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Le plan secret de Macron pour convertir la France à l’optimisme
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Atlantico Business

Emmanuel Macron sera sans doute le prochain président de la République. Mais il sera élu par défaut. Le plus dur reste à faire, il doit très vite prouver qu‘il est capable de sortir le pays de sa déprime.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Soyons, pour une fois optimiste. Emmanuel Macron aura prouvé contre l’avis de beaucoup qu’il avait les qualités pour conquérir le pouvoir. Il sera probablement lundi président de la République. Au départ, personne n’y croyait. Tout le monde ne voyait dans son aventure qu'un effet de mode. Emmanuel Macron a eu de la chance, c’est vrai, de trouver une situation favorable à l'émergence d’un homme nouveau. Mais cette chance est une composante du talent.

Macron avait donc, toutes les qualités pour devenir président de la République. Mais le paradoxe que toutes les analyses et les sondages soulignent est que la majorité de ceux qui ont voté pour lui, n'est pas convaincue qu'il ait les qualités pour exercer le pouvoir. Manque de charisme, déficit de crédibilité, d’expérience, de conviction etc. etc.

Emmanuel Macron  élu, oui sans doute, mais plus par  défaut, que par passion. D’abord parce que la fin de campagne de Marine Le Pen aura été tellement lamentable qu’elle a fait peur à beaucoup de ses supporters. Marine Le Pen aura révélé sa formidable énergie à dénoncer des dysfonctionnements, mais arrivée dans l'antichambre du pouvoir, elle aura aussi démontré son incapacité à proposer une alternative crédible.

Par conséquent, beaucoup d’électeurs qui, à l’extrême gauche étaient tentés par le vote FN ou le vote blanc, se retourneront sans doute sur Macron. A la droite, ceux qui étaient tentés par le vote Le Pen ou le vote blanc feront le même chemin vers Emmanuel Macron.

Résultat qu‘on retrouve dans les sondages, l’électorat d’Emmanuel Macron se compose désormais de plusieurs grandes familles. Un socle de convaincus à ses côtés depuis le début (environ 30%) qui lui donnerait une véritable légitimité et des marges d’électeurs qui iront voter par acquis de conscience et compte tenu de la médiocrité de l’offre politique, par défaut parce qu’ils n’auront pas d’autre choix. Qu’ils soient de droite ou de gauche.

Le sondage de l’après-débat réalisé pour Atlantico donnait des résultats très éclairants. 69% des Français n‘ont pas été convaincus par Marine Le Pen (et là, c’est sans surprise) mais ce qui est surprenant, c’est que 55% des Français n’ont pas été convaincus non plus par Emmanuel Macron.

Dans ces conditions, la gouvernance d’Emmanuel Macron va donc être compliquée, en dépit d’un score qui sera sans doute confortable. Et même s’il obtient aux législatives une majorité (ce qui est probable pour les mêmes raisons que celles qui expliquent sa propre élection), la France reste globalement très stressée, très en colère et Macron à l’Elysée ne les rassurera pas, parce que beaucoup dans la population considèrent qu’il n’a pas dans la campagne été à la hauteur de la future fonction. Il a énormément profité (par défaut) du phénomène de rejet que Marine Le Pen a elle-même nourri par son manque d’expertise et sa violence.

L’obligation d’Emmanuel Macron va donc être de créer un mouvement d’adhésion à sa personne, pour obtenir le soutien populaire dont il aura besoin pour transformer ce pays.

S‘il n’obtient pas très vite ce mouvement d’adhésion, ce feeling, il se retrouvera harcelé des frondeurs au parlement et des déçus dans la rue. Il se retrouvera dans une situation de blocage un peu comme François Hollande.

Alors son échec n’est pas écrit dans les conditions de son élection. Si on relit Machiavel (Le Prince), si on écoute les professeurs de sciences politiques, Emmanuel Macron a des marges de manœuvres à conditions qu’il ne fasse pas trop d’erreurs.

Son pilotage passe par l’activation rapide de quatre leviers.

Le premier, c’est une exigence d’optimisme. Au lendemain de son installation, Emmanuel Macron va bénéficier d’une notoriété internationale considérable. Pendant deux ou trois mois, Macron sera présent comme un phénomène,  bras de levier du changement et de la modernité. Son âge, son look de jeune premier, son histoire. Le monde entier va s’étonner que la France ait pu oser porter au pouvoir un tel symbole du changement. Cette image-là va donner à la France, aux entreprises françaises un coup de jeune inespéré et forcément très efficace. Ce coup de jeune se sentira à l’intérieur. Car toute une génération (disons les moins de 40 ans qui n’ont parfois ni job, ni pouvoir, ni même de logement à eux) peut espérer voir des portes s‘ouvrir. Cette situation peut générer un dynamisme, des envies, des innovations qui étaient bloqués qui faisaient que ce pays vieillissait dans le renoncement, et l’aigreur.

Cette situation peut obliger Emmanuel Macron à initier les quelques réformes structurelles qui débloqueraient tout. C’est possible. Lui-même, et son entourage n’auront peut-être pas le choix.

Le deuxième levier, c’est de respecter le principe de réalité ; et le principe de réalité passe par la prise en compte :

-de la mondialisation, qui nous offre des opportunités de progrès ;

- de l’économie de marché, qui nous oblige à être meilleur ;

-de plus d’Europe qui nous protège ;

- de plus d‘innovation, d’investissement et de formation qui sont les véritables carburants de la croissance, de la richesse et des emplois.

Alors globalement, les Français ne sont sans doute pas prêts à accepter toutes les contraintes que cela implique, même ceux qui ont voté Macron, puisqu’ils auront voté par défaut. Mais Emmanuel Macron a l’obligation de délivrer des résultats économiques, il doit donc passer par le respect de ces principes de réalité.

Le troisième levier est d’accepter le principe de responsabilités. Ça signifie simplement, accepter et convaincre des réformes qui permettent d’assumer la réalité. Sans entrer dans le détail, il y en a trois sur lesquelles,  il n'a pas été très prolixe pendant la campagne.

Une réforme du droit du travail, pour instituer plus de flexibilité,

Une réforme fiscale pour que ceux qui créent et qui innovent aient intérêt à le faire en profitant de ce qu‘ils génèrent comme richesses ;

Adapter le modèle social pour tenir compte de l’évolution démographique sur la retraite et l’assurance santé principalement.

Le troisième levier porte sur l’obligation de pragmatisme. Très compliqué à mettre en œuvre dans une France riche de son histoire, de sa culture mais dont l’avenir est encombré de juridisme, d’idéologies souvent contradictoires qui servent à justifier et à protéger des avantages acquis et des petits privilèges. La gouvernance doit tenir compte des avantages acquis par l’expérience, la culture et la lutte sociale, mais quand ces avantages et ses statuts pour quelques-uns est un frein au progrès à moyen et long terme pour tous les autres, il faut absolument les entamer. La France étouffe sous les statuts et les habitudes. Comment changer sans perturber le modèle ? Ca sera le grand défi du quinquennat. 

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