Bonnes feuilles
Les effets pervers de la lutte contre les inégalités
Julie Graziani publie "Tout le monde peut s’en sortir, Philosophie du rebond" aux Editions de l’Observatoire. Fin de l’État-providence absolu, lutte pour la responsabilité et la solidarité, défense de l’entreprise France sont les maîtres mots de cet essai engagé et incarné, plein de foi en l’avenir de notre pays. Extrait 1/2.
Ce qui choque les gens au fond, c’est le sentiment qu’il existe des inégalités gravées dans le marbre, que ce sont toujours les mêmes qui en profitent. Le problème ne tiendrait donc pas aux inégalités elles-mêmes mais à leur reproduction. C’est ici qu’interviennent les différentes politiques dites de « justice sociale », réellement mises en place à partir des années 1950 (c’est le moment où la courbe des prélèvements obligatoires amorce un mouvement ascendant qui ne cessera plus). La mode était alors à l’interventionnisme dans tous les domaines. En agriculture aussi, on accroissait les rendements à grand renfort de pesticides. Cela marchait très bien : l’efficacité des produits phytosanitaires sur des terres qui n’en avaient jamais reçu était remarquable. La récolte passait sans effort du simple au double. Cinquante ans plus tard, on réalise que les sols se sont épuisés et que ce qui y pousse est devenu pauvre en nutriments. De la même manière, avec les premières mesures de redistribution, les inégalités ont décru de manière spectaculaire : le niveau de vie général a augmenté et la société s’est pacifiée. Le taux de pauvreté a atteint un creux durable pendant vingt ans, de 1975 à 1995, avant de remonter lentement mais sûrement. Il faut aujourd’hui toujours plus de redistribution pour des effets correcteurs toujours plus faibles. Et si les mesures prises en vue de la « réduction des inégalités » jouaient sur la société le même rôle que les pesticides sur les sols ? D’une remarquable efficacité au début, ils dissimulent sournoisement leurs effets stérilisateurs. Si de telles politiques sont contreproductives, c’est en effet parce qu’elles traitent les inégalités comme des mauvaises herbes à éradiquer par principe, sans réfléchir au fait qu’elles peuvent avoir leur utilité et qu’elles contribuent à la vitalité de l’ensemble. Il existe aussi une biodiversité des talents qui vont dépérir si on s’obstine à vouloir les planter en rang d’oignons.
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