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Les patrons français ont un plan pour aider François Hollande à sortir de l’ornière
©Reuters

Pas rancuniers

Si beaucoup de grands patrons français n'ont de cesse de s'opposer à la politique, notamment fiscale, de François Hollande, ils n'ont pas pour autant l'intention de jouer "la politique du pire". Mieux, ils ont un plan pour aider François Hollande, et du même coup, la France.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La semaine qui vient de se terminer a encore accru l’exaspération de beaucoup de patrons français. L’affaire Leonarda, ajoutée à la pagaille des cabinets ministériels, la mésentente des membres du gouvernement, la multiplication des textes législatifs inapplicables comme la loi Hamon sur l’information dans les entreprises ou la loi Duflot qui va complétement bloquer le marché immobilier, sans parler du climat à l’Assemblée nationale ou au Sénat , a créé une situation qui devient ingérable.

« Il en va de la survie du système », disait-on cette semaine à l'AFEP, l'association des grandes entreprises où on craint des mouvements de révolte fiscale particulièrement dans les PME, qui n’ont pas la ressource pour échapper à l’impôt.

« l’absence de résultats, est bien la preuve que le président s’est trompé de diagnostic et par conséquent de politique, explique-t-on dans une grande entreprise pharmaceutique, on ne pourra pas continuer de donner des gages aux marchés en augmentant les impôts chaque semaine ».

« Après l’impôt sur la fortune, puis l’IRPP et l’IS, après les heures supplémentaires et les cotisations retraites, voilà qu'on s’attaque à la fiscalité de l’épargne, sur les PEA, les PEL et l’assurance vie » chez Axa ou Generali, on ne décolère pas, « la rétroactivité en matière fiscale, c’est du jamais vu. Cette décision va faire des ravages. C’est la parole de l’Etat qui n’est plus respectée parce que elle ne sera plus respectable. Qu' est-ce qu'on va dire à nos clients qui se retrouvent trompés ? »

Les chefs d’entreprises sont donc fous furieux, parce qu'en plus ils ne trouvent rien dans la politique économique qui pourraient faire repartir l'activité et par conséquent l’emploi. « Quand on voit aujourd'hui que l’Espagne, l’Italie et même la Grèce commencent à sortir de l’enfer mais qu'il leur a fallu deux ans d’effort et d’austérité partagée... on a du mal à prévoir une sortie de crise pour la France dans les mois qui viennent.

Cette perspective que beaucoup qualifient de très inquiétante, a poussé beaucoup de patrons à multiplier les mises en garde, les avertissements, les conseils. « Les organisations patronales font leur travail mais beaucoup de chefs d’entreprise à titre individuel, des banquiers, des assureurs, des industriels, bombardent Emmanuel Macaron, le conseiller économique de notes et de mémos... François Hollande reçoit également, hors agenda officiel, beaucoup de patrons par deux ou trois, ça se passe en général en fin d’après-midi. La pression est maximum, mais jusqu’à maintenant, rien n’est redescendu.

La crainte des chefs d’entreprise c’est que la grogne soit telle qu'elle débouche sur des mouvements de violence comme parfois dans l’Histoire, la France en a connu. Dominique Renier, politologue, professeur à Sciences Po a analysé avec précision ce risque. Il est réel. « C’est un peu dans ses gènes mais les dégâts sont terribles ».

Les chefs syndicaux partagent cette analyse, ce qui explique l’attitude plus conciliante de la CGT dans l’affaire Goodyear qui aurait pu dégénéré. Les syndicats n’ont pas aimé ce qui s'est passé avec les étudiants et le lycéens la semaine dernière « les pousser à manifester étaient irresponsable dans le climat actuel ». Ils n’aiment pas davantage ce qui se passe en Bretagne autour des abattoirs parce que ces mouvements sont spontanés et peu organisés. « C’est facilement contagieux », explique-t-on à la FNSEA qui n’avait pas vu venir le coup.

Une dizaine de patrons qui appartiennent aussi bien au mouvement des Gracques, qu'’au club "Entreprise et cités", cherchent à tout prix des solutions de sortie. Leur intérêt, sauver le soldat Hollande du piège dans lequel il s’est mis tout seul. « Pas question de jouer comme certains la politique du pire »

Leur plan est très simple. Tout faire pour améliorer la compétitivité des activités industrielles françaises. Ça passe par des accords de modération salariale comme on a réussi a en signer dans l’automobile. Les patrons sont prêts à prendre des engagements à moyen terme. Mais disent-ils, il faut que l’Etat s’engage a modérer la pression fiscale par des baisses significatives de dépenses publiques.

Ce qui est intéressant, c’est qu' au même moment, Angela Merkel pourrait très bien, à la demande de ses alliés du SPD, accepter une politique européenne plus généreuse qui reviendrait à pousser la croissance de ses partenaires… Mais en contrepartie elle demandera, très officiellement, un renforcement des pouvoirs de la Commission européenne sur la gestion des Etats membres. En bref, plus de fédéralisme. Cette évolution sera demandée par les sociaux-démocrates allemands, acceptée par les conservateurs mais appuyée très vigoureusement par le grand patronat européen, allemand, et le patronat français. Cette gouvernance plus fédérale permettrait enfin de gérer les distorsions de concurrence sur la fiscalité ou sur les salaires. En son temps, c’était déjà une demande forte de Jacques Delors, barré a l'époque par les libéraux. 

François Hollande va donc se retrouver face à la pression des patrons d’un coté, pour accepter des reformes de compétitivité, et d’Angela Merkel de l’autre qui va lui demander plus d’Europe en contrepartie de sa garantie financière. C’est le seul moyen de sortir la France du piège de la stagnation. Faire un peu plus de croissance, mais mettre en place un peu plus de souplesse et de liberté économique. Trouver des moyens de financement pas trop cher mais travailler à plus de fédéralisme dans la gouvernance européenne.

Politiquement, ça va évidemment demander un effort colossal à François Hollande, il devrait se séparer des Verts et de l’extrême gauche qui le minent de l’intérieur et qui plombent sa politique.

S’en séparer oui, mais pour les remplacer par qui ? Des centristes bien sûr qui se préparent. François Bayrou comme Jean-Louis Borloo n’ont jamais coupé les liens avec les milieux d’affaires, ceux-la mêmes qui cherchent une solution pour sortir François Hollande de la paralysie. Tout se passe comme si le monde des affaires avait organise la gestion politique du changement. Reste que la décision appartient au président. Mais aura-t-il le choix ?    

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