirs » vers les Amériques, contrairement à la traite des « blancs » dans les pays du Maghreb vers les « pays islamiques », car là il s’agit bien d’un génocide, puisqu’il ne reste pas un seul descendant de ces esclaves – plus d’un million – susceptible de réclamer une repentance quelconque.

Esclavagisme destructeur ou constructeur

Tout comme il a existé une colonisation constructive et une colonisation destructrice il a existé un esclavagisme destructeur et un esclavagisme constructeur dont on perçoit le résultat démographique depuis la fin du 19è siècle.

Esclavagisme destructeur : celui subit par des dizaines de milliers d'Européens dans le Maghreb entre le 16ème et le début du 19ème siècle, enlevés, enchaînés, torturés, vendus ou échangés comme du bétail dans tout l'empire islamique et voués à une destruction certaine dont bien entendu il n'existe plus aucune trace de nos jours.

D'ailleurs cet esclavagisme s'est poursuivi en 1962, sous le regard indifférent des autorités françaises par l'enlèvement de quelques milliers d'européens en Oranie dont on n'a plus la moindre nouvelle. L'on ne peut qu'espérer qu'ils aient tous disparu aujourd'hui afin d'échapper aux effroyables tortures qui leurs étaient promises et qu'ils ont du subir.

En revanche, l’article 2 de la « loi Taubira » impose que les faits concernant l’esclavagisme soient inscrits dans les futurs programmes scolaires ; cela, bien entendu, est inacceptable. Comment peut-on envisager d’enseigner comme étant des faits historiques incontestés des éléments d’une histoire qui dissimule des vérités incontestables ?

Aucun rescapé

Alors je pose la question à Christiane Taubira :

Qui devrait réclamer la repentance au nom de l'esclavagisme et la reconnaissance des esclavages comme « crime contre l’humanité » ?

Les Africains qui aujourd'hui sont la composante d'une très importante partie de la population des États-Unis et ont permis l'élection d'un président noir ?

Ou les blancs dont il ne reste aucun rescapé susceptible de réclamer justice et repentance ?

Il s’agit là de l’article 3 de la « loi Taubira »  qui réclame « une requête en reconnaissance de la traite négrière transatlantique ainsi que de la traite dans l’océan Indien et de l’esclavage comme crime contre l’humanité » auprès de différentes instances internationales. Et qui, là encore, passe sous silence l’esclavagisme organisé par les Noirs et les Arabes, qui sont donc totalement absous de leurs péchés d’esclavagistes.

Poussant encore plus loin sa méconnaissance des lois internationales, Christiane Taubira tente d’expliquer que si « sa » loi ne concerne que l’esclavagisme français c’est par volonté de notre gouvernement qui refuse d’impliquer d’autres nations comme partenaires de ce « crime contre l’humanité ». Cela est totalement inexact. Prenons comme exemple les lois concernant les négations de la « Shoah » ou la loi mémorielle reconnaissant le génocide arménien : elles ne concernent pas uniquement des responsables français – fort heureusement car elles seraient bien trop restrictives, convenons-en.

Il est bien évident que l’on ne peut comparer les « génocides » des arméniens et des juifs, dont le but unique était leur extermination, à celui de l’esclavagisme des « noirs » vers les Amériques, dont l’objectif était tout le contraire, non pas l’extermination mais la multiplication. Il est facile d’en constater le résultat de nos jours dans tous les territoires qui ont « bénéficié » de cet apport.

Je ne vous ferai pas l’injure, Madame la ministre, de mettre en doute votre objectivité sur l’esclavagisme alors votre rôle est, soit de compléter « votre » loi afin qu’elle cerne de plus près la réalité, soit de permettre que l’on puisse la critiquer en toute liberté, sans encourir les foudres de « votre » justice.

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