Les écologistes et les altermondialistes seront encore plus inflationnistes que la guerre en Ukraine et la Covid<!-- --> | Atlantico.fr
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Le gouvernement aura beaucoup de mal à lutter contre les demandes écologistes et altermondialistes.
Le gouvernement aura beaucoup de mal à lutter contre les demandes écologistes et altermondialistes.
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Atlantico Business

Si le gouvernement peut lutter contre l’inflation sur les carburants et les denrées alimentaires importées, il aura beaucoup de mal à lutter contre les demandes écologistes et altermondialistes.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La démagogie politique orchestrée par Jean-Luc Mélenchon est sans doute beaucoup plus inflationniste que le pétrole et les biens alimentaires coincés par la guerre en Ukraine. Contrairement à ce que laissent entendre les partis politiques d’extrême gauche (et droite), le gouvernement n’est pas impuissant face l’inflation actuelle. Il n’a pas été impuissant face au Covid en apportant, comme beaucoup d’autres pays, un soutien des effets du confinement. Il a protégé les actifs industriels et commerciaux et les actifs humains par le chômage partiel. Il n’y a pas eu de faillites en cascade ni de vague de licenciements. La croissance a rebondi avec une rapidité et une violence que bien peu d’observateurs n’avaient anticipées. La crise en Ukraine a malheureusement cassé ce rebond. Entre l’effet des sanctions contre la Russie qui ont pesé sur le prix des carburants et des biens alimentaires de base, ajouté à l’effet du Covid en Chine qui a de nouveau bloqué des livraisons de composants dont l’Occident a besoin. Tous ces facteurs ont généré des hausses de prix insupportables que le gouvernement essaie d’amortir par des boucliers tarifaires et des chèques ciblés sur les catégories les plus fragiles. Cette série de mesures va encore accroitre l’appel à de la dette, dont les taux d’intérêt vont monter mais dont le montant global sera limité.

L’inflation touche les prix de certains produits, mais aussi les recettes de l’État. Ces recettes augmentent mécaniquement, on le voit bien sur l’essence. Le produit fiscal de ces recettes compense en partie (60 %) les augmentations de prix du pétrole. D’où le bouclier qui restitue au consommateur sous forme de ristourne (10 centimes par litre), ce que l’État perçoit en plus comme taxes sur les carburants.C’est plus malin que de baisser le montant des taxes.

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Parallèlement, le gouvernement compte aussi sur une régulation des marchés pour ralentir cette inflation importée : le ralentissement de l’activité mondiale va peser sur la demande d’énergie et on le sentira à partir du mois d’août. A ce moment-là, le prix du pétrole peut se calmer un peu et descendre vers les 100 dollars. D’autant que les pays producteurs comme l’Arabie saoudite sont en train d’ouvrir un peu les vannes. Les pays producteurs n’ont pas intérêt à provoquer une récession mondiale.

Par ailleurs, il n’y a pas de contamination de ces hausses de prix sur les salaires. Le couple prix- salaires n’est pas connecté en France.

Par conséquent, pour le gouvernement, la visibilité sur l’évolution de cette inflation importée n’est pas trop mauvaise, même si elle est mal vécue.

En revanche, le gouvernement a très peu de moyens de contrôler ou de ralentir l’inflation qui est portée par la mutation écologique et la fin d’une mondialisation qui nous a vendu pendant plus de 20 ans du low-cost.

Sur la mutation écologique, les conséquences sur les couts sont considérables. Que cette mutation soit inéluctable n’est pas discutable. Il faut lutter pour le climat. Mais que cette lutte soit aussi rapide et aussi concentrée sur les pays occidentaux ne va pas être longtemps supportable par les populations.

Cette transition écologique va provoquer des augmentations de prix impossibles à digérer. L’isolation des logements, le remplacement des énergies fossiles par des énergies naturelles ou nucléaires va couter une fortune, la décarbonation des moyens de mobilité… idem …etc.La décision d’interdire en 2035 les moteurs thermiques votée par le Parlement européen est inapplicable, parce que la technique n’est pas au point et les approvisionnements en électricité ne seront pas sécurisés. Si par miracle, cette obligation était maintenue, elle entrainerait la faillite de toute la filière automobile en Europe, soit plusieurs millions d’Européens sur le carreau. Entre les coûts directs et les effets induits, une telle révolution fera d’énormes dégâts. Un seul exemple sur le bio, tout le monde sait qu’un blé bio est 20 % plus cher qu’un blé classique. Qui va payer la différence et comment faire pour amortir cette inflation ?Le gouvernement n’a pas de réponse aux exigences du consommateur qui veut du bio dans son assiette et une voiture électrique, sans toutefois en avoir les moyens.

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La fin de la mondialisation heureuse dont nous avons profité consistait à faire fabriquer à bas prix, quantités de produits industriels qui étaient consommés en Occident. La Chine et beaucoup de pays d’Asie du sud-est sont ainsi devenus les usines du monde.

Le Covid a accéléré le besoin de rapatrier vers les centres de consommation une partie des fabrications low-cost. La guerre en Ukraine et le régime des sanctions ont encore accru l’urgence des relocalisations, sans parler de l’impact des idéologies altermondialistes qui sont encore sous-jacentes. Le consommateur n’a pas forcément conscience que si demain, il préfère acheter du made in France, il va devoir en payer le prix.

Face au prix de l’écologie et face au prix de la souveraineté industrielle, le budget de consommation va forcément exploser par rapport à ce qu’il est actuellement.

Le consommateur a déjà du mal à accepter les couts induits par la guerre en Ukraine sur le pétrole et sur le blé, il ne comprendra pas une inflation induite mais durable liée à la mutation climatique et au changement de délocalisation.

Le consommateur a beau être sincèrement touché par les discours de Greta Thunberg, il sera très surpris par le montant des factures.

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