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Les flics vont défiler place de la République ! Mais alors qui les protégera contre les manifestants ?
©Reuters

Ça va saigner

Du (presque) jamais vu. Un spectacle qui vaudra à coup sûr le déplacement.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Tout le monde en France est en colère. C'est de saison. Ceux qui manifestent contre la loi El Khomri sont en colère. Les aficionados de Nuit Debout sont en colère. Contre Hollande, Valls, le grand capital, les bourgeois, la droite, la gauche, la malbouffe, le nucléaire, le bœuf américain très certainement empoisonné… On arrête-là – en regrettant d'être très incomplet – l'énumération.

Les objets de leur colère sont innombrables : donc leur colère est grande. Il ne faut pas oublier non plus les casseurs qui sont en colère contre tout ce qu'ils cassent : le mobilier urbain, les vitrines des magasins, les portes des banques. La colère est contagieuse. Voilà qu'elle gagne maintenant les flics !

A l'appel du syndicat Alliance, ils vont manifester le 18 mai place de la République. Qu'est-ce qui leur a pris ? Ils ont eu certes 300 blessés dans leurs rangs (c'est Cazeneuve qui le dit) depuis le début des manifestations. Mais si l'on en croit quelques éditorialistes qui estiment que vomir sur les flics c'est être de gauche, ça fait simplement partie des risques du métier. Il semblerait plutôt que ce sont quelques gouttes de sang qui ont fait déborder le vase de leur colère. 

Il s'agit là – pour être clair – du rouge, vermillon et carmin, qui s'étale sur deux affiches haineuses de la CGT montrant des policiers pataugeant dans le sang du peuple qu'ils auraient sauvagement réprimé. Ce n'est pas un appel au meurtre ? Ça y ressemble beaucoup ! Il n'est pas contestable que, sur ordre et parfois de façon impulsive, les flics tapent. Ils reçoivent des pierres ou des coups de battes de baseball : ils répliquent à coups de matraques et de flashball. Un de leurs collègues se prend une bouteille qui lui explose au visage : ils frappent du poing un manifestant. Tout le monde a vu cette vidéo. Personne n'a vu la vidéo avec la bouteille…

Le 18 mai donc, ils manifesteront place de la République. C'est de droit et c'est leur droit. En civil, sans casque, sans bouclier, sans matraque. C'est également conforme au droit. Nul doute que ce jour-là des supplétifs de banlieue viendront prêter main forte aux manifestants de la Nuit Debout. En effet, dans certains coins de France, casser du flic est une ardente et louable obligation. Il faudra donc mobiliser nombre de gendarmes et de CRS pour protéger les flics. C'est amusant, non ? Quelques voix se sont faites entendre pour dire que depuis le temps que ça dure il serait plus simple quand même d'en finir avec l'occupation de la place de la République par les piliers de Nuit Debout.

Aussitôt le tocsin a sonné contre ces fachos et ces réacs : les heures les plus sombres de notre histoire revenaient au galop. Vraisemblablement les choses en resteront là. Et le 18 mai le grotesque et le burlesque seront au rendez-vous. Pas étonnant : la France est aujourd'hui un pays grotesque.

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