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Les primaires ? Une fausse bonne idée
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Effets pervers

Généraliser les primaires présente le risque d’appauvrir la classe politique, car celui qui est le plus "aimé" des militants n’est pas automatiquement le plus à même d’exercer la responsabilité liée au mandat visé.

Xavier  Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

Aujourd’hui, il est associé du cabinet de stratégie ESL & Network.

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Nier le rôle qui devrait être celui des partis politiques, de ce que devrait être une vraie commission nationale d’investiture en leur sein est à la fois démagogique et pervers.

Démagogique car nombreux sont les anciens ministres, actuels ou anciens parlementaires de l’opposition qui, si on leur avait imposé un vote des militants au début de leur parcours, n’auraient sans doute jamais été investis. Ayant siégé une quinzaine d’années durant dans les commissions d’investitures, J’en connais de nombreux qui ont été « installés » par leur formation politique et ont ancré leur action et leur réélection par leurs talents que les dirigeants partisans d’alors avaient su reconnaitre avant les militants…à Paris comme ailleurs.

Démagogique de sacraliser les primaires dans les statuts des partis quand on se retrouve à manquer de candidats pour avoir négligé le vrai travail d’un « service élection » digne de ce nom pendant des années, lui substituant une agence de promotion pour clientèle  présidentielle.

Démagogique car la démocratie est antinomique de l’appareil politique et que la représentativité des militants n’ai pas suffisante en nombre et en reflet  du territoire.

Pervers car généraliser les investitures par des primaires présente le risque d’appauvrir la classe politique ; tant celui qui est le plus « aimé » des militants n’est pas automatiquement le plus à même d’exercer la responsabilité liée au mandat visé ; tant le fait que les parlementaires soient en général à la tête des fédérations verrouillées par un secrétaire départemental nommé par Paris, empêche l’apparition de nouveaux talents, de nouvelles ambitions, de renouvellement.

Pervers car les primaires ne sont en fait utiles que lorsqu’aucun bon candidat ne s’impose.

Pervers car ouvrant la porte aux manœuvres et à une si faible mobilisation.

Courir après les militants comme être suiviste de  l’opinion est la négation même du politique et de l’organisation partisane, il faut au contraire conduire, trancher avec l’autorité que confère une élection démocratique de ses instances… et aujourd’hui nous en sommes loin !

La primaire présidentielle ne génère à ce jour qu’un concours d’ambitions personnelles, aucune procédure statutaire ne pourra aller à l’encontre de ce principe essentiel qu’est la rencontre à un juste moment, d’un ou d’une candidat(e) avec les français relève de l’aveuglement d’une génération de politiques individualistes, incapables de se rassembler pour offrir une vision partagée aux citoyens.

L’urgence est au Fond, à la réflexion, à la compréhension du passé et au décryptage de l’avenir, pas à l’instrumentalisation de fausses bonnes idées qui dissimulent mal les vides de ceux qui les épousent.

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