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Le monde t’es foutu, la jeunesse est dans la rue !
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Manifs

Ou comment les jeunes manifestants contre la réforme des retraites se trompent parfois de priorité.

Grégory  Kapustin

Grégory Kapustin

Grégory Kapustin est journaliste et animateur radio. Il dirige l'agence de communication Internet & Concret.

Il a écrit plusieurs ouvrages, dont La jeunesse qui range sa chambre, une génération et ses révoltes (ed. du Cygne, 2008)

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Le monde croit en un idéal qu’il ne peut plus s’offrir car il n’en a plus les moyens et trop de bouches à nourrir : il n’y a tout simplement pas assez de pétrole, d’uranium, d’eau douce, de blé et de bœufs, de fraises en Hiver, pour tout ce beau monde qui demande maintenant des voitures, des plaques à induction, des iPhones, de la viande à tous les repas, la retraite à 60 ans… oui, tout ce dont toi, jeune, tu jouis à chaque jour qui se lève sur ta douce France.

Te voyant défiler par la fenêtre, je me dis que tu devrais penser à ton avenir, à ta survie en fait, et pas à ton confort seulement. Car ce n’est pas de travailler deux ou trois ans de plus qui va « te mettre dedans ». Non jeune ton pire ennemi ne s’appelle pas Sarkozy ; ton pire ennemi, c’est la conjugaison ultime et implacable de la nouvelle consommation de la Chine et l’Inde et ce qu’elles feront pour se l’assurer ; c’est le mode de vie de l’Occident et ce qu’il fera pour le conserver, c’est la pauvreté et la dureté de vie dans le reste du monde et où il migrera pour s’en libérer, c’est le manque de pétrole à bas prix et ce que personne ne fera pour le remplacer.

Un XXIème siècle peu glorieux

Jeune moi aussi, voilà à quoi je pense en me rasant le duvet le matin, et je vois mal comment les indiens se diront que la modernité, ce n’est pas pour eux, comment la Chine ne se battra pas pour des ressources que les Etats-Unis, Total et Areva se sont partagés tranquillement pendant plus d’un siècle, comment les pauvres immigrés n’escaladeront pas les grillages de Ceuta puis ceux du XVIe arrondissement, et comment les occupants des maisons grillagées ne voteront pas pour avoir plus de policiers au milieu.

Les Trente Glorieuses étaient un luxe. Un luxe que s’offraient 10% de la population mondiale et pour cela exploitaient les ressources du reste du monde, naturelles et humaines, une vieille habitude héritée de la nuit des temps. Un luxe qui polluait, et 10% qui polluaient, c’était déjà trop pour la biodiversité, la température globale, la santé des nappes phréatiques. Alors si maintenant tout le monde en veut…

Après le pétrole : la fin du monde ?

De toute manière, nous n’avons plus de quoi : ça ne marche qu’avec un pétrole pas cher (sous les $40 le baril). Le pétrole, ce n’est pas seulement le carburant automobile. C’est ton écran, ton clavier, tes flageolets, ton eau courante, ta mousse à raser, ton stylo, tes études longues, et, oui, tes retraites ! Tout ceci pouvait être des produits de consommation courante, parce que le pétrole ne coûtait rien. Et même si l’on en trouve dans de nouveaux endroits, il sera cher. Cher à extraire, cher à se partager. Le pétrole, c’est la consommation. Le pétrole, c’est la croissance. La croissance, c’est la paix.

Alors oui jeune, manifeste, manifestons, tu as raison, pour économiser cinq ou trois ou dix ans de retraite. Mais n’oublie pas qu’il n’est déjà pas assuré que tu aies une retraite, tout court. Car c’est un luxe.

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