Les PME, les assureurs vont ils nous laisser mourir? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Les PME, les assureurs vont ils nous laisser mourir?
©

Les entrepreneurs parlent aux Français

Les usines à l’arrêt ? Les restaurants sans clients ? Les foires et salons annulés ou reportés ? Pour tous ces événements, le secteur de l’assurance ne sera que très peu mis à contribution.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

Voir la bio »

J'ai une certitude. Dans un premier temps le coronavirus rend sourd et aveugle. Mais ensuite, après une période d'incubation, il mute, libère les sens et permet à l'homme politique de voir et d'entendre à nouveau la réalité. Il reprend de la hauteur, le virus en se dissolvant semble libérer de l'hélium, propre à regonfler toute baudruche disponible...

J'en veux pour preuve la déclaration de Thierry Breton, qui avait appelé, 15 jours après mon premier article "coup de gueule" sur l'aveuglement face à la mort économique (certainement la distance entre Paris et Bruxelles, avec un modem bas débit), à soutenir les PME. Mais c'est moins surprenant de la part d'un homme qui a le mérite de connaître les 2 côtés du mur de Berlin de l'entrepreneuriat, le seul qui résiste encore à la guerre froide entre ceux qui pensent que les entrepreneurs sont des riches qui ne méritent pas notre attention et ceux qui connaissent la réalité du terrain et le désespoir de la plupart d'entre eux. Thierry Breton a été clair, direct. Nous avions raison de placer une forte confiance et enthousiasme dans sa nomination.

Puis "Oh Miracle!", Bruno Lemaire, bien conseillé, et surfant sur la vague Bretonne (!) de celui qui l'a précédé, il y a quelques années, à ce poste, murmura un peu moins distinctement que les PME mériteraient plus d'attention. Mais encore faiblement. Là encore, nous pouvons constater que le virus porte le sujet contaminé, à l'utilisation d'un langage prudent, dit "du bout des lèvres".

Et enfin, un moment savoureux, car plein d'énergie, liée à la forme conservée par un Président confiné, Emmanuel Macron, qui clame avec vigueur, comme je l'ai fait à nouveau il y a 15 jours déjà, que nous ne pouvons sacrifier notre vie économique et la vie des salariés ET des entrepreneurs à un virus, qui certes se répand, et a tué 5800 personnes, sur une population mondiale qui fleurte avec les 7 milliards. Il indique ainsi assez clairement, que le monde ne peut pas s'arrêter pour autant, et c'est rassurant de pouvoir entendre un langage d'un tel équilibre. Pas de stade 3 dans un premier temps, pas de panique absolue, nous avons un pays dont les structures médicales fonctionnent, et mes amis proches atteints du virus, indiquent souffrir un peu, comme pour une grippe, voire pas du tout, avec une consommation de doliprane qui dopera certainement le cours de bourse de son producteur, au détriment d'une consommation de Bordeaux ou Bourgogne, qui n'est pas considérée comme un "tue virus" avérée! Et puis, le confinement, le « couvre-feu », la fin du commerce et des réunions. N’aurions-nous pas atteint un niveau suffisant pour déclencher l’artillerie « nucléaire » pour sauver le soldat entreprise ?

Il était temps, les dégâts sont dores et déjà énormes, mais ils sont encore "mesurés" par rapport à ce qui arrive. L'interdiction décidée par les USA, va porter un coup fatal à la France, pays "touriste-dépendant", qui n'avait pas besoin de cela. Plus de 8 pays ont interdit leur sol aux Français, Italiens, notamment, mais avec les USA, l'impact est bien plus lourd. 

La fermeture des lieux publics, des manifestations, va être lourde de conséquence. Pour la France à travers ses ressortissants, investisseurs à l'étranger. 2 marques très connues présentes aux USA, accusent déjà plus de 40% de baisse d'activité à Miami et à New York. Et ce n'est que le début. Ce seront moins de dividendes versés en fin d'année, voire aucun, aux actionnaires français, et moins d'emplois pour les français à l'étranger.

Mais le plus grand scandale a mon sens, est la discrétion honteuse et peureuse des assureurs, qui déjà, avaient décidé, de ne plus couvrir ce genre de risque depuis le H1N1. J'avais compris que l'assurance était un métier destiné à couvrir les assurés des accidents de la vie, mais finalement, il sert à protéger les compagnies d'assurance de perte aux accidents de leur  propre vie. Ils assurent ce qui risque, quand cela ne coûte rien ou peu. Aux USA, par exemple, plus un assureur pour assurer la Nouvelle Orléans ou un état à risque, contre ces évènements majeurs. Du coup, les profits des assureurs se portent bien mieux depuis qu'ils ne prennent plus de risque et laissent leurs clients mourir dans une indifférence totale. Tous ceux qui annulent leur festivals, concerts et autres manifestations ont la douloureuse surprise de réaliser qu'ils ne sont pa couverts. Ce sont des milliers de personnes qui sont actuellement au chômage technique, ne serait-il pas temps que chacun y place une partie de ses économies ?

En France, ils se réfugient derrière la position gouvernementale qui « juridiquement » les empêcherait de mettre la clause en œuvre. Néanmoins personne ne semble, au niveau gouvernemental, ressentir l’implorante demande des assureurs de leur « permettre » de faire leur métier, de faire preuve simplement, de solidarité. Encore un vain mot ?

Dès lors, si nos amis Breton, Lemaire et le Président voulaient nous prouver qu'ils sont bien guéris du virus, ils seraient bien avisés de demander aux assureurs de prendre le risque de sauver ce pays qui les nourrit, en acceptant de souscrire des assurances souvent assez inutiles, mais que la loi a imposé à leur profit, pour en rendre un peu, en cas de coup dur. Tous les assureurs qui se sont forgé une respectabilité sur leur volonté militante ou ou leur esprit responsable, seraient bien avisés de donner un véritable contenu à ces prétentions et ne pas les contenir à des mesures qui de toutes façons, la plupart du temps, les arrangent au premier chef.

"Assurons nous d'un avenir", devrait être leur slogan, les clients auront cette fois je pense, la mémoire tenace.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !