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Le déclin de la France dû à la montée de l'Asie ? L'idée reçue qui tue le pays à petit feu
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Le nettoyeur

Cette semaine, Pascal-Emmanuel Gobry revient sur les propos tenus par François Fillon à propos du déclin de la France.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Jeudi sur Europe 1, François Fillon a dit, au détour d'une phrase, quelque chose de totalement faux, qui n'a évidemment pas du tout été relevé, et qui est tellement révélateur d'une mentalité répandue dans toute la société française, une mentalité qui nous tue à petit feu. La phrase : le déclin économique de la France serait dû “à la montée du continent asiatique.”

C'est évidemment absurde, mais il est important de savoir pourquoi, et de savoir pourquoi François Fillon a dit ça.

La mentalité qui sous-tend la remarque si révélatrice de François Fillon, c'est la vision d'un monde à somme nulle, c'est-à-dire un monde où pour que quelqu'un gagne, il faut que quelqu'un d'autre perde.

La vision d'un monde à somme nulle s'oppose à une vision à somme positive, c'est à dire un monde où tout le monde peut gagner, ou même mieux, un monde où pour gagner il faut faire gagner les autres.

Un des thèmes que j'ai voulu faire ressortir dans ma série, c'est justement cette idée que le monde est, et peut être, à somme positive.

Quand on regarde les débats politiques français, on voit qu'ils sont parfaitement sous-tendus par une mentalité à somme nulle. Il y a un gâteau, de taille fixe, et la différence entre la gauche et la droite c'est comment répartir les parts de ce gâteau, pas faire augmenter la taille du gâteau pour que tout le monde en ait plus. Lorsque Ségolène Royal a voulu faire du “gagnant-gagnant” un thème central de sa campagne présidentielle, elle a été reçue par un concert unanime de railleries, alors que c'est l'idée fondamentale du 21ème siècle.

Le débat autour des niches fiscales est particulièrement instructif : il ne s'agit toujours et jamais que de comment prendre à Pierre pour donner à Paul, et jamais de faire en sorte que Pierre et Paul puissent progresser ensemble. Idem avec la politique économique, idem avec les syndicats—de salariés comme de patrons. L'idée est toujours de prendre ma part du gâteau aux dépends des autres, au lieu d'essayer d'agrandir le gâteau.

Lorsque nos partenaires économiques s'enrichissent, nous nous enrichissons. Le développement du continent asiatique est un des événements les plus positifs et les plus heureux de l'histoire de l'humanité. Des centaines de millions de gens sont sortis d'une pauvreté horrible, et en s'enrichissant, ils nous enrichissent nous en devenant des partenaires commerciaux. Est-ce que M. Fillon, homme de droite, voudrait que la Chine revienne au totalitarisme maoïste ? L'asiophobie est aussi un problème d'Arnaud Montebourg.

Le problème de la mentalité à somme nulle est qu'elle s'auto-entretient. Si tout le monde voit un gâteau à la taille immuable et se bat pour avoir sa part aux dépens du prochain, le gâteau ne grossira jamais. On aura une atmosphère de pessimisme, une croissance en berne, la méfiance et les conflits sociaux. Mais ça sera impossible tant que nos élites resteront prisonnières d'une vision du monde à somme nulle.

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