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Les pires atrocités d'Islam Karimov, le dictateur de l'Ouzbékistan qui vient d'avoir une attaque
©Sergei Karpukhin / Reuters

Bien sous tous rapports

Le dictateur de cette ancienne république soviétique ne fait pas dans la demie-mesure.

L'Ouzbékistan est une ancienne république soviétique d'Asie centrale dont on entend peu parler, malgré sa population relativement importante pour la région, sa position stratégique, et ses ressources minières. Le pays est dirigé d'une main de fer par Islam Karimov, un de ces dictateurs qu'on aime bien : ancien premier secrétaire du Parti communiste d'Ouzbékistan, il est élu en 1991 président de l'Ouzbékistan nouvellement indépendant avec un piètre 86% des suffrages. Il est réélu sans arrêt avec des suffrages allant jusqu'à 99,6%.

L'état des libertés publiques en Ouzbékistan est ce qu'on peut attendre : l'ambassadeur britannique dans le pays, Craig Murray, a été congédié en 2004 après avoir dénoncé les outrages du pays de manière peu diplomatique.

"L'Ouzbékistan n'est pas une démocratie, et ne montre pas de signes d'évolution dans la direction de la démocratie. Les principaux partis politiques sont interdis. Le Parlement n'est pas élu démocratiquement. Il n'y a pas de contre-pouvoirs. […] Il y a pire : nous croyons qu'il y a entre sept et 10 000 personnes en détention que nous considérerions comme des prisonniers politiques et/ou religieux. Dans de nombreux cas, ils ont été faussement condamnés de crimes avec lesquels il n'apparaît y avoir aucune preuve crédible d'un lien.", avait-il déclaré à une conférence sur les droits de l'homme à Tashkent.

La "maison de la torture"

Les principales atrocités du régime semblent avoir lieu dans un endroit, la prison de Jaslyk, qu'on appelle soit "la maison de la torture" ou "l'endroit du non-retour", rapporte Radio Free Europe, qui a recueilli des témoignages de rescapés. On y pratique la torture par électrochoc, par agression sexuelle, en arrachant les ongles, et avec de longues périodes d'enfermement solitaire sans eau ou nourriture.

"Jaslyk n'est rien d'autre qu'un camp de la mort. J'ai l'impression qu'il n'y a aucune limite à la cruauté dont les responsables pénitentiaires sont capables", raconte Yusuf Juma, un poète emprisonné pour s'être opposé à la réélection de Karimov en 2007.

Jaslyk a été bâtie en 1999 dans un ancien site de test d'armes chimiques, dans une zone connue pour son climat très dur—des hivers très froids, et des étés chauds et secs. Jaslyk a été ouverte après des attentats en 1999, dans ce pays à majorité musulmane. De nombreux "prisonniers religieux" sont enfermés à Jaslyk. Human Rights Watch estime qu'il y a entre 5000 et 7000 prisonniers, et signale le cas de deux de ces prisonniers, Muzafar Avazov et Husnidin Alimov dont les corps brûlés ont été découverts. Selon l'organisation "les médecins qui ont vu le corps ont attesté que ces brûlures n'auraient pu être provoquées que par l'immersion d'Avazov dans de l'eau bouillante." Avazov avait une blessure grave à l'arrière du crâne, de nombreux hématomes sur le front et le cou, et ses doigts n'avaient pas d'ongles.

Le massacre d'Andijan

Il arrive souvent que les régimes autoritaires répriment sévèrement les manifestations. Mais selon de nombreux témoignages, il s'agit d'un massacre en règle. Selon le rapport d'une ONG, les manifestants ont été délibérément poussés par les forces de l'ordre dans un piège. Des véhicules blindés bloquaient toutes les sorties et les manifestants ont été poussés dans une rue fermée, où des snipers et la police ont tiré à vue. Plusieurs témoins ont déclaré que les troupes ont tiré non pas pour disperser la foule mais pour exécuter sommairement toute personne présente. Certains prisonniers torturés ont ensuite raconté que des policiers avaient dit qu'ils avaient reçu des ordres du président lui-même de tirer pour tuer. Selon les estimations, il y aurait eu plusieurs centaines de morts, enterrés dans des charniers.

Des conséquences politiques peu claires

A l'heure actuelle, personne ne connaît vraiment le sort d'Islam Karimov. Il aurait eu une hémorragie cérébrale et serait hospitalisé, mais personne ne sait s'il est vivant ou mort. Etant donné le caractère autocratique du régime et l'absence de succession, de nombreux observateurs craignent que la mort de Karimov pourrait plonger le pays dans le chaos. 

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