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Les acteurs français se prennent pour des stars américaines.
Les acteurs français se prennent pour des stars américaines.
©Reuters

Bonnes feuilles

Selon Etienne Liebig, nos vedettes se prennent pour DiCaprio ou Angelina Jolie. Seul hic : ils oublient que ces deux géants du cinéma américain sont outrancièrement payés car ils rapportent outrancièrement ! Extrait de "Les nouveaux cons" (2/2).

Étienne Liebig

Étienne Liebig

Éducateur spécialisé en Seine-Saint-Denis, Etienne Liebig est romancier, essayiste, anthropologue et chroniqueur aux Grandes Gueules sur RMC. Il est l'auteur des livres suivant : "Les ados sont insupportables mais ce sont nos enfants" (2009) ; "Les pauvres préfèrent la banlieue" (2010) ou encore "De l'utilité politique des roms" (2012) et "Les Nouveaux cons (I et II)" en 2013.

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La France est une exception culturelle de taille, elle a mis en place un système unique d’aide à la création dont bénéficient majoritairement des actrices, des acteurs et des réalisateurs déjà largement rémunérés et qui font en plus monter les enchères de façon indécente. Leur argument ? "Nous ne sommes pas encore au niveau des artistes américains". Bravo, on croirait entendre les patrons français comparant leurs salaires à ceux des PDG d’outre-Atlantique… Ils oublient, comme les patrons d’ailleurs, qu’aux États-Unis, si le film ne fait pas recette, l’acteur perd rapidement de sa notoriété et de son salaire. Le public est le juge de paix et il faut lui plaire !

Chez nous, peu importe que le film coûte bien plus qu’il ne rapporte, l’État prend en charge la différence et tout ce beau monde, formé par copinage, se retrouve sur le tournage du prochain, qui coûte encore plus cher, et qui rémunère encore mieux ces vedettes, en réalité rétribuées par nos impôts ! Nos films n’ont pas plus de qualité que ceux de nos amis européens, allemands, italiens ou anglais… mais ils coûtent beaucoup plus cher ! Logique, nos vedettes se prennent pour Dicaprio ou Angelina Jolie, mais ils oublient qu’au bout d’une semaine sur les écrans les productions avec ces deux géants ont déjà amorti l’investissement et qu’ils sont outrancièrement payés car ils rapportent outrancièrement !

En France, en 2011, un seul film a été rentable sur le Top 10 des productions en dépit des bonnes entrées enregistrées. Eh oui, il faut s’y faire, la France est un petit pays et nos films, sauf exception notable, ne marchent pas suffisamment à l’étranger. Il est d’ailleurs très intéressant de noter que les acteurs français divisent par quatre ou cinq leur salaire lorsqu’ils travaillent pour une production américaine. Normal, ils sont payés à leur juste prix comme leurs homologues américains.

Ces nouveaux cons, qui se comportent comme des artistes indépendants ne devant leur fortune qu’à leur talent, sont des acteurs fonctionnaires pour une bonne partie de leur salaire. Certains d’entre eux s’exilent à l’étranger pour ne pas payer à la France ce que l’État leur a donné. La technique est simple et repose sur les aides des chaînes publiques, les avances sur recettes, les aides des régions et les subventions des chaînes privées autorisées à fonctionner si elles acceptent de payer leur redevance à la création. Cet assistanat fausse totalement le jeu de l’offre et de la demande cinématographique et crée une exception culturelle profondément injuste au regard des autres pays européens.

Le hic vient sans doute du fait que ces aides avaient été pensées pour aider la création et soutenir le cinéma, non pour payer des sommes astronomiques à des actrices et des acteurs qui ne font pas le job sur le plan économique puisqu’ils rapportent plus qu’ils ne coûtent. Dans de nombreuses entreprises, leurs salaires seraient revus à la baisse mais pas en France puisque la subvention tombe à nouveau pour les grands noms avec la régularité du métronome en absorbant les neuf dixièmes des sommes disponibles et en laissant des miettes pour les autres productions, moins ambitieuses et sans vedette au casting ! Par ailleurs, contrairement aux exigences télévisuelles, les subventions publiques et privées ne sont pas liées à un « mieux disant culturel » et on voit s’enchaîner des comédies copiées les unes sur les autres, sans idée, sans scénario et sans recherche, qui ne plomberont de toute façon ni les metteurs en scène ni les acteurs, s’il y a plantage.

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Extrait de "Les nouveaux cons, saison 2" (Michalon) 11 avril 2013

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