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Le couple Valls-Macron a pris l’essentiel du pouvoir sur François Hollande.
Le couple Valls-Macron a pris l’essentiel du pouvoir sur François Hollande.
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Le monde des affaires a acquis la conviction ce week-end, que le couple Valls-Macron a pris l’essentiel du pouvoir sur François Hollande. Cette forme de coup d’État au sein de l’exécutif va créer une confrontation de plus en plus violente avec la majorité socialiste. Cette situation est unique dans les annales de la 5e République.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Pour les grands patrons qui observent cette évolution depuis le début, le spectacle ne manque pas de sel. Le président de la République dispose légalement de tous les pouvoirs mais n’en exerce que très peu, progressivement déclassé par le Premier ministre et le ministre de l’Économie. La semaine a été caricaturale de cette dualité bancale.

En début de semaine dernière, le journal Le Monde décrit par le menu la relation étonnante entre un président de la République perdu, qui trouve refuge deux ou trois fois par semaine chez son secrétaire général, Jean Pierre Jouyet. Situation pathétique et papier meurtrier pour le Président.

En fin de semaine, dans le JDD, Emmanuel Macron revient sur la nécessité d’engager des réformes de la sphère sociale, l’assurance maladie, l’assurance chômage et la famille. Des réformes dont le Premier ministre avait déjà parlé. Elles avaient provoqué un tir de barrage du côté de l’Elysée.

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En fait, tout cela signifie que le premier ministre et son ministre de l’Économie ont pris le pouvoir pour initier des réformes de modernisation. Tout le monde le sait et chacun joue sa partition. Les patrons l’ont très bien compris et pour eux, ce coup d’État a trois effets.

D’abord, ils considèrent que tout se joue à Matignon et à Bercy. Ils alimentent donc ces deux lieux d’idées, de projets et d’arguments. Tous les tenants d’une société française libérale, européenne et intégrée à la modernité mondiale ont très bien compris qu’il y avait désormais une course de vitesse engagée entre ceux qui croient au progrès libéral (l’euro, l’Europe fédérale, la compétitivité et le jeu de la concurrence mondiale) et ceux qui préfèrent des options plus conservatrices, socialistes d’extrême gauche ou sociales et souverainistes. Bref de Zemmour à Mélenchon en passant par Montebourg et Marine le Pen. Pour le monde de l’Économie et des affaires, cette coalition hétéroclite est redoutable. Il faut donc que les forces libérales dégagent des résultats et rapidement. D’où le discours sur les réformes.

Ensuite, deuxième effet, les patrons ont bien compris que le pouvoir de nomination des grands commis de l’État (hauts fonctionnaires, ambassadeurs) et des grands patrons d’entreprises où l’État a des intérêts, appartient désormais au Premier ministre et à son ministre de l’Économie. C’est donc à Matignon qu’il faut intervenir. La reconduction de Proglio, la succession de Gérard Mestrallet chez GDF-Suez, le renouvellement de la gouvernance d’Areva, Air France qui inquiète encore tout le monde, la fiscalité des sociétés autoroutières…Autant de dossiers sensibles qui ne sont plus gérés à l’Elysée.

Enfin, troisième effet, plus politique cette fois. La majorité de gauche est vent debout. Le couple Valls-Macron parie sur le retour au calme des députés socialistes lors des votes importants. L’argument est simple, les députés ne prendront pas le risque d’une dissolution. Ils perdraient leur job. Vulgairement, s’ils votent bien, ils tiennent encore trois ans. En attendant, ils grognent. Ce week-end, le JDD avec Macron en une s’est bien vendu mais la météo de gauche a été très orageuse.

Cette situation est d’autant plus bizarre que le Premier ministre et son ministre de l’Économie savent bien que le calendrier ne permet pas de finaliser le tiers des réformes dont ils parlent. Dans ces conditions, que recherchent-ils ? Pour les analystes du patronat, le couple au pouvoir a deux scénarios possibles. Un scenario économique et un scénario politique.

Premier scenario, la seule annonce des réformes peut restaurer la confiance et calmer les marchés. Dans ce cas, ils peuvent espérer un début de résultats lié à l’investissement qui pourrait ainsi repartir, si la crédibilité du pouvoir était rétablie.

Le deuxième scenario plus politique envisage un blocage total de l’action gouvernementale au premier semestre de l’année prochaine et la démission de Manuel Valls, qui choisirait alors de quitter ce Titanic gouvernemental avant qu'il ne sombre. Il le quitterait en ayant avec Emmanuel Macron semé assez de petits cailloux pour indiquer le chemin d’une rénovation sociale libérale de la gauche et de la société française. Un chemin qui conduirait à une élection présidentielle. Pourquoi pas. Un homme politique en situation de pouvoir ne fait jamais rien gratuitement. Il peut avoir des convictions, il a surtout des intérêts à défendre.

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