La crise énergétique européenne a un impact profond sur les pays moins riches ailleurs dans le monde<!-- --> | Atlantico.fr
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Un homme avec son enfant lors d'une promenade le long de la rivière Huangpu près de la centrale électrique au charbon de Wujing à Shanghai, le 28 septembre 2021.
Un homme avec son enfant lors d'une promenade le long de la rivière Huangpu près de la centrale électrique au charbon de Wujing à Shanghai, le 28 septembre 2021.
©HECTOR RETAMAL / AFP

Effet domino

Pour remplacer le gaz russe, l'Europe a décidé de racheter du carburant qui servait autrefois aux pays en voie de développement.

Damien Ernst

Damien Ernst

Damien Ernst est professeur titulaire à l'Université de Liège et à Télécom Paris. Il dirige des recherches dédiées aux réseaux électriques intelligents. Il intervient régulièrement dans les médias sur les sujets liés à l'énergie.

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Atlantico : Dans quelle mesure les pays développés se sont-ils appropriés, face à la crise énergétique, des ressources qui auraient dû échoir aux pays en voie de développement ?

Damien Ernst : L’Europe a eu un déficit de gaz d’environ 1500 TWh avec la Russie. Elle a essayé d’en retrouver entre 800 et 1000, principalement sur les marchés LNG. Elle est rentrée en compétition avec des pays asiatiques comme l’Inde ou le Bengladesh. Cela a établi une compétition pour les ressources. L’Europe étant plus riche, elle a gagné la bataille du LNG. Les pays défaits ont dû implémenter des stratégies de rolling blackout pour s’en sortir car ils manquaient de gaz pour générer de l’électricité. Cela a donc généré des blackout mais aussi une hausse des prix. Et il devient inabordable dans des pays pauvres, ce qui va entraîner des conséquences humanitaires et sociales graves. Cette situation va provoquer une destruction de la croissance internationale et en particulier dans ces pays pauvres. Cela va aussi renforcer l’inflation comme cela le fait jusqu’à présent.

A cela, il faut ajouter l’impact écologique catastrophique. Ces pays étaient en voie de remplacer leurs centrales au charbon par notamment des centrales au gaz, ce qui revenait à réduire par deux leurs émissions de CO2. Ces pays-là ne voudront plus compter sur le gaz à l’avenir pour éviter que cette situation se reproduise donc le switch du charbon vers le gaz devrait être interrompu. Donc non seulement cela crée de la pauvreté à court terme dans ces pays, mais cela pose des problématiques de long terme sur le plan écologique. L’Inde, la Chine, le Bangladesh vont continuer à développer le charbon plutôt que le gaz.

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A quel point la période des blackout et des pénuries va-t-elle durer ?

Les prix du gaz vont rester très élevés a priori jusqu’à mars 2024 et retrouver la normale vers 2026. Donc ces pays-là vont souffrir pendant au moins 4 ans de l’erreur de l’Europe qui dépendait trop de la Russie.

L’Asie va-t-elle être la principale touchée ?

Oui, ce sera principalement l’Asie car elle avait entamé sa transition vers le gaz. Les pays africains n’ont pas encore beaucoup de centrales au gaz.

Est-ce que nous paierons, au final, les conséquences de la situation dans ces pays ?

Cela pourrait nous retomber dessus de plusieurs façons. D’abord des migrations accentuées incontrôlées en provenance de ces pays, pour des raisons de pauvreté et des raisons climatiques.

Y-avait-il une manière d’éviter cela ?

C’était très difficile d’éviter cela. Notre situation nous a forcé a aller sur les marchés internationaux et d’entrer en concurrence. On aurait pu annoncer qu’on n’importerait rien d’autre et organiser des stratégies de rationnement, mais cela aurait été complètement inacceptable pour les européens.

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