La lapidation pourrait être rétablie en Afghanistan... Et l'Occident joue les Ponce Pilate<!-- --> | Atlantico.fr
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Un projet de "Code pénal prévoyant la lapidation pour adultère" va voir le jour en Afghanistan.
Un projet de "Code pénal prévoyant la lapidation pour adultère" va voir le jour en Afghanistan.
©Reuters

L'âge des pierres

Les autorités de Kaboul ont donc décidé d'appliquer la Charia. Et nous on dit quoi ? Rien.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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L’information ne fait pas la Une des journaux. Sauf peut-être dans la presse afghane certainement intéressée par ce retour aux sources du Coran. Ainsi M. Rohullah Qarizada, un juriste distingué de Kaboul et membre de la Commission sur la loi coranique, a annoncé qu’un projet de « Code pénal prévoyant la lapidation pour adultère » allait voir le jour.

Comme c’est un homme poli, dont l’urbanité est unanimement reconnue, il a précisé que les États-Unis et les Nations Unies avaient été informés du projet. Et comme c’est également un homme modéré, il a ajouté que le châtiment envisagé ne sera pas une pratique courante. Bien sûr, on lapidera certainement moins dans les régions contrôlées par le régime afghan que dans celles tenues par les Talibans : c’est mieux. Et de toute façon, la lapidation qui assure une mort lente et horrible dissuadera les Afghanes de faire des folies de leur corps : c’est bien. D’ailleurs – signe évident du progrès des Lumières en Afghanistan – deux amants ont, la semaine dernière, échappé à la lapidation que voulait leur infliger une foule en colère. Ils ont été simplement et proprement fusillés.

Cela se passe en Afghanistan, c’est-à-dire, et en quelque sorte, chez nous. Dans cet Afghanistan tenu à bout de bras par les milliards occidentaux et par les forces de l’Otan. Dans cet Afghanistan pour lequel tant de soldats américains, anglais, canadiens, français etc. se sont fait trouer la peau. Est-ce pour cela qu’on se bat ? Est-ce pour la Charia qu’on meurt ? Pour la démocratie peut-être ? Pour la liberté des femmes ?

Évidemment, c’est un peu plus compliqué que ça. Le président afghan, Hamid Karzaï, n’est, selon toute vraisemblance, pas un homme qui caresse chaque nuit le rêve de voir des corps de femmes infidèles et adultères déchiquetés par des pierres. Mais il fait ce qu’il peut pour tenter de se maintenir au pouvoir. Car il sait que bientôt nos troupes vont quitter son pays. Et il lui faut tenir compte des sentiments très coraniques de sa population.

Et nous ? Eh bien nous – pour l’heure – on ne dit rien. On s’en lave les mains. Car qu’est-ce qu’on pourrait bien dire ? Que c’est pas bien ? Que c’est vilain ? Bof ! Aussitôt nous serons disqualifiés comme des chiens d’infidèles ennemis de l’islam. Alors on se tait. En attendant de partir. Et nous partirons, laissant l’Afghanistan dans l’état où (comme on dit pour les toilettes) nous l’avons trouvé. Une affligeante défaite morale. Avec sa dose pitoyable de déshonneur. L’islam afghan, cuit et recuit dans ses haines, est bien plus fort que nous. Dans les évangiles, il est dit que Jésus s’adressa à Pierre en ces termes : « Tu es Pierre et avec cette pierre je bâtirai mon église. » Là-bas, en Afghanistan, c’est avec les pierres de la lapidation qu’on bâtit les mosquées…

PS : en étroit rapport avec ce qui précède, il faut noter la sortie d’un nouveau rap qui accompagne la promotion du film La Marche. On y entend des paroles menaçantes pour ceux qui veulent faire « taire l’islam ». Et aussi la promesse  « d’un autodafé pour les chiens de Charlie Hebdo », les chiens en question ayant, comme nul ne l’ignore, caricaturé le prophète Mahomet. Un des rappeurs, une racaille nommée Disiz, a précisé sa pensée en expliquant qu’il «  couperait les mains » des dessinateurs du magazine réputé islamophobe. Couper des mains ? C’est une pratique assez répandue dans certaines régions du monde où la Charia a force de loi. Vu ce qui se prépare à Kaboul, on avait compris que l’Afghanistan n’est pas la France. Mais vu ce qu’annonce M. Disiz, peut-être que la France c’est déjà un peu l’Afghanistan.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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