Leonarda expulsée du pays des états d'âme du PS : contrôler l'immigration oui, en avoir les effets sous les yeux, non… <!-- --> | Atlantico.fr
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Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.
©Reuters

Tous les chemins mènent aux Roms

L'expulsion de la petite Leonarda a ému une grande partie de la gauche, et ce malgré le discours de Manuels Valls, ministre socialiste de l'Intérieur, sur les Roms. Histoire de l'hypocrisie d'un parti coincé entre la réalité et ses états d'âme.

Guillaume Larrivé

Guillaume Larrivé

Guillaume Larrivé, 36 ans, est  spécialiste des questions de sécurité et d’immigration, il a été conseiller du président Nicolas Sarkozy à l’Elysée et directeur de cabinet adjoint de Brice Hortefeux lorsque celui-ci était ministre de l’intérieur et de l’immigration. Avocat à la Cour, il a également été membre du Conseil d’Etat et est député de l’Yonne et secrétaire national de l’UMP.

 

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Atlantico : L'expulsion d'une collégienne kosovare alors qu'elle se rendait à une sortie scolaire avec ses camarades fait polémique. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a été violemment pointé du doigt par la gauche pour sa politique d'expulsion, quelques semaines à peine après les propos qu'il avait tenus sur les Roms. Cet épisode donne l'impression d'une majorité qui, globalement, s'est résolue au contrôle de l'immigration mais refuse d'en voir et d'en assumer concrètement les effets. N'y a-t-il pas une part d'hypocrisie dans ces réactions ?

Guillaume Larrivé : Il n’y a pas, aujourd’hui en France, de véritable politique de l’immigration. La plupart des ministres et des élus du PS n’assument rien car ils restent dans le registre de l’émotion et de la posture, vaguement romantique, selon laquelle les frontières sont un vilain mot.

Cet emballement médiatico-politique, depuis 48 heures, est un concours de mauvaise foi. Des associations d’inspiration gauchiste, comme le « Réseau éducation sans frontières », ont réussi à créer une bulle polémique pour tenter de saboter les rares mesures de lutte contre l’immigration irrégulière qui sont encore en vigueur depuis l’arrivée de François Hollande au pouvoir. Le Parti socialiste en profite pour rendre publique une sorte de crise de nerfs interne, qui consiste, pour les divers courants de l’aile gauche de la majorité, à cogner hardiment sur le ministre de l’Intérieur. Le Premier ministre, lui, excelle dans la lâcheté et, comme d’habitude, fait semblant de gouverner : Jean-Marc Ayrault s’interroge, ne comprend pas tout, commande une enquête, fait part de ses doutes et laisse entendre, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, alors qu’il s’apprête à désavouer le ministre de l’Intérieur.

Sur le fond, de quoi s’agit-il ? Des personnes de nationalité kosovare ont été raccompagnées vers le Kosovo. Ce n’est que l’application des règles de l’Etat de droit. Les clandestins, qui sont venus en France sans demander l’autorisation de la République, et qui ont épuisé leurs voies de recours devant la justice, doivent être évidemment reconduits dans leur pays.

Dans un tweet, le président de l'Assemblée nationale écrit "Il y a la loi. Mais il y a aussi des valeurs avec lesquelles la Gauche ne saurait transiger. Sous peine de perdre son âme." Où se situe la limite entre les valeurs d'une société démocratique et la loi?

Si le président de l’Assemblée nationale se prend pour Antigone, le ministre de l’Intérieur serait Créon ? Quand on connaît Claude Bartolone, on comprend qu’il ne joue pas dans une tragédie antique, mais dans un théâtre de boulevard.

Soyons sérieux. La France a un système juridique extrêmement sophistiqué, très protecteur des droits des étrangers. Lorsqu’une décision de reconduite à la frontière est validée par les juges, il faut la mettre à exécution. Tous les républicains doivent apporter leur soutien aux membres du corps préfectoral et aux forces de l’ordre dans cette affaire : les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur ont le devoir de faire appliquer la loi de la République, avec fermeté et discernement, ni plus ni moins.

Dans le cas présent, cette expulsion s'est-elle déroulée dans un cadre juridique légal ?

Bien sûr. Ces ressortissants kosovars étaient entrés dans notre pays par effraction, sans y être autorisés. Ils ont prétendu être des réfugiés politiques mais leur demande a été rejetée par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides. Ce refus a été confirmé par les juges de la Cour nationale du droit d’asile. Le préfet a donc, comme c’est son devoir, prononcé une décision de refus de séjour, assortie d’une obligation de quitter le territoire. Cette décision a été confirmée d’abord par un tribunal administratif, puis par une cour administrative d’appel.

J’ai été stupéfait d’entendre le Premier ministre déclarer, mercredi, à l’Assemblée nationale, que : « s’il y a eu faute, l’arrêté de reconduite à la frontière sera annulé et cette famille reviendra en France afin que sa situation soit réexaminée à la lumière de notre droit, de nos principes et de nos valeurs. »Il y a, dans ce dossier, trois décisions de justice qui demandent de renvoyer ces personnes au Kosovo. Que veut-on de plus ?

Si ces personnes devaient revenir en France à la demande du Premier ministre, ce serait un message d’encouragement aux filières d’immigration clandestine. Les professeurs de vertu alimentent, hélas, le business des passeurs et des mafias !

Les critiques à l'égard de Manuel Valls vous paraissent-elles justifiées ?

Je ne suis pas solférinologue : il ne m’appartient pas d’entrer dans le débat interne aux différentes sous-fractions du Parti socialiste, qui veulent régler leurs comptes entre amis. Je constate seulement que, une nouvelle fois, le ministre de l’Intérieur se comporte en républicain.

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