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Le tsunami bleu Marine emporte tout sur son passage
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Partis politiques, sondeurs, communauté

Quelle pagaille ! La percée de marine le Pen dans l’opinion sème la zizanie à tous les étages de la société française. Dans les partis politiques, on tergiverse, on patauge, on s’invective.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Au bureau politique de l’UMP de mardi, un membre aussi prudent qu’éminent a demandé à Jean-François Copé quelle était la consigne de vote en cas de duel FN-PS aux cantonales, dans des circonscriptions - il y en a ! - où l’UMP n’a pas de candidat. Embarras du chef  et de ses lieutenants qui ont mis la question à l’ordre du jour de la semaine prochaine. Nathalie Kosciusko-Morizet a courageusement annoncé qu’en cas de 21 avril à l’envers en 2012, elle appellerait à voter socialiste, mais pour l’instant, la ministre de l’Ecologie n’a pas entrainé grand monde à sa suite.

Au PS, nombreux sont ceux qui estiment que rejeter la responsabilité de la montée du FN sur le seul Nicolas Sarkozy relève de l’aveuglement. Mais Martine Aubry, sommée d’inventer autre chose, semble sonnée par les enquêtes qui la donnent éliminée au premier tour. Et voici que les fameuses primaires créées pour moderniser la désignation du candidat socialiste sont dénoncées comme un piège par plusieurs barons de la rue de Solférino, notamment Michel Vauzelle, au nom de l’intérêt supérieur de la gauche, voire du pays.

Ceux qu’on appelle généralement les petits candidats (potentiels) sont eux aussi soumis à rude épreuve. De Hervé Morin à Eva Joly en passant par Dominique de Villepin ou Jean-Pierre Chevènement, tous vont désormais être soumis à LA question : « Ne craignez-vous pas de favoriser la qualification de Marine Le Pen au second tour en maintenant votre candidature ? »  On les imagine déjà sortir les rames… Accessoirement,  la plupart risquent, face à la menace FN, de rencontrer des difficultés à l’heure de collecter les 500 signatures d’élus nécessaires pour se présenter devant les Français.

Plus surprenant, le monde des sondeurs où l’on se serre généralement les coudes face aux agressions extérieures s’écharpe joyeusement. Haro sur Harris Interactive, sa méthodologie controversée et son goût du sensationnel. Face aux 24% pour Le Pen fille collectés auprès d’internautes par Harris interactive, l’IFOP dégaine aujourd’hui un 21% attribué à la même Marine en restant fidèle aux traditionnels interrogatoires téléphoniques.  Ce chiffre, élevé,  la relègue cependant en troisième position derrière DSK, 29%, et Nicolas Sarkozy, 23%. A priori, la guerre des sondeurs ne fait que commencer.

La communauté juive elle-même vient de vivre un psychodrame autour d’une invitation lancée par Radio J à la présidente du Front National pour un entretien exceptionnel de 40 minutes. L’interview a finalement été enterrée hier sans fleur ni couronne. Plusieurs organisations communautaires dont le puissant Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) ont mis tout leur poids dans la bataille pour obtenir cette annulation. A Radio J, on affirme avoir reçu des « menaces de mort ». En réalité, une fracture s’était dessinée au sein même de la station. Frédéric Haziza, chef du service politique à l’origine de la proposition, a dû affronter le courroux de Michel Zerbib, directeur de la rédaction, soutenu par Guy Rozanovicz, secrétaire général et fondateur de Radio J, tous deux refusant que leur antenne participe à la « banalisation du FN ».

Dans ce climat délétère qui fleure bon la crise de régime, les quatorze mois qui nous séparent de la prochaine présidentielle vont être interminables. A moins qu’un homme d’Etat se lève et siffle la fin de la récré’.

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