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Le programme de Mélenchon est-il l’équivalent des casseroles de Fillon ?
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La poussière sous le tapis

A 10 %, on se fichait comme d’une guigne de ce qu’il y avait dans le programme de Mélenchon. Il pouvait bien vouloir réquisitionner l’hôtel particulier des Bettencourt et épouser Vladimir Poutine, ça restait folklorique. A 18 %, on s’y intéresse autant qu’aux CDD de Penelope. Criera-t-il au complot de cabinet noir ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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La découverte du programme de Mélenchon, c’est un peu comme celle des affaires de Fillon après sa victoire à la primaire LR. Tant que le bonhomme restait dans son rôle de grand petit candidat et amusait la galerie en tonitruant sur les estrades qu’il était le bruit et la fureur, personne n’avait l’idée d’aller y jeter un coup d’œil, même pas ses proches.

On savait vaguement qu’il était très à gauche, n’aimait pas trop l’Europe et les banquiers, et c’était à peu près tout. A près de 20 % d’intentions de vote et avec son irruption dans la bande des quatre, comme on disait sous Deng Xiaoping, on commence à y regarder de plus près et ça fait presque aussi mal que 30 années d’emplois fictifs et de costumes Mao sur mesure.

La trouvaille la plus marrante de ces dernières heures, c’est l’intégration de la France à l’Alliance bolivarienne en lieu et place de l’Union européenne, ce ramassis d’ultra-libéraux allergiques à la dérive des comptes publics. Comme pas mal de gens, je ne savais pas ce que c’était, cette alliance. Mais je suis allé sur Wikipédia et j’ai vu que c’était l’association d’un groupe de dictatures ou de régimes autoritaires sud-américains, dont le Venezuela et Cuba, auxquels se sont joints, en tant qu’observateurs, l’Iran et la Russie (qui ne sont pas exactement des pays d’Amérique latine mais semblent partager une certaine proximité idéologique avec les membres de plein droit).

Quitter l’UE et l’OTAN, abandonner l’euro, c’était effectivement prendre le risque d’un certain isolement international. Mais avec cette alliance de rechange avec des contrées où coulent le lait et le miel de la démocratie participative et de la prospérité, on ne resterait longtemps pas à poil dans le froid.

Il y a d’autres trouvailles, dans ce programme de la France insoumise, mais il faut du temps pour l’éplucher. Jean-Luc est en effet aussi bien parti pour ranimer la guerre scolaire difficilement éteinte par François Mitterrand himself en revenant sur tous les accords régissant le statut des établissements privés sous contrat. Ça promet.

Il ne reste plus beaucoup de temps avant le premier tour, et sans doute Mélenchon espère-t-il pouvoir surfer sur « sa vision » sans trop entrer dans les détails jusqu’au jour J, mais on pressent que ça ne va pas être si fastoche. D’ici à ce qu’il se mette à fillonniser au Trocadéro en expliquant que c’est un complot du cabinet noir, assurant même que, dans le temps, on pouvait mettre n’importe quoi dans un programme de gauche radicale et que les Français ne se formalisaient pas, il n’y a qu’un tout petit pas.

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