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Le Front National finira-t-il comme le Parti communiste ?
©REUTERS/Eric Gaillard

Apocalypse tomorrow…

Toutes les apparences semblent démontrer le contraire. Mais il n’y a rien de plus trompeur que les apparences.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le FN a beaucoup de points communs avec le PC de la belle époque, celle de la IVème République. Comme lui, dans ces années-là, il est le premier parti de France. Comme lui, il se bat, seul et sans alliés, contre le système dominant. Comme lui, il pratique l’outrance à tous crins. Comme lui, il capte les voix des déshérités ou de ceux qui se vivent comme tels. 

Les ressemblances s’arrêtent là. Le PC, en effet, n’aspirait pas au pouvoir. Il savait qu’il n’avait aucune chance d’y parvenir. Il attendait donc son salut d’une révolution ouvrière planétaire et libératrice. Ou, plus prosaïquement, avec l’interdiction de le dire, l’arrivée de l’Armée Rouge qui viendrait sauver le prolétariat français. 

Rien de tel concernant le FN. Pas d’Union Soviétique ou d’Armée Rouge sur laquelle compter. C’est pourquoi le parti de Marine Le Pen aspire arriver au pouvoir dans le cadre classique d’un scrutin démocratique. Dans ce but, il change régulièrement de fringues, souhaitant parvenir à la perfection du bon chic bon genre. Jetée à la poubelle la vieille défroque de l’antisémitisme, son habit de baptême pourtant. Mis au placard un vieux monsieur, Jean-Marie Le Pen, qui éructait à tort et à travers. Impitoyablement pourchassés et chassés, les crânes rasés adeptes du salut nazi.

Rien n’y fait ! Le FN est rejeté, tout comme l’était le PC autrefois, par une majorité de Français. Tous les sondages convergent : le parti frontiste est toujours considéré comme une menace sur la démocratie par près de 70% de personnes interrogées. C’est logique. La gauche a fait du combat anti-FN son fond de commerce. Et la droite bien élevée, la droite serre-tête, même si elle déteste le pouvoir socialiste, répugne à sortir avec des voyous un peu frustres. 

Marine Le Pen, qui a des ambitions sans doute plus fortes que ses convictions, en a parfaitement conscience. Elle vient de réunir un séminaire pour tenter de trouver des habits encore plus neufs à son parti. Le contorsionisme est une gymnastique dans laquelle les cadres du FN excellent. Il s’agit de remodeler un FN "apaisé" et donc apaisant. Comment cesser de faire peur ? Une tache prométhéenne. 

Il a été question que le FN abandonne son dogme de la sortie de l’euro. Ça ne s’est pas fait. On ne quitte pas si facilement des fondamentaux. Un compromis a été trouvé : on en parlera moins, le moins possible. L’exemple du camarade Tsipras a servi de leçon, le fier-à-bras grec s’est platement couché devant Bruxelles. 

Et maintenant, se pose la seule question qui vaille : c’est quoi un FN "apaisé" ? Peut-être une affiche avec Marine Le Pen posant comme Mitterrant devant un clocher de village avec le slogan "La force tranquille" ? Cessons de plaisanter. Un FN "apaisé" existe déjà : ça s’appelle Les Républicains ! Le parti de Nicolas Sarkozy s’est suffisamment droitisé ces derniers temps - notamment sur l’immigration et l’islam - pour qu’il puisse séduire l’électorat frontiste. Cette attraction est d’autant plus forte pour les cadres dirigeants du FN : eux aussi aspirent légitimement à devenir députés, ministres ou secrétaires d’Etat. 

L’étiquette FN réduit à néant tous leurs espoirs. Robert Ménard, qui est loin d’être sot, a proposé que le parti change de nom. Il n’est pas le seul à le penser du côté de chez Marine Le Pen. Changer de nom ? Quand on en est là, ça sent déjà un peu le sapin. Frontiste, encore un effort pour devenir Républicains ? Ça prendra du temps. Mais comme pour le PC, l’issue est connue.

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