Le psychosociologue qui avait trouvé la formule pour faire automatiquement tomber amoureux deux personnes quelles qu'elles soient<!-- --> | Atlantico.fr
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Si l’amour est nécessaire, il ne peut suffire à permettre la longévité d’une relation.
Si l’amour est nécessaire, il ne peut suffire à permettre la longévité d’une relation.
©Reuters

Cupidon

Le psychologue social Arthur Aron a mis au point une méthode qui permet de tomber plus vite amoureux que lors d'une rencontre classique.

Dominic Anton

Dominic Anton

Psychothérapeute systémicien, Dominic Anton débute sa carrière au sein d’hôpitaux spécialisés en psychiatrie. Formé en 1992 à la thérapie familiale au Centre Monceau (Paris) puis en 2000 à la thérapie de couple à l’Espace Famille 92 (Boulogne Billancourt), il s’oriente vers la psychothérapie systémique afin d'apporter aux personnes en difficultés des modes de thérapies efficaces et créatrices de bien être. Installé en libéral à Montrouge depuis décembre 2012, Dominic Anton initie les thérapies familiales à domicile et fait également partie des novateurs dans la thérapie pour personnes isolées, handicapées par le biais de skype ou du téléphone. Pour en savoir plus Site web : http://www.dominicanton.fr Blog : http://www.dominicanton.fr/category/blog/
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Le psychologue américain Arthur Anton a publié, en 1997, une étude expérimentale qui met en place une méthodologie pour créer une proximité interpersonnelle entre 2 personnes, que celles-ci se connaissent ou non. Le principe méthodologique est le suivant : les deux sujets se posent mutuellement une série de 36 questions personnelles puis se font face en silence pendant 4 minutes. Au vu des résultats, le psychologue constate que se poser une série de questions très personnelles permet de connaitre intimement et plus rapidement le partenaire. Cette procédure permet d'établir une fidélité, une dépendance, un engagement et bien d'autres aspects de la relation interpersonnelle. De plus, se poser directement ces questions permet d'arriver rapidement à une relation qui, sans cela, pourrait mettre beaucoup plus de temps à se développer. L'échange permet alors de créer un noyau solide, une confiance mutuelle et une intimité.

Atlantico : L'expérience décrite privilégie les questions directes, intimes alors que les deux personnes ne se connaissent pas forcément. Que pensez-vous de cette méthode ? N'est-il pas mieux de commencer par une connaissance "externe" de la personne (ses habitudes, ce qu'elle aime, ses activités etc) avant d'aborder des questions beaucoup plus personnelles ?

Dominic Anton : L’expérience proposée par Arthur Aron il y a 18 ans, est à mon sens une forme très proche de ce qui peut se jouer dans les rencontres qui se font par le biais de sites de rencontre par exemple. L’effet que cela produit est une immédiate impression que l’autre est d’une grande proximité, qu’il a une perception évidente de mon être. Je ne suis pas du tout certain que cette méthode modifie vraiment le fond de la rencontre, pas plus qu’elle ne protège la relation sur le long terme. S’il importe de créer un espace de confiance, une rencontre autour de l’intimité qui puisse être parlée, que va-t-on découvrir de l’autre au fil des mois, des années, qui n’aura pas été abordé et qui surgira comme un problème ? Existe t-il concrètement un modèle qui définirait la forme de la rencontre qui la rendrait pérenne au long cours ? Peut-on juste en abordant l’intimité immédiatement assurer que l’on rencontre celui ou celle qui nous accompagnera ? Si l’on considère qu’une rencontre amoureuse ne se fonde pas uniquement sur ce que nous pouvons exprimer consciemment, mais également sur des phénomènes biochimiques ainsi que sur des messages non verbaux, peut-on croire que des couples se formeront et ce, à long terme, après avoir répondu à un questionnaire sur leur intimité ? Je pense que non car ce serait faire abstraction de toutes les interactions qui peuvent surgir dans les parcours de chacun. Il ne faut pas oublier que nous sommes tous imprégnés d’une histoire propre et unique, et que si nous avons des valeurs et codes communs, l’histoire individuelle n’est commune à aucune autre histoire. Le couple ne peut faire abstraction d’étapes dans sa construction, nous connaissons tous ce premier temps qui rend « fou amoureux », cette période qui nous met dans un état de manque de l’autre, ce besoin constant d’être en contact. Cette période n’autorise pas vraiment la rencontre de l’autre. Si elle est qualifiée par le mot "amour" en réalité, nous pourrions la nommer par le mot "fusion". C'est un véritable temps de dépendance et il est nécessaire, après cette période de rencontrer l’autre, d’apprendre à respecter et reconnaître notre compagnon, afin de créer la relation.

Des sujets de l'étude qui ont répondu ensemble aux questions se sont mariés 6 mois plus tard. Est-ce une solution pour rencontrer plus vite son "âme sœur" que d'aborder des sujets intimes dès le début de la relation ?

Cette méthode est par essence une réponse qui peut laisser entendre que nous avons en face de nous la bonne personne, mais si l’on considère que sur la totalité des couples qui ont participé à cette expérience, un seul s’est marié après six mois, on peut douter de la fiabilité d’un tel système à très court terme. Et ce d’autant plus à une époque où la confusion entre construction d’une relation de couple se confond avec l’amour comme seul carburant de son bon fonctionnement.Si l’amour est nécessaire, il ne peut suffire à permettre la longévité d’une relation, en tout cas, pas tel qu’il est entendu à notre époque. Aussi si une forme de rencontre telle que la propose Arthur Aron, peut donner le sentiment qu’il s’agit bel et bien d’une vraie rencontre, elle ne peut à mon sens durer, de façon générale, cela ne peut donner satisfaction que sur un temps de découverte et de confusion sentimentale. Cette méthode est de plus historiquement déjà très éloignée de nous, elle ne tient pas compte des changements de société importants, des phénomènes culturels incontournables qui ont créé un inconscient collectif.

Peut-on appliquer cette expérience à d'autres domaines que les relations amoureuses ?

La méthode proposée par A. Aron est du reste applicable dans de multiples cadres, professionnel, se lier d’amitié par exemples, il suffit d’adapter les questions en accord avec le cadre, cela se pratique dans diverses approches psychothérapeutiques, ou encore dans certains coaching, cependant elle ne peut être viable sur le long terme. La construction d’une mise en place dans un système relationnel quel qu’il soit ne peut se contenter d’un effleurement, il nécessite une approche plus globale et profonde, une mise en place qui soit dans la prise en compte de la multitude d’éléments qui composent l’interaction relationnelle. Rencontrer l’autre n’est pas uniquement une affaire d’intimité même s’il ne faut pas négliger cet aspect qui reste d’une grande importance pour le bien être de chacun.

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