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La Nouvelle-Calédonie choisit la France mais les indépendantistes ne devraient pas baisser les bras
©Theo Rouby / AFP

Référendum historique

"Les habitants de Nouvelle-Calédonie ont dit "non à l'indépendance à 56.4% contre 43.6% pour le Oui.

Jean-Michel Sourisseau

Jean-Michel Sourisseau

Jean-Michel Sourisseau est chercheur au CIRAD. Il est notamment l'auteur de "Politiques publiques et développement durable dans le monde rural calédonien" et "Stratégies des ménages kanak : hybridations entre logiques marchandes et non marchandes". 

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Atlantico :  Que va-t-il se passer maintenant ?

Jean-Michel Sourisseau : La première crainte c'est la façon dont le résultat va être reçu. Tout le monde suggère beaucoup de sobriété dans la victoire du "Non" non seulement dans les mois mais dans les années à venir. Il est important de rester discret sinon cela pourrait exacerber les clivages. La gestion politique doit être intelligente. La présence du Premier ministre est un signe de cette volonté de gérer politiquement cette victoire.
L'enjeu c'est que les indépendantistes ne pensent pas que ce soit une défaite totale. Il faudrait que l'on n'en reste pas sur la stricte application de la poursuite de l'accord de Nouméa et qu'il n'y ait plus d'avancées du tout sur la question de l'autonomie. Il y a des marges de manœuvre pour renforcer l'autonomie de la Nouvelle-Calédonie et il me semble important que des gestes soient faits. Cela pourrait aller vers une représentation aux Nations-Unies par exemple ou s'assurer que l'ensemble des transferts qui ne sont pas encore effectifs le soient…
A mon avis, le "Non" l'ayant emporté les indépendantistes souhaiteront aller jusqu'au bout de l'accord de Nouméa et du coup de convoquer un deuxième vote, voire un troisième. Un des enjeux maintenant sera de gérer au mieux et de respecter cette volonté des indépendantistes de convoquer de nouveaux votes. Il faut faire attention à ne pas vouloir "purger" cette question maintenant que le non l'a emporté car c'est un risque de crise sociale à terme.

Peut-on de toute façon vraiment se permettre de ne pas écouter les 43.6% des votants qui ont dit "oui" à l'indépendance ?

C'est essentiel de les écouter. C'est l'esprit de la poursuite des accords de Nouméa. Il faut rester dans une logique collégiale. La Nouvelle-Calédonie est organisée de façon à donner le maximum de compétences et de place dans le pouvoir à toutes les communautés y compris les communautés minoritaires. Tout cela doit rester en place. Le contraire exposerait à des troubles politiques graves. L'idée d'aller encore plus loin dans l'accord de Nouméa est importante, sans renier les principes de collégialité afin d'éviter qu'il y ait un camp qui se sente vraiment perdu.

Quels sont les enjeux maintenant pour la Nouvelle-Calédonie ?

Le gros dossier c'est la question des inégalités sociales qui reste le gros échec de cette période des accords. Globalement la situation sociale de tout le monde a progressé sauf que certaines couches de la population ont vu leur situation s'améliorer bien plus que d'autres. Même si objectivement tout le monde a profité de ces accords avec 4% de croissance en moyenne jusqu'aux 5 dernières années, il est vrai que les couches déjà aisées en ont plus profité que les autres.
D'un point de vue purement économique, l'activité économique de la Nouvelle-Calédonie s'est reportée sur l'exploitation du nickel. La stratégie nickel s'est vraiment diversifiée mais on est resté dans cette spécialisation. Il faut entretenir cette diversité-là mais surtout de l'organiser au niveau de la collectivité. C'est un des enjeux forts pour ces prochaines années. Définir une stratégie commune sur le nickel ouvrira des possibilités pour réinjecter de l'argent dans l'économie locale pour, in fine, diversifier l'économie.

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