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La révolte du peuple des Gilets jaunes face à l’aveuglement du pouvoir
©PASCAL GUYOT / AFP

Bonnes feuilles

André Bercoff publie "Le retour des peuples" (Hugo Document). Qu'est-ce qui a fait qu'en quelques mois, le couvercle d'une marmite qui bouillait depuis quarante ans a sauté ? Qu'une élite se retrouva fort dépourvue quand la bise jaune fut venue ? André Bercoff explique pourquoi le peuple refait surface dans tous les domaines, et avec une radicalité inconnue jusqu'alors. Extrait 1/2.

André Bercoff

André Bercoff est journaliste et écrivain. Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l'auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), Qui choisir (First editions, 2012), de Moi, Président (First editions, 2013) et dernièrement Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d'une implosion (First editions, 2014).

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Le peuple est de retour ?

Ça ne ressemble à rien ni à personne. Ça commence à écrire sur Facebook et à pétitionner sur Change.org pour exprimer un certain ras-le-bol quant aux augmentations prévues sur le prix des carburants, au nom de la sauvegarde de la planète. Les premières réactions en haut furent à la fois ironiques et courroucées : Quoi ? Ces manants n’ont pas encore compris que la France allait mourir sous les effets du CO2, des particules fines et de la pollution automobile ? Payez, nous ferons le reste : ainsi essaya de s’installer le faux-culisme institutionnalisé d’un pouvoir qui cherchait désespérément des alibis face à sa nécessité de tondre encore plus les moutons et qui avait décidé que le seul moyen d’agir était de les culpabiliser. « La bourse ou la vie », vieil adage des bandits des grands chemins et des dandys des grandes administrations.

Mais voilà : la coupe était pleine, certains l’avaient pressenti, mais personne ne se doutait que le paysage allait se modifier à la vitesse du son. Irruption d’individus sans étiquette partisane ou syndicaliste, sans idéologie labellisée aux normes de la doxa électorale traditionnelle, qui se rassemblent sur les ronds-points, hommes et femmes de tout âge, de toute conviction, de toute origine, simplement reconnaissables à une couleur vestimentaire qui leur fut immédiatement signe de ralliement.

Troublant. Génération spontanée, auto-organisée, échappant à toute récupération, sans chef, sans hiérarchie, sans service d’ordre, avec dans toutes les têtes la paraphrase du logo cartésien : j’en ai ras-le-bol, je manifeste, j’arpente, je bloque, donc je suis. Et ça prend. Ça s’étend dans tout le pays.

De quoi s’agit-il ? Tout simplement, de plus d’une centaine de milliers de gens qui rient jaune soleil. Et qui, au-delà des revendications qui commencent à apparaître en désordre, sont heureux de se rassembler, de se reconnaître et de reprendre une conversation que l’on croyait définitivement ensevelie dans la solitude d’individualités condamnées à l’onanisme frénétique des écrans tactiles.

Les voici devenus mouvement. Et les pouvoirs constitués de se gratter l’occiput. Ne s’étaient-ils point engagés sur les chemins glorieux d’une République exemplaire, d’une Nation start-up où l’on allait réenchanter le monde en construisant l’Europe du bonheur sur fonds de mondialisation jouissive ? La jeunesse énarque, bancaire et ministérielle, les hussards imberbes de la conquête élyséenne, unis comme les doigts de la main, allaient tout changer en élaborant des PowerPoint aussi complexes que visionnaires. Certes, ils ne connaissaient pas la douleur des salaires minimums et les fins de mois difficiles, l’anxiété de la mère célibataire au moment des vacances, l’angoissante monotonie des travaux répétitifs, mais point de démagogie : tout le monde ne peut pas être au sommet, il est une sélection naturelle et nécessaire entre gagnants et perdants, et ce n’est point par hasard qu’ils sont devenus les maîtres du monde, n’est-il point ?

Enfin Macron vint, juvénile transgenre qui savait plaire à tout le monde en regardant son interlocuteur dans les yeux et en lui faisant comprendre qu’il était la personne la plus importante de sa trajectoire. Veni, vedi, vici.

Retrouvez également l'entretien d'André Bercoff 

Extrait du livre d’André Bercoff, "Le retour des peuples", publié chez Hugo Document.  

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