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Les vœux décapants de Sophie de Menthon
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Et surtout la santé hein

Bien sûr il y a la santé, la paix dans le monde, l'amour, l'argent... Et si les vœux que nous présentons pour l'année 2013 étaient éminemment égoïstes et visaient à supprimer la source de nos exaspérations journalières ?

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Bien sûr il y a la santé, la paix dans le monde, la croissance pour tous etc. Toutefois mes vœux pour l’année à venir sont éminemment égoïstes car ils visent à supprimer la source de mes exaspérations journalières... J'ai en plus la faiblesse de penser que s'ils se réalisaient nous y gagnerions tous en "lien social" (bien que la formule fasse partie pour moi des scories urticantes).

Le CSA devrait m'aider à faire exaucer le premier : tous ceux qui manient la faute de français avec plus de talent que la retransmission de l'information dans les médias audiovisuels seront privés d'antenne, et leurs retenues (faute de "colles") pourraient s'exercer sur leurs salaires.

- Les accords de participes passés seraient gérés par les syndicats avec toute la véhémence des remontrances dont ils sont capables (pour mémoire : avec l'auxiliaire avoir, le participe passé s'accorde avec le complément d'objet direct si celui-ci est placé avant le verbe). Actuellement, aucun journaliste d'évidence n'a poussé ses études grammaticales jusque là ;

- Les portables seraient considérés comme les colts du Far West et obligatoirement déposés à l 'entrée des saloons de toutes sortes (salles à manger inclues) ;

- A propos de manger ! La France cesserait de se considérer comme une vaste mangeoire et on verrait le retour des repas : on déjeunerait avec ses collègues, on prendrait son petit déjeuner, on dînerait avec ses amis... en d'autres termes on cesserait de "manger avec" lorsqu'on partage un repas avec quelqu'un, même les restaurateurs ne nous accueilleraient plus d'un revêche "c'est pour manger ?" ;

- Plus jamais on ne me dirait "normalement" c'est fait... J'ai pu observer scientifiquement  que le "normalement" était la façon de se disculper de votre interlocuteur qui sait que rien ne s'est vraiment déroulé comme il  le fallait . En revanche soyez rassuré si on vous dit "ça marche", c'est en tous les cas que vous avez été compris (normalement) ;

- Le silence serait d'or ! C'est à dire que l'on arrêterait la musique partout ou elle nous exaspère, quand je dis musique je parle des décibels insupportables qui sont supposés nous rendre le supermarché féerique, le restau super sympa, le bar branché et la piste de ski (si,si !) aussi disco que celle de la boite de nuit... Quand je demande de baisser la musique (même sur la plage) je fais office d'hystérique débranchée, en effet cela ne doit pas déranger grand monde puisqu'ils ont des écouteurs sur les oreilles pour écouter autre chose ! La réponse est généralement négative car ce n'est quand même pas le client qui va imposer ses goûts ;

- Le concept de "service" serait définitivement décorellé d'une domesticité exploitée, vestige d'une oppression bourgeoise... Par la même occasion la vendeuse serait heureuse de vendre et le cas échéant interromprait sa conversation téléphonique lorsque je rentre dans le magasin. Son plus grand bonheur ne serait pas de me dire avec un mépris revendiqué : ça, on fait pas "du tout" (important le "du tout") ;

- On cesserait parfois d'être "trop cool," par exemple de porter un t-shirt pendouillant avec des baskets en toutes circonstances... On ne me tutoierait pas à la première occasion, on ne m' embrasserait pas à la première rencontre lorsqu'on ne me connaît pas (même si je suis de toute évidence très sympathique) ;

- Il y aurait un effort collectif pour tenter de ne pas se coucher, complètement, sur son assiette au point que je me demande parfois si mon convive n'a pas un malaise (surtout valable pour les ados qui doivent tous avoir une déformation de la colonne vertébrale que la sécurité sociale va finir par prendre en charge, à moins que l'on ne crée des cellules d'assistance psychologique pour les parents) ;

- Le foot cesserait d'être une cause d'intérêt général  et le seul sujet fédérateur de la République ;

- La météo ne constituerait plus la trame structurante des journaux télévisés : avant, pendant et après ;

- Les hommes politiques feraient un effort pour ne plus parler de "ce pays" mais bien de "notre"pays, la France (qu'ils prétendent gouverner) ;

- Revendre ses cadeaux de Noël ne serait pas considéré comme la légitime vengeance des nécessiteux sur les nantis qui dépensent bêtement le pognon que les impôts n'ont pas réussi à leur piquer alors qu'il y a des sans abris et que de toutes façons "c'est pas c'que je voulais" ;

Et puis pour finir je rêve que l'on arrête de me souhaiter quelque chose  toute la journée toute l'année : bonne journée, bon appétit, bonne fin d'appétit (sic au dessert), bon tennis, bonne réunion, bon courage (pour traverser la rue ou aller au bureau), bonne dégustation, bonne continuation de repas (on y pense pas !), bon retour chez vous... Pitié pour les vœux de Nouvel an, je garde une terrible rancune à ceux qui m'envoient des mailings de SMS balayant tout leur carnet d'adresse, sans parler des mails d'amnésiques comme moi qui remercient des vœux dont on les a remerciés. Puis-je encore vous souhaiter une bonne année ?

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