Legion crew : la mystérieuse armée de pirates informatiques qui terrorise les riches et beautiful people indiens<!-- --> | Atlantico.fr
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En quelques semaines seulement, un obscur collectif de hackeurs a piraté les comptes Twitter de personnalités du show business en Inde.
En quelques semaines seulement, un obscur collectif de hackeurs a piraté les comptes Twitter de personnalités du show business en Inde.
©DR

Pirates

Depuis quelques semaines, un collectif de hackeurs s'est fait remarquer pour le piratage de comptes Twitter de célébrités indiennes et la mise en ligne de certaines de leurs données privées. Un journaliste du Washington Post a pu converser avec eux via messagerie cryptée.

En Inde, rien ne va plus pour les personnalités du show-business. En quelques semaines seulement, un obscur collectif de hackeurs a piraté les comptes Twitter du vice-président du parti politique du Congrès national indien, Rahul Gandhi, de l'ex-président de l'Indian Premier League (le championnat de cricket national), Lalit Modi, du PDG du United Breweries Group, une entreprise de production d'alcool, Viyaj Mallya, et les deux journalistes indiens Barkha Dutt et Ravish Kumar, avant de mettre en ligne certaines données privées les concernant. Le nom de l'entreprise cybercriminelle : Legion Crew. Quels sont leurs objectifs ? Que revendiquent-ils ? Un journaliste du Washington Post a pu s'entretenir avec l'un de ses membres par messagerie cryptée.

Mouvance non identifiée

Le ton est amical mais provocateur. L'un des membres du Legion Crew contacté le 10 décembre par Max Bearak, le journaliste du Washington Post, se vante de faire partie d'un groupe de geeks éparpillés aux quatre coins du monde. Depuis deux semaines, ce groupuscule de hackeurs a piraté les comptes Twitter de plusieurs personnalités indiennes et mis en ligne certaines de leurs données privées : numéros de téléphone, mots de passe, numéros de comptes bancaires… A travers l'application de messagerie cryptée choisie pour mener l'interview, l'interlocuteur anonyme semble dégager un sentiment de suffisance, voire de toute-puissance, quand il conte ses prouesses criminelles. "Nous avons du temps pour discuter. […] Je me fume un gros joint de OG (variété de weed, feuilles de cannabis) mixée avec du haschich (résine de cannabis)", lance-t-il. Un détail inutile, comme pour bien faire sentir à quel point il se sent au-dessus des lois.

Les présentations faites, Max Bearak lui demande quelles sont les motivations du Legion Crew. Le porte-parole autoproclamé reste évasif sur le sujet. Sa plus grande motivation semble être d'embarrasser les personnalités que lui et ses collègues hackeurs méprisent : des gens riches, célèbres, puissants, parfois mouillés dans des affaires de blanchiment d'argent ou de corruption. En témoignent les tweets moqueurs postés sur certains des comptes piratés par les hackeurs. La sensation d'avoir affaire à un simple adolescent révolté se fait plus précise. Quand Max Bearak l'interroge sur une éventuelle identité politique du Legion Crew, comme le suggèrent les analystes, on lui répond : "Nous leur conseillons gentiment de se gazer avec un ballon rempli de zyklon B". Ambiance.

Données sensibles

Mais voilà. Difficile de les prendre au sérieux, et pourtant. Dans les mains de l'énergumène comme celles des autres membres du Legion Crew se trouvent d'énormes quantités de données privées que le groupuscule semble déterminé à rendre publiques – plusieurs térabits (1 000 gigabits), selon ses dires. "Le seul objectif est de mettre en ligne un maximum de données classifiées. Nous sommes un groupe de geeks accros au crime et à la drogue. Est-ce que cela vous semble assez clair ?", s'agace-t-il. On ne peut plus clair. Pour montrer ce dont ils étaient capables, le Legion Crew a fait fuiter une grande quantité (1,2 gigabit) de mails privés de la journaliste Barkha Dutt sur le Net.

Mais il ne s'agirait que d'une infime portion des données piratées. L'anonyme dit avoir piraté avec l'aide du collectif plus de 40 000 serveurs, leur donnant accès auxdites données. Et prépare un gros coup : "Nous allons sûrement faire fuiter de très nombreux fichiers très prochainement en piratant une certaine messagerie électronique comptant plus de 50 000 sociétés clientes". Il se livre à une dernière démonstration de puissance, en assurant être en possession de données appartenant à la plus grosse chaîne d'hôpitaux du pays, Apollo Hospitals, susceptibles de semer le chaos. On n'en saura pas plus, à l'exception de son goût pour la musique électronique et pour l'adrénaline que lui procure cette illégalité du hacking, qu'il confie à Max Bearak.

À supposer que cette mouvance persiste et fasse davantage parler d'elle, nous devrions en apprendre davantage au cours des semaines et mois à venir. 

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