Le PS, avec ou sans : les deux mauvais choix auquel fait face Arnaud Montebourg pour être candidat<!-- --> | Atlantico.fr
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Il s'agit pour Montebourg d'attirer certains membres du PS qui, pour l'instant, soutiennent François Hollande mais qui pourraient finir par prendre peur à force d'entendre les appels à la dissuasion d'Arnaud Montebourg.
Il s'agit pour Montebourg d'attirer certains membres du PS qui, pour l'instant, soutiennent François Hollande mais qui pourraient finir par prendre peur à force d'entendre les appels à la dissuasion d'Arnaud Montebourg.
©Reuters

Verrous

Face à un bilan qu'il juge "indéfendable", Arnaud Montebourg multiplie les attaques contre François Hollande afin de le dissuader de se porter candidat à la primaire de la gauche. Cette stratégie pourrait constituer le seul moyen pour l'ancien ministre de l'Economie de remporter l'investiture socialiste pour la présidentielle, compte tenu de son isolement au sein du PS et de son absence de ressources financières suffisantes.

Maud Guillaumin

Maud Guillaumin

Journaliste à Europe 1, BFM, ITélé, Maud Guillaumin suit pour le service politique de France-Soir la campagne présidentielle de 2007. Chroniqueuse politique sur France 5 dans l’émission Revu et Corrigé de Paul Amar, puis présentatrice du JT sur LCP, elle réalise également des documentaires : « Les Docs du Dimanche », « Les hommes de l’Élysée » sur les grands conseillers de la Ve République et « C’était la Génération Mitterrand » transposé de son livre Les Enfants de Mitterrand (Editions Denoël, janvier 2010). Elle écrit également dans la revue littéraire Schnock. Elle est l'auteur de "Le Vicomte" aux éditions du Moment (2015).

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Atlantico : Depuis qu'il a officialisé sa candidature à l'investiture socialiste pour la présidentielle, Arnaud Montebourg se montre de plus en plus offensif dans ses attaques contre François Hollande, appelant l'actuel chef de l'Etat "à ne pas se représenter (...) car il ne peut que mener à une élimination programmée (de la gauche) dès le premier tour de la présidentielle". Dans quelle mesure Arnaud Montebourg pourrait-il effectivement parvenir à dissuader François Hollande de se porter candidat ? 

Maud Guillaumin : On peut remarquer actuellement une sorte de blaste à la Arnaud Montebourg. En effet, aussi bien lui que ses lieutenants montent au créneau pour attaquer directement François Hollande sur le caractère "catastrophique" que constituerait sa candidature, et les conséquences que cela engendrerait pour la gauche lors de la présidentielle. Affirmer que voter Montebourg, c'est s'assurer la victoire, est tout de même plutôt vendeur par opposition. Pour le moment, Arnaud Montebourg attaque le président sur des points que l'on connaissait déjà, notamment leurs discordes qui remontent à son éviction du gouvernement. Ce qui sera de plus en plus violent résidera dans les attaques directes de Montebourg à l'égard de François Hollande sur les évènements qui surviendront au cours des six prochains mois. Ainsi, il risque de faire monter de plus en plus la pression, quitte à diviser le PS. Il s'agit également pour Montebourg d'attirer certains membres du PS qui, pour l'instant, soutiennent François Hollande mais qui pourraient finir par prendre peur à force d'entendre les appels à la dissuasion d'Arnaud Montebourg. 

Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, a analysé les récents propos tenus par Arnaud Montebourg comme une "stratégie qui vise à essayer de dissuader le président de la République". Au regard de ses forces et de ses faiblesses, est-ce la bonne stratégie à adopter pour que Montebourg ait une chance à l'investiture socialiste pour la présidentielle ?

Il est évident qu'Arnaud Montebourg est obligé d'attaquer fort. Outre la dissuasion, c'est davantage sur le terrain qu'Arnaud Montebourg pourra creuser l'écart et ainsi faire la différence ; c'est d'ailleurs ce qu'il avait fait lors de sa campagne pour la primaire en 2011, en allant convaincre au plus près de la population, dans les villages, etc. Son côté tribun s'exprimant de manière offensive dans les grands médias - qu'il maîtrise très bien - ne suffira pas à rassembler la population autour de sa candidature. 

Les ressources financières dont dispose/peut disposer Arnaud Montebourg sont-elles suffisantes pour lui permettre de se présenter sans l'appui du PS ? Peut-il vraiment, à ce titre, refuser de passer par la primaire comme il a pu le laisser entendre ?

Il est vrai qu'il a commencé à émettre cette hypothèse assez tôt puisque déjà, lors de l'ascension du Mont-Beuvray, il avait lancé un appel aux soutiens financiers ; il y avait même eu, par la suite, une chaîne de SMS pour soutenir le projet France. On voit donc bien qu'il essaye d'être le plus indépendant possible. Toutefois, on se rend compte - car nous ne sommes pas aux Etats-Unis - qu'il ne va pas pouvoir bénéficier miraculeusement d'un soutien financier suffisant aussi important que celui dont il pourrait bénéficier s'il passait par la primaire socialiste. Pour ces raisons, je ne pense pas qu'il évitera le processus de la primaire, à moins d'un coup de force terrible. De plus, il réclame la tenue de cette primaire à corps et à cris depuis un moment maintenant - s'en dispenser serait donc illogique vis-à-vis de ses alliés et éventuels sympathisants - d'autant plus que la primaire est une grosse machine dont il connaît bien les rouages ; il sait comment il a réussi à attirer 17% des suffrages en 2011.  

A quels risques pourrait-il être confronté dans le cas où il accepterait finalement de passer par la primaire ? Ceux-ci n'ont-ils pas été accrus depuis que Benoît Hamon, moins isolé que Montebourg au sein du PS, s'est également porté candidat ? 

Je pense que tous les deux vont un peu jouer la concurrence, mais jusqu'à un certain seuil. Leur ennemi commun, c'est François Hollande. De ce fait, ils ne vont pas perdre trop de temps à s'affaiblir mutuellement parce qu'ils savent au fond que cela ne leur permettra pas d'obtenir les voix nécessaires. Leur objectif est donc d'attirer les sympathisants PS tentés de se placer derrière François Hollande. 

Il est incontestable que Benoît Hamon dispose d'une suprématie par rapport à Arnaud Montebourg dans la mesure où il a véritablement les deux pieds ancrés au sein du PS. Néanmoins, face à François Hollande, Benoît Hamon se retrouvera confronté aux mêmes difficultés qu'Arnaud Montebourg. A cet égard, je crois beaucoup au ticket gagnant Arnaud Montebourg-Benoît Hamon ; il y a d'ailleurs un certain nombre de sympathisants de Benoît Hamon qui espèrent ce partenariat. Reste à voir ce qui se produira véritablement en décembre...

Au regard de la démission ce mardi d'Emmanuel Macron, pourrait-on également envisager un rapprochement avec Arnaud Montebourg contre François Hollande ? 

Je ne le pense pas du tout, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, Arnaud Montebourg est une personnaltié qui veut être dans la lumière ; se rapprocher d'Emmanuel Macron l'éclipserait complètement. Ensuite, il ne faut pas oublier qu'Emmanuel Macron a pris le poste d'Arnaud Montebourg au ministère de l'Economie. Immédiatement après sa prise de fonction, Emmanuel Macron a rejeté en bloc ce qu'Arnaud Montebourg avait fait ou voulait faire pour changer la profession notariale, le travail le dimanche, etc. N'oublions pas aussi que la loi Macron a été fortement décriée par Arnaud Montebourg.

Propos recueillis par Thomas Sila

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