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Les politiques ne font plus recette chez les Français et cela se vérifie chez les entrepreneurs
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Le Premier ministre s'est rendu au salon des entrepreneurs. Verdict : un flop ! Chrono en main, au bout de 5 minutes, les premiers signes d’un désintérêt total, se concrétisent par une salle qui se vide. En 10 minutes elle était à 50%... déserte !

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Le flop ! Cette année, dans un salon des entrepreneurs plus fréquenté que jamais, garni de conférences plus passionnantes les unes que les autres, de très haute volée pour certaines, lors desquelles chaque siège était pris d’assaut, un fait m’a particulièrement marqué.

Sur cette place de la porte Maillot qui donnait lieu, quelques jours plus tôt, au spectacle désolant de la France qui livre les mauvais combats, pour de mauvaises raisons, où les taxis occupèrent pendant 3 jours une artère d’accès à Paris au détriment de ceux qui se lèvent tôt pour travailler chaque jour, eux aussi. Sur cette place où l’on vit passer 38 bus armés par la CGT Nord, ramenant à Paris des manifestants qu’une journée de grève ne semble pas gêner malgré leur dite paupérisation, le tout payé indirectement par nos impôts, la formation professionnelle et la santé détournée par moult systèmes quasi mafieux, afin de soutenir des grévistes qui font de la violence physique chez Goodyear et Air France, la base de leur action.

Sur cette place, enfin, occupée grâce au salon des entrepreneurs, par des hommes et femmes qui au lieu de regretter le passé, construisent l’avenir, tendent les bras vers le futur plutôt que la main pour préserver leurs rentes, crachent sur le pessimisme plutôt que sur leurs concitoyens et cherchent de nouvelles voies de réussite plutôt que de s'arc-bouter sur les voies de garage. Sur cette place, s’est passé un événement unique : la fin de la classe politique, le désaveu de ceux qui n’ont plus rien à offrir par ceux qui ont tout à donner. Le désaveu des politiques par les entrepreneurs !

Acte 1, la venue du premier Ministre. Depuis des années le salon fait venir les personnalités politiques de premier plan. Ainsi au moins, pendant quelques minutes, ils voient des PME, cela leur permet d’avoir une vague idée de ce à quoi cela peut ressembler. Sachant qu’ils viennent plus pour parler, que pour échanger. Mais c’est utile, au moins pour leur culture générale. On peut ainsi parier, qu’à défaut de ne savoir jamais comment marchent ces machines à créer de l’emploi et de l’espoir, on puisse au moins les sensibiliser sur leur utilité. Avec assez peu de résultats à ce jour, il faut l’avouer ! Habituellement, rencontrer un premier ministre, un ministre, parfois même un secrétaire d’Etat, excite un peu une foule « people » dans l’âme, prompte, dans cette génération « selfies » à chercher « the » photo, plus pour le plaisir de l’exploit de la réussir et la partager, que l’intérêt pour la personne ainsi capturée sur le smartphone.

Le PM fait son petit tour et accède à l’amphi. 4000 personnes. Une belle scène pour un politique, une chambre d’écho potentielle pour un discours et un contenu de qualité. La foule se presse dans un premier temps. Moins qu’à l’habitude, mais de façon raisonnable. Le discours démarre. Scène parfaite, note sous le nez, rédigées dans la voiture avant d’arriver, avec quelques mots clés « stabylobossés ». Les mots qu’il faut dire. Et le PM démarre. Chrono en main, au bout de 5 minutes, les premiers signes d’un désintérêt total, se concrétisent par une salle qui se vide. En 10 minutes elle était à 50%... déserte ! Pour avoir moi même fait un speech quelques heures plus tard au même endroit, même avec les projecteurs dans les yeux, on s’en aperçoit très bien depuis la scène. Il a donc dû s’en apercevoir. La différence, c’est que dans « ma » salle, pas une personne n’a quitté la table ronde que j’ai eu le plaisir d’introduire, et qui durait pourtant près d’une heure. Pas une.

Acte 2. Fillon. Bertrand. Et d’autres. Ils arrivent, circulent, entourés de gardes du corps, qui ont compris qu’un entrepreneur était dangereux et potentiellement porteur de contamination, et qu’il fallait faire place devant eux. Et ils ont réussi. Car les entrepreneurs sont allés au delà de leurs attentes, et leur ont laissé toute la place, en ignorant leur existence. Ainsi, personne pour les presser ou tenter de communiquer avec eux, ils sont restés…seuls. Dans un désintérêt général. Heureusement, un plateau radio les attendait. Pour leur donner une impression d’exister.

Les politiques n’intéressent plus les entrepreneurs. La nature a horreur du vide et les entrepreneurs aussi. Le politique est vide. Semblable à ces tuyaux creux dans lesquels on crie et qui vous rapporte votre propre écho, vos idées en somme, qu’ils ânonnent vaguement à quelques reprises, pour les perdre dans le silence ensuite. Sans intérêt.

Même Emmanuel Macron cède parfois à la tentation du trop, du toujours plus. Il parle des discriminations à l’embauche des jeunes des banlieues. Il a raison. Mais la société toute entière est discriminée. Les femmes, dans leur ascension professionnelle et leurs salaires. Les jeunes, de banlieue ou non, car on leur reproche d’être jeune en leur reprochant leur manque d’expérience (à travers cela c’est l’éducation nationale qu’on accuse néanmoins). Les seniors, qui après 50 ans, et pire, après 55 ans n’ont aucune chance de retrouver un emploi. Les handicapés. La liste est longue. Il y a de place pour les hommes blancs de plus de 28 ans et jusqu'à 45 ans. Diplômés. Les scènes des colloques et les plateaux TV, croulent sous le poids d’hommes blancs de plus de 60 ans qui semblent tout savoir d’un monde, qui leur échappe pourtant. C’est ainsi que le FN, qui donne sa chance, au plus haut niveau, aux moins de 30 ans, fonctionne alors comme un piège à mouches. Nous avons bâtit une société élitiste  dont les critères de sélection, loin d’assurer à la société une « dreamteam » de super héros, la tirant vers le haut, a déclassé tout le reste de la population, qui dès lors, ne trouve plus grâce dans les yeux de la société, au plus profond d’elle même.

Nous avons compris, nous, PME, que cette classe, élevée aux hormones des grands groupes et de l’Etat, ne nous entendra jamais, simplement car cela suppose la rencontre, l’écoute, mais surtout la compréhension. Et je ne parlerai même pas des jeunes, pour qui ces animaux sont à leur vie ce que le « mortar » est au digital. Le passé. Un autre monde. A tort parfois d’ailleurs, puisque le digital et le physique, retrouve le chemin de l’église pour des mariages de plus en plus fréquents. Mais avec le politique, le divorce est consommé. C’est d’ailleurs la seule chose que l’on souhaite consommer avec eux. Le plat servi dans les restaurants de l’Etat, depuis plus de 30 ans, est insipide, sans talent, ni vision.

Les entrepreneurs, et tous les autres français, ont cela en commun. Et ils se tournent vers la contestation, pire, l’indifférence. La contestation est bleu marine, et l’on trouve, chez les entrepreneurs aussi, de plus en plus d’entrepreneurs. Quel dommage. Aller chercher la proie pour l’ombre n’apportera rien au pays. Remplacer un aveugle par un autre, n’améliorera pas notre vision du monde. L’indifférence, l’abstention, est devenu le laminoir de la démocratie en même temps que le témoin du dépit d’une nation. Heureusement, des français se lèvent, s’organisent et souhaitent prendre leur destin en main. Avec beaucoup de naïveté et d’illusion, mais il en faut. C’est le carburant du changement et de l’ambition. Ils fourmillent, se multiplient.

Mais incapables de se fédérer, ils ne seront que des témoins sympathiques d’une volonté et d’un courage, certes, mais sans capacité d’agir et d’influer, et encore moins changer notre pays. Car leur division causera leur perte et assurera leur anonymat. Leur voix fluette, ignorée par des médias ne sachant lequel d’entre eux choisir faute de facteur de différenciation, se perdra dans le désert médiatique et les français, les verront à peine passer, sans les entendre. Dommage.

Les mois qui arrivent nous diront si la petite chanson de l’union est entendue par ces multiples candidats, qui disent la même chose, propose les mêmes mesures, font le même constat, mais…. pas ensemble. Ensemble. Un mot qui devrait sous-tendre tout programme politique, mais qui semble faire fuir ceux qui prétendent faire de la politique autrement. J’espère qu’ils comprendront vite que changer les hommes ne sert à rien sans changer la méthode.

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