Leonarda ou la gauche qui se préoccupe plus des immigrés illégaux que des classes populaires<!-- --> | Atlantico.fr
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"Le héros moderne d’une certaine gauche est l’immigré clandestin, qui a remplacé l’ouvrier de l’industrie."
"Le héros moderne d’une certaine gauche est l’immigré clandestin, qui a remplacé l’ouvrier de l’industrie."
©Reuters

Héros moderne

Que pensent ceux qui s'offusquent du sort de Leonarda, de celui des ouvriers dont les usines sont délocalisées ou des agriculteurs qui se suicident car ils ne parviennent plus à joindre les deux bouts ?

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle

Laurent Pinsolle tient le blog gaulliste libre depuis 2007. Il est également porte-parole de Debout la République, le parti de Nicolas Dupont-Aignan.

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L’affaire Leonarda, dont j’ai débattue sur France 24, défraie la chronique. Une partie de la gauche attaque violemment Manuel Valls, qu’elle accuse de faire le lit du FN ou de ne pas être humain. Des lycéens se sont mis en grève pour réclamer le retour des deux jeunes expulsés. Une affaire révélatrice.

Rappel des faits

Bien sûr, savoir qu’une fille de 15 ans aurait été arrêtée dans son bus qui partait pour un voyage scolaire, devant ses camarades pour être expulsée touche la corde sensible de toute personne. Cependant, il faut savoir garder la tête froide. Après tout, on peut supposer que l’histoire de presque tous les immigrés illégaux peut déclencher la compassion, entre voyages dangereux entre les mains de passeurs peu scrupuleux et avides, et destin forcément difficile dans un nouveau pays dont ils ne parlent pas forcément la langue. Mais il faut savoir ne pas se laisser dicter son attitude par l’émotion.

Il faut rappeler ici que la famille de Leonarda (deux adultes et six enfants) était arrivée en France en 2009. Elle avait essayé à plusieurs reprises de gagner le statut de réfugiés pour pouvoir rester. Mais, par six fois, l’administration et la justice ont refusé de lui donner ce statut ou un permis de séjour. Il semble que cette famille ne répondait pas aux différents critères qui auraient pu lui permettre de rester en France, certains évoquant le manque d’intégration du père. Du coup, il était normal qu’elle soit expulsés. Idem pour le jeune arménien de 19 ans, qui, en plus, était un délinquant (ce que Le Monde, bizarrement, oublie d’évoquer) et pour lequel des lycéens ont pris fait et cause lors des manifestations d’hier dans Paris.

Dis-moi pour qui tu compatis

Tout ceci rejoint les analyses de Jean-Claude Michéa qui note que le héros moderne d’une certaine gauche est l’immigré clandestin, qui a remplacé l’ouvrier de l’industrie. Même si on ne peut pas nier la souffrance de Leonarda, on aimerait qu’elle pense aussi au sort des ouvriers dont les usines sont délocalisées du fait du libre-échange ou celui des agriculteurs qui se suicident car ils ne parviennent plus à joindre les deux bouts. Pourquoi faudrait-il accorder autant d’attention à des immigrés clandestins, venus et vivant illégalement en France, alors qu’on oublie trop souvent la France qui souffre ?

L’attitude de la gauche confine au suicide politique. Bien sûr, dans les classes supérieures des centres villes, qui emploient parfois des gardes d’enfant étrangers, le destin de ces immigrés clandestins émeut car il est proche de celui de ces aides de famille qui leur sont familiers. Mais ce faisant, ils oublient complètement que 80% de la population ne les suit pas. En effet, le discours bien-pensant qui consiste à ouvrir les bras à toute la misère de la planète est intenable pour des classes populaires et moyennes qui souffrent de la crise, entre perte d’emploi, baisse des salaires et hausses d’impôts.

Cette séquence est une calamité pour la gauche, hormis Manuel Valls, avec un discours qui oscille entre la dénonciation violente du ministre de l’intérieur et un soutien tellement critique et distant. Du coup, même en maintenant l’expulsion, subsistera toujours le doute que la majorité du PS aurait préféré faire une exception au droit pour accueillir cette famille. Et que dire du jeune socialiste présent sur le débat de France 24 qui faisait le grand écart entre soutien au gouvernement et participation aux manifestations demandant des papiers pour les illégaux ? Quelle que soit l’issue, le PS a perdu.

Bien sûr, les procédures d’expulsion doivent rester humaines. Bien sûr, la justice doit être plus rapide pour ne pas laisser des immigrés illégaux quatre ans dans le pays avant de les expulser. Mais ici, les expulsions semblent justifiées. Et il faut respecter le droit, car c’est le droit, in fine, qui protège les plus faibles de nos compatriotes.

Cet article a été initialement publié sur Gaullistelibre.com

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