Santé
Alzheimer : Il est plus facile d'empêcher un sexe ou un sein de ramollir qu'un cerveau...
Avec le vieillissement de la population, de plus en plus de Français - comme Liliane Bettencourt - sont atteints d'Alzheimer. L'investissement scientifique pour guérir de cette maladie est-il suffisant ?
Atlantico : Le physicien brésilien Drauzio Varella aurait déclaré : "Dans le monde actuel, nous investissons cinq fois plus d’argent en médicaments pour la virilité masculine et le silicone pour les seins des femmes, que pour la guérison de la maladie d’Alzheimer. Dans quelques années, nous aurons des femmes avec des gros seins, des vieux à la verge dure, mais aucun d’entre eux ne se rappellera à quoi ça sert”...
Jean-François Bergmann : C’est beau. Mais c’est faux ! Car justement, les thématiques préférées de la recherche clinique et du médicament sont des pathologies fréquentes, chroniques et qui arrivent dans des pays riches. C’est-à-dire qu’on ne préfère pas les antibiotiques car c’est un traitement bref. On ne préfère pas le paludisme parce que cela concerne des pays pauvres...Mais Alzheimer est typiquement la pathologie chronique par excellence. Quand on va traiter un malade, on va le soigner des années et des années. Et en plus, il est généralement nord-américains ou européen. Il est donc riche et il peut payer ! C’est donc la typologie pour laquelle les efforts de recherche dans le développement des médicaments sont considérables !
Alzheimer est beaucoup plus rentable que le silicone. Une fois que vous avez mis le silicone dans le sein d’une femme, ça tient pendant vingt ans ! Et donc on ne gagnera que quelques centaines d’euros sur cette grande période...
Et pour le Viagra ?
Alors pourquoi la recherche d’Alzheimer est-elle si discrète ?
Le seul problème est que la recherche dans le domaine de la maladie d’Alzheimer est difficile. Développer des médicaments dans les pathologies dégénératives - liées à la dégénération de l’âge telles que l’arthrose, la fibrose pulmonaire, la cirrhose du foie, l’insuffisance cardiaque ou la maladie d’Alzheimer est infiniment plus difficile car ce sont des processus très lents et irrémédiables. Donc, bloquer ou faire régresser un processus irrémédiable est - par définition - très difficile...Mais si les laboratoires pouvaient avoir des pistes sur la maladie d’Alzheimer, ils se jetteraient dessus comme des bêtes ! On ne voit pas de médicaments anti-Alzheimer parce que les labos ne cherchent pas mais parce qu’ils ne trouvent pas ! Des dizaines de laboratoires travaillent sur ce sujet à travers le monde ! Il ont beaucoup avancé sur la plaque amyloïde dans le cerveau, la protéïne Tau (que l’on trouve dans le liquide céphalo-rachidien des malades atteints d’Alzheimer), des tests en IRM (imagerie par résonance magnétique), d’éventuels vaccins...
Bref, il existe énormément de choses - dont la plupart ne débouchent aujourd’hui sur rien ! Tout le monde en est désolé. Mais ce sont d’abord les labos qui investissent - et beaucoup !
Vous voulez dire que la course pour soigner la maladie d’Alzheimer bat son plein, mais que cela ne se voit pas ?
Ca se voit si vous lisez des revues spécialisées en recherche fondamentale. Mais si vous ne regardez que le “travail fini” en thérapeutique, aujourd’hui, en effet, ça ne se voit pas... De même, ça ne se voit pas dans l’arthrose - à part le chirurgien qui peut vous changer des articulations alors qu’on ne peut pas vous changer le cerveau...
L’arthrose ne se soigne pas mieux que la maladie d’Alzheimer. Personne ne sait empêcher la bronchite chronique non plus. On peut arrêter de fumer... Mais pour tout ce qui concerne le domaine dégénératif et lié à l’âge, on ne trouve pas grand chose d’efficace, en effet...
En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.
Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !