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Les chefs d’entreprise préparent « l’après-Covid » en demandant un Etat allégé et plus efficace
Les chefs d’entreprise préparent « l’après-Covid » en demandant un Etat allégé et plus efficace
©DAMIEN MEYER / POOL / AFP

Atlantico Business

Face à la faillite de l'Etat dans beaucoup de domaines lors de la pandémie, les chefs d’entreprises espèrent une réforme de fond de l’administration et sont prêts à se mobiliser pour que l'Etat revienne à ses fonctions régaliennes.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Un an de pandémie en France nous a montré que le degré d’exigence des Français envers l’Etat était exorbitant. L’Etat devait répondre à tous les problèmes. La demande des populations s’adressait à tous les rouages administratifs et sociaux, à tous les acteurs de la sphère publique. Mais l’Etat a été rapidement débordé, démasquant ses pénuries, ses incapacités, son inexpérience et ses échecs.

La pandémie a souligné à l’encre rouge l’incapacité de l’Etat à assumer toutes les fonctions qu’il s’est lui-même assignées, parfois contre le pouvoir politique qui s'est perdu dans beaucoup de lâcheté et de médiocrités techniques.

Cette année de pandémie nous a montré à quel point l’Etat devait choisir son terrain d’action parce que dans nos sociétés démocratiques, les acteurs privés ont la responsabilité et l’ambition de tenir leur rang.

La pandémie a montré que les entreprises et toutes les initiatives prises par des acteurs privés ont sauvé le pays de la catastrophe. Au tout début, la France découvre avec effroi que l’Etat n’a pas stocké de masques. Et des masques, le monde entier en recherche. Plutôt que d’en trouver, l’Etat va mentir en expliquant que les masques ne servent à rien. Jusqu’au jour où il faudra se rendre à l’évidence. Ce jour-là, ce sont des entreprises privées qui trouveront les masques. Elles iront les chercher là où ils sont fabriqués, en bravant les interdits de l’administration, les normes tatillonnes et inutiles. Elles affrêteront leurs avions, puis mobiliseront leurs fournisseurs asiatiques. Et quand les productions dans les pays émergents ne suffiront pas, les entreprises, encore elles, grandes et petites, vont reconvertir des fabrications au sein de l’Hexagone, ou alors engager des couturières à domicile pour qu’elles fabriquent des masques.

Quand il faudra des tests, là encore, les entreprises iront les chercher en tordant le bras des administrations, puis livreront ces tests et se mettront à les pratiquer partout où ça sera possible. Dans les grandes entreprises comme dans les collectivités locales.

L’idéal aurait été de tester massivement mais l‘Etat n’ose pas. L’idéal aurait été de tracer les cas positifs et de les isoler mais là, l’Etat traine des pieds pour cause d’atteinte aux libertés individuelles.

Foutaise que cette inquiétude. Surtout pour défendre l’idée du confinement, comme si le confinement ne revenait pas à enfermer la totalité de la population. En réalité, on invoque le respect de la liberté parce qu’on ne sait pas faire.

Quand les groupes hôteliers, vides de leurs clients, offriront leurs hôtels pour organiser la quarantaine des contaminés, l’Etat, ou plutôt l’assurance maladie, ne comprendra pas l’intérêt. Là encore, on ne sait pas faire ! Mieux valait sans doute laisser en liberté des malades, porteurs du virus pour qu’ils puissent contaminer le plus de gens possible. Quelle période !

On s’aperçoit que notre système de santé, qu’on nous avait vanté comme étant le plus performant du monde, était en voie de délabrement. Il a fallu que les hôpitaux soient débordés de Covid l’année dernière pour qu’on s’aperçoive que l’hôpital privé voisin existait aussi, et que dans sa charte de fonctionnement, l’hôpital et les cliniques privées n’étaient pas réservés aux riches. Il a fallu six mois de galères pour que le public accepte la collaboration du privé dont les moyens ont sauvé le système de l’effondrement.

Ne sortons pas l’épisode malheureux du vaccin qui est encore en tournage actuellement. On ne sait pas comment va se terminer cette série qui ferait un succès sur Netflix, mais ce que l’on sait, c’est que une fois de plus, c’est le privé qui a permis d’avoir des vaccins si vite, mais que c’est l’Etat, avec sa prudence et ses normes, qui a mis en retard le démarrage des campagnes de vaccination.

Tout s’est passé comme si à chaque étape de la pandémie, l ‘Etat, les administrations, les pouvoirs politiques, trouvaient toujours le moyen de retarder le moment où on aurait pu voir la sortie du tunnel, alors que le monde de l’entreprise, tel des fourmis travailleuses, mettait en place les moyens de réagir.

Alors, on nous expliquera que cette pandémie s’est étalée dans le monde entier. On nous expliquera que la situation s’avère finalement presque pareille dans tous les pays, en dépit des stratégies très différentes.

Une chose est certaine, c’est qu’en France plus qu’ailleurs, cette pandémie nous a apporté la preuve que l’Etat ne pouvait pas tout faire et tout réussir et que son intérêt eut été de laisser les collectivités locales prendre des initiatives adaptées au terrain. Plus qu’ailleurs, cette pandémie a démontré que les entreprises priveés avaient une résilience extraordinaire, c’est à dire une capacité d’adaptation au changement qui a permis au système de ne pas sombrer.

Alors on nous expliquera sans doute que l’Etat a permis au système économique de survivre financièrement. C’est vrai, sauf que l’Etat a simplement pris les décisions capables de supporter les effets de sa politique. L’Etat, et plus particulièrement Bercy, ont fait ce qu’il fallait pour préserver les actifs de production et même les contrats de travail. Le système a donc pu repartir comme avant ou presque.

L’Etat et son administration n’ont pas développé la même résilience...

Ce qui est intéressant, c’est qu’au bout d’un an, le monde de l’entreprise a accouché de projets pour aider l’Etat à prendre conscience de ses lourdeurs et de ses erreurs.

Le premier projet est contenu dans les conditions que Geoffroy Roux de Bézieux a listées pour réussir la sortie de crise et la relance. Parmi ces conditions, il prévient l'Etat et les entreprises adhérentes au Medef de la nécessité de sortir du « quoi qu’il en coûte ». Cette décision généreuse prise par Emmanuel Macron a consisté à distribuer des aides et brancher des perfusions dans la plupart des secteurs économiques pour qu’ils subsistent et puissent redémarrer. Cette décision a été bénéfique, mais elle a été aussi généreuse donc couteuse, la crise aura couté, pour l’instant, plus de 120 milliards d’euros en 2020. L’année 2021, avec la nécessité de mettre des boosters pour relancer les moteurs et soigner les blessés de la casse sociale, coutera sans doute autant. Mais à maintenir les perfs ainsi branchées, on risque la contreperformance.

Pour le Medef, il faudra donc commencer assez rapidement à débrancher les perfusions. Cette opération imposera à l’Etat une redéfinition de son périmètre et de son action. La grande leçon de la pandémie passe par la nécessité de s’adapter aux grandes mutations digitales, industrielles ou climatiques. Ce sera donc aux entreprises de jouer à une condition que l’Etat leur laisse la liberté de jouer.

Tout cela signifie que l’Etat va devoir se réorganiser en profondeur sur les activités que les entreprises ne peuvent pas accomplir et principalement bien sûr, les fonctions régaliennes.

Ce qui est intéressant, c’est qu’au même moment, des chefs d’entreprises ont pris l’initiative de lancer le premier réseau social sollicitant les solutions concrètes d’entrepreneurs pour relever les défis d’intérêt général.

https://www.entrepreneurspourlarepublique.com/

Cette plateforme « Entrepreneurs pour la République »  a pour vocation, selon son architecte Léonidas Kalogeropoulos, fondateur du cabinet «  Médiation et arguments  », de faire émerger, de favoriser et de promouvoir les solutions concrètes d’entrepreneurs pour répondre à la plus large variété de besoins d’intérêt général auxquels est confrontée la société française.

En bref, tout faire pour alléger l’Etat, les collectivités locales de tout ce que pourrait faire (en mieux) des entreprises en liberté.

La République a deux jambes : l’État et la Nation. L’État ne peut pas tout. Les ratages de la pandémie nous en ont hélas administré la preuve. La Nation, dont la première source de richesse est l’esprit d’entreprendre de ses citoyens, a évidemment vocation ( et intérêt ) à apporter des réponses concrètes à tous les défis d’intérêt général.

Ce sont ces solutions qui sont sollicitées sur la plateforme Entrepreneurs pour la République. Au-delà de la pandémie, il faudra réformer l’Etat mais il faudra aussi répondre à toutes les problématiques d’intérêt général. Les citoyens, les responsables politiques, les journalistes, pourront donc y pour recueillir les solutions concrètes proposées par les entrepreneurs (start-ups, PME-TPE, ETI, grands groupes), dans tous les domaines de la vie sociale : environnement, urbanisme, sécurité, éducation, culture, souveraineté, jeunesse…

Cette plateforme a vocation à fédérer les réseaux d’entrepreneurs afin de rassembler tout l’écosystème entrepreneurial français, par lequel les solutions concrètes d’aujourd’hui et demain pourront être rassemblées et promues collectivement. A ce jour, « Entrepreneurs pour la République » compte parmi ses premiers partenaires : le CJD (www.cjd.net) et Ethic (www.ethic.fr). 

Depuis un an, les Français sont confrontés aux défis d’une pandémie mondiale. Les solutions d’origine étatique multiplient les mesures de régulation pour contenir la crise sanitaire. Si elles sont légitimes et nécessaires, ce qui reste à prouver, elles ne sont plus suffisantes quand elles ne sont pas paralysantes ou polluantes.

De nouvelles solutions concrètes et innovantes doivent permettre de garantir des espaces «zéro Covid ». Des solutions d’entrepreneurs existent, d’autres doivent être inventées : toutes ont leur place sur la plateforme « Entrepreneurs pour la République ».

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