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La rubrique des chiens écrasés a fait son temps : elle a été remplacée par celle des hommes écrasés !
©Pixabay

Mourrez en nombre

Avant la mort d'un chien valait quelques lignes dans les journaux. Aujourd'hui il en est de même avec celle un homme.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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"Patron, y'a un mec qui a attaqué au couteau des policiers devant Buckingham Palace !" "Ah, et la reine d'Angleterre elle a quoi ?". "Bah rien!". "Bof, on laisse tomber". "Patron y'a un autre mec avec un couteau qui a été abattu par des militaires à Bruxelles!". "Et le roi des Belges il a quoi ?" "Rien patron!". "Bof, ça vaut rien!". "Mais il a crié Allah Akbar!". "Et alors c'est une façon comme une autre de dire bonjour…".

Ainsi vont les choses. Le train-train quotidien. Comme les embouteillages sur la route des vacances. Comme les retards de la SNCF à la gare St Lazare. Comme la cohue pendant les soldes. C'est banal. Habituel. Récurrent. Un homme fonce avec sa voiture sur une pizzeria et tue une fillette. Bof! Un autre homme lance son véhicule sur un abribus à Marseille il fait un mort. Bof!

C'est répétitif. Monotone. Et les journaux se lassent. Ils en font une brève comme naguère pour les chiens écrasés. Il leur faut du sérieux, du massif, du sanglant. Deux Boeings sur les Twin Towers à New-York… Un massacre à Charlie Hebdo… Une tuerie au Bataclan… Un camion bélier à Nice… Un prêtre égorgé dans son église…

Les journaux s'habituent. Et ce faisant ils essayent de nous convaincre de nous y habituer nous aussi. Un type avec un couteau dans la rue c'est pas pire qu'un ivrogne qui vous bouscule. Une voiture qui écrase des piétons c'est d'une certaine façon un accident de la route.

Cette manière de voir les choses a été théorisée par Pascal Boniface, un géopoliticien qui a fait de la défense de l'islam et de l'islamisme son sacerdoce. Dans un texte qu'il faut lire absolument il aligne les statistiques sur les morts dues à l'alcoolisme et aux accidents de la route. Des milliers! Et on n'en fait pas tout un plat, se plaint-il, alors que pour les attentats islamistes…

Que de brèves en perspective! Car les hommes au couteau sont légion. Nous devrions, parait-il, vivre avec. En effet il se dit et se répète "vous n'aurez pas notre haine". Il y a pourtant des moments de l'Histoire où la haine est de salubrité publique.

A l'époque des chiens écrasés Pierre Lazareff, grand journaliste, faisait ainsi la leçon à ses rédacteurs. "Un chien qui mord un homme ce n'est pas une information. Un homme qui mord un chien c'en est une". Et si nous nous mettions à mordre ? 

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