Le défi Valls : comment répondre à la demande de gauche des militants PS sans trahir les qualités qui font sa force <!-- --> | Atlantico.fr
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Une forte proportion de militants socialistes estiment que Manuel Valls incarne le mieux l'avenir du parti.
Une forte proportion de militants socialistes estiment que Manuel Valls incarne le mieux l'avenir du parti.
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Schizophrénique

Un sondage OpinionWay, paru vendredi 5 décembre, présente un certain paradoxe de la part des sympathisants socialistes. Ainsi, 53% d'entre-eux désirent un virage à gauche du PS, et pensent dans les mêmes proportions que Manuel Valls - à la tête du courant libéral de la gauche - incarne le mieux l'avenir du parti.

Bertrand  Rothé

Bertrand Rothé

Bertrand Rothé est agrégé d’économie, il enseigne à l’université de Cergy-Pontoise et collabore régulièrement à Marianne. Il est déjà l’auteur de Lebrac, trois mois de prison (2009) et co-auteur de Il n’y a pas d’alternative. (Trente ans de propagande économique).

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Atlantico : Volontarisme politique, incarnation d'un certain changement de méthode, capacité au rassemblement... Quelles sont les qualités que les sympathisants socialistes reconnaissent à Manuel Valls ? En quoi est-il apprécié ?

Bertrand Rothé : Si vous permettez, j'inverserais la question. Qu'est-ce que ce sondage nous apprend sur les sympathisants socialistes ? Et là, la réponse est sans ambages, il nous apprend qu'il ne reste plus beaucoup de socialistes au PS ? Certaines mauvaises langues diront que le parti est devenu progressivement une annexe de l'UMP. Je ne suis pas loin de le croire...

C’est normal, Manuel Valls a fait 5,63 % des voix aux primaires, il est aujourd'hui Premier ministre et c'est sa politique qui est mise en place. Les sympathisants PS de l'époque ont du se sentir floué et sont partis. Qui peut leur en vouloir ? La démocratie a été encore une fois bafouée. Voilà un parti sans électeurs et sans sympathisants. Les seuls sympathisants qui restent sont ceux qui ont voté Manuel Valls.

Opinion Way a du interroger ceux qui restaient. Comment ont-ils fait ? Il y’en a si peu... C’est malheureusement plus facile de trouver un UMP partisan de Jean-François Copé ou un chômeur que d’échanger avec un socialiste. J’imagine qu’Opinion Way a du s’adresser aux fils et aux épouses des élus. Hugues Cazenave, le président de l’institut doit bien connaitre deux ou trois jeunes gens opportunistes passés par l'UNEF qui attendent un strapontin pour faire carrière…

Tout cela est très cohérent. Ce qui l’est moins, c’est que les militants n'aient pas tous fui le navire. Au début de la semaine on a appris que seulement un militant socialiste sur deux avait quitté le Parti. C'est peu, si l'on considère toutes les couleuvres que le gouvernement leur a fait avaler depuis 2012.

Comment Manuel Valls pourrait-il faire la synthèse entre ce désir de gauche de la part de son camp, tout en conservant l'image de l'efficacité politique ?

Je vais continuer sur ma démonstration et inverser de nouveau la question. Que cache ce désir de gauche des derniers sympathisants du PS ? La nostalgie d’être un parti fréquentable, généreux, respectueux de ses engagements de campagnes. C’est très difficile de faire le deuil de ces valeurs, et je les comprends, ce sont des valeurs que je partage et c’est pour cela qu’on ne me prendra plus jamais à voter socialiste. 

Pour le reste, il faut vite que Manuel Valls change le nom du parti. Il le souhaite, il faut qu’il le fasse, c’est urgent. Socialiste ne lui convient plus. Qu’est ce que ce gouvernement a de socialiste ? Il est entrain de rogner sur la protection sociale, il obéit à toutes les injonctions des libéraux bruxellois. Le PS doit abandonner son nom, il pourrait s'appeler, "Pour une Europe Libérale" ou "Parti Réformateur".

A quoi devra-t-il faire face pour y arriver ? Quels seront les compromis engagés ?

Cette fois si je me retrouve en phase avec votre question. Vous avez choisi le bon terme. Manuel Valls ne fera jamais de "compromis" à gauche, il ne veut pas se compromettre à gauche. S’il avait du le faire, il l'aurait déjà fait. Il se rêve en héraut du libéralisme.

Pour les prochaines élections, Nicolas Sarkozy occupe déjà les starting-blocks. Manuel Valls sait que pour cette fois, il est grillé. Il pense sûrement aux coups d’après. Ses consultants en communication doivent y réfléchir. Dans sept ans, qui sera le concurrent de Manuel Valls ? Est-ce NKM ou Wauquiez ?

Benoît Hamon, n'obtient quant à lui que 4%. Peut-on y voir également un renoncement à l'idéal d'égalité sociale, dans un contexte économique - croissance atone, déficits publiques non-maitrisés - qui ne permet pas de conduire une vraie politique de gauche ?

Je pense que le peu de partisans qu'il reste à Benoît Hamon s'explique pour d'autres raisons.  Benoit Hamon a eu du pouvoir, il a participé au pouvoir, il a été ministre de François Hollande et qu'a-t-il fait ? Pas grand chose, voire rien. Rien ! Oublié les beaux discours de gauche, oublié les valeurs de gauche. C'est sûr qu'aujourd'hui les français peuvent douter de la sincérité de cet homme et je les comprends.

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