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Prostitution : le bal des hypocrites
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Mauvaise foi

Alors que la loi, assortie de répression, ne semble pas faire reculer la prostitution, le débat est lui-même pollué par la multiplication des hypocrisies.

La punition du racolage est à peine entrée dans les mœurs que les députés s’apprêtent à légiférer pour punir la clientèle des prostituées, selon l’adage "pas de client, pas de prostituées". Difficile de ne pas reconnaître la valeur "scientifique" d’une telle affirmation. Cependant, légiférer de façon répressive sur la prostitution est-il la bonne solution ? La loi sur le racolage soulève bien des problèmes, mobilisant des moyens qui pourraient être utilisés contre les réseaux plutôt que contre les femmes, poussant les prostituées en des lieux discrets moins aisés à contrôler et augmentant la violence faite à ces femmes. 

Quand l’hypocrisie masque l’impuissance

Le Politique est hypocrite. Faire porter la répression sur les prostituées et leurs clients tend à masquer l’incapacité du Politique à lutter contre les réseaux mafieux qui organisent la prostitution, laquelle est une véritable traite. C’est d’esclavage dont il faut parler ici, au sujet de femmes contraintes de venir en France, depuis l’Europe de l’est et l’Afrique, dans des conditions d’une violence extrême. Nombre d’entre elles sont forcées à se prostituer en étant battues, torturées, violées, droguées. Après avoir été trompées et escroquées. La lutte contre la prostitution ne devrait-elle pas plutôt passer par un combat contre les coupables ? Réprimer les prostituées, c’est souvent s’en prendre à des victimes. D’autant que nombre de prostituées le deviennent pour des raisons économiques. Ce sont des femmes seules, qui n’ont pas les moyens d’éduquer leurs enfants, de les nourrir parfois. Une prostitution de la misère, en France, au XXIe  -et non plus au XIXe siècle- : une honte telle que nos élus préfèrent plonger la tête dans le sable plutôt que de poser le véritable problème, lié à la marchandisation de la vie et à son corollaire, l’exploitation des êtres.

Ici, on refuse la législation au prétexte d’une atteinte à la liberté individuelle. Ces groupes ne représentent qu’une faible part de la prostitution, celle qui est librement choisie, extrêmement minoritaire. Que ce soit pour gagner sa vie ou bien pour des raisons parfois artistiques, ainsi les courants se revendiquant de Grisélidis Réal et de sa « révolution des prostituées », forme radicale de féminisme issu du surréalisme poétique. En se présentant comme une minorité opprimée revendiquant des droits légitimes, à l’image de ceux autrefois revendiqués par les homosexuels ou les femmes, ces associations masquent la réalité de la prostitution majoritaire, celle qui est sous la domination maffieuse. Prétention à la défense des individus qui revient à une défense involontaire des réseaux maffieux.

Une grande douleur de notre temps : la misère affective

Hypocrites aussi, des organisations comme Act’Up qui se précipitent dans ce "combat" au nom de la défense des droits des minorités. Les prostituées sont alors considérées comme une "communauté" discriminée. Drôle d’argument. On pourrait tout aussi bien affirmer de façon ubuesque que les hommes blancs et hétérosexuels sont une "communauté" discriminée, puisque les femmes ne paient pas pour obtenir des services sexuels de leur part. Des hommes massivement discriminés en somme, n’ayant pas la liberté individuelle de faire rétribuer leurs services par celles qui les rejoignent sous la couette.

Multiples hypocrisies et même hypocrisie généralisée qui cache une des grandes douleurs de notre temps, la misère affective. Car le client que l’on veut punir n’est que rarement un délinquant, il est bien plus souvent un homme seul. Qui masque aussi le développement du marché de la prostitution virtuelle, développement encouragé par l’Etat : zappez un peu sur les canaux "inoccupés" de votre TNT, vous verrez… 

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