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Le jour où François Fillon a réussi à rebattre les cartes (et où François Baroin a gagné sa journée...)
©emMarketer/Statista

Trocadéro

Il faut toujours regarder la photo...celle de François Fillon entouré de ses soutiens sur le parvis du Trocadéro est éloquente et porteuse d'indices pour la suite des événements.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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l faut toujours regarder la photo... celle de François Fillon entouré de ses soutiens sur le parvis du Trocadéro est éloquente et porteuse d'indices pour la suite des évènements. Y figurent bien entendu ceux, célèbres, et ceux qui le sont moins, qui n'ont jamais douté de leur champion : Bruno Retailleau, Valérie Boyer, Philippe Houillon, Camille de Roca Serra, Gérard Longuet. Pas un juppéiste : ils ont quitté le navire de la campagne Fillon. Pas Xavier Bertrand, le président de la région Hauts de France, ni Valérie Pécresse, la présidente de l'Ile de France, pourtant aux cotés de François Fillon mercredi dernier. On cherche en vain Gérard Larcher, le président du Sénat : il n'a pas rompu avec François Fillon mais est à la recherche d'un plan B, pour l'heure, introuvable... En revanche les sarkozystes occupent le terrain : Luc Chatel et Eric Ciotti, qui collent aux semelles du candidat, ainsi que Philippe Goujon, Damien Abad. Et puis il y a François Baroin ; le sénateur maire de Troyes, président de l'Association des Maires de France, ex-futur Premier Ministre de Nicolas Sarkozy était positionné juste derrière François Fillon. Ce groupe compact avait les yeux rivés sur la foule munie de drapeaux tricolores venue soutenir le candidat, en scandant : " François tiens bon, la France est derrière toi". Même s'il n'y a pas eu "multiplication des pains", au point de l'évaluer à 200.000 personnes, la mobilisation est importante. Tout le monde le sait. Ce meeting a valeur de test. Et le discours de François Fillon est prudent: il reconnait ses erreurs, celle "d'avoir demandé à son épouse de travailler pour lui" , et celle de ne pas savoir comment parler de cette erreur. Il fustige "la désertion assumée sans honte et sans orgueil" de ses anciens coéquipiers et il prend l'assistance à témoin : "Laisserez-vous les intérêts de factions et de carrière et les arrière-pensées de tous ordres l'emporter sur la grandeur et la cohérence d'un projet adopté par plus de quatre millions d'électeurs?", mais il laisse le jeu ouvert : "Je continuerai à dire à mes amis politiques que ce choix à la fois leur appartient et ne leur appartient pas". Autrement dit : "vous pouvez tenter de me remplacer, mais c'est pour mon projet, mon programme que les électeurs de la primaire ont voté et pas pour celui d'Alain Juppé". Cependant François Fillon ne prononce aucune phrase définitive à l'image de "je ne me retirerai pas, je ne cèderai pas", entendue mercredi dernier. Tout reste ouvert. Un bain de foule et une réflexion plus tard, le voilà sur le plateau de France 2. François Fillon apparait détendu ; aucun marque de crispation sur son visage.Il rembarre sèchement cette initiative des trois présidents de région qui veulent lui offrir une "sortie respectueuse", obligeant Valérie Pécresse à revenir sur ses propos dans un twitt quelques minutes plus tard où elle écrit :" nous défendrons coûte que coûte le projet de François Fillon car c'est lui qu'il faut à la France". 


Le projet oui , mais l'homme? Quant au comité politique de LR qui se réunit aujourd'hui, Fillon rappelle que c'est lui qui l'a créé au lendemain de la primaire et prévient : " Personne ne peut m'empêcher d'être candidat. J'ai déjà 1500 parrainages" ( ndlr, soir le triple du nombre requis). Il brandit la menace d'un " hold up démocratique", affirmequ'il n'est pas "autiste" et se déclare ouvert à la discussion". Que pèsent alors les tractations de coulisses qui aboutiraient à une candidature d'Alain Juppé, lequelferait un ticket avec François Baroin, voire à l'idée toujours caressée par certains sarkozystes d'une candidature Baroin tout court? De Bordeaux Alain Juppé doit se poser la question, puisqu'il fait savoirdans la soirée qu'il fera une déclaration ce lundi matin. Quelle que soit la décision du maire de Bordeaux, les dirigeants dedroite devrontrésoudre l'équation suivante:

- ne pas décevoir l' électorat de droite qui réclame dans sa grande majorité le programme de rupture de François Fillon, et qui rejette une candidature d'Alain Juppé , jugé " trop à gauche"; pour empêcher cet électorat de se tourner vers Marine Le Pen, il n'y a qu'une solution, la formation d'un " ticket avec François Baroin , caution sarkozyste, qui reprendrait les grandes lignes du programme de François Fillon, qui serait de nature à éviter une hémorragie en direction du Front National.

- donner satisfaction à l'électorat de sensibilité centriste (-certes minoritaire mais dont l'appoint est indispensable pour constituer une majorité), qui se détourne aujourd'hui de François Fillon et lorgne du coté d'Emmanuel Macron. Pour cet électorat, la présence de François Baroin, auréolé de son passé chiraquien, serait également une hypothèse envisageable. Le maire de Troyes apparait donc incontournable, quel que soit le cas de figure, surtout si François Fillon reste en lice.

Mais le temps presse, et personne n'a les moyens d'empêcher François Fillon d'être candidat. Le candidat baisse dans les sondages. Il clame son innocence et les défections continuent dans son camp. Hier ce sont trente élus de l'Est qui ont appelé François Fillon à" prendre une décision forte ne tenant compte que du seul destin de la France". Mais la solution juridique n'existe pas. En attendant la sortie du tunnel on ne peut faire qu'un constat : la droite en est revenue à la situation dans laquelle elle se serait trouvée avant l'organisation de primaires. Un peu comme si celles-ci n'avaient jamais existé.

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