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La course contre la montre d’Emmanuel Macron entre la croissance et la réforme
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Edito

Le coup d’accélérateur aux réformes donné par Emmanuel Macron laisse la classe politique et les syndicats tétanisés.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Il est vrai que ceux-ci sont pratiquement sans voix depuis l’élection présidentielle. Le parti socialiste a disparu des radars tandis qu’au cours des derniers jours la droite s’est focalisée sur les propos corrosifs de Laurent Wauquiez en retombant ainsi dans ses travers légendaires. D’autant qu’en France, on est habitué à parler sans cesse du changement, de la nécessité de s’adapter au monde moderne, tout en maintenant en définitive le statu quo.

Emmanuel Macron prétend aujourd’hui changer la donne, en incitant toutes les composantes du corps social à prendre en main leur destin, à procéder elles-mêmes aux transformations indispensables en luttant contre les pesanteurs du système, comme il vient de l’indiquer aux sept cents agriculteurs qu’il avait invités à l’Elysée jeudi dernier sans attendre tout de l’Etat. Il sermonne aussi le patronat englué dans un conservatisme qui n’a d’égal que celui des syndicats ouvriers.  Au finish un accord a pu ainsi être conclu dans la nuit du 22 février sur l’indemnisation des projets des personnes porteurs de projets de conversion  qui supposaient une démission de leur poste actuel. C’est un pas indéniable en ce qui concerne les contrats courts, mais il subsiste tant de conditions pour leur mise en œuvre que peu d’individus seront finalement en mesure d’en bénéficier, tandis que le dossier de l’assurance chômage dans son ensemble est encore loin d’être résolu.

C’est d’ailleurs toute la difficulté du processus actuel de transformation de la société dans lequel s’est engagé le chef de l’Etat. Ainsi, tout le monde a salué le succès des ordonnances concernant le code du Travail. Pourtant, à y regarder de près, le document qui règle la vie professionnelle de chaque individu dans les moindres détails n’a pas débouché sur une véritable simplification. Les huit mille articles qu’il contient sont autant d’embûches au fonctionnement de l’activité et restent un handicap à l’amélioration de la compétitivité.

C’est aussi la raison pour laquelle, le président de la République multiplie les initiatives, la multiplicité des projets de réforme étant le meilleur moyen de ne pas se fixer sur un dossier particulier qui pourrait intervenir comme un point de fixation débouchant sur un conflit plus général. Certes, la popularité de l’exécutif peut en pâtir à court terme, mais pour l’instant l’opinion continue d’accorder un certain crédit au gouvernement pour appliquer la politique qu’il avait annoncée. Le moment est d’autant plus propice que l’année 2018 n’est marquée d’aucune élection qui serait susceptible de venir brouiller les cartes, alors que la conjoncture économique est dans une phase positive qui donne un peu d’air aux finances publiques. La croissance s’est en effet accélérée pour atteindre au quatrième trimestre 2017 un rythme annuel bienvenu de 2,4%, qui avait conduit les chefs d’entreprises à embaucher plus vigoureusement, comme en témoigne l’amélioration de l’emploi dans cette période. Mais cette cadence ne sera sans doute pas tenue, car depuis le début de l’année un certain fléchissement est perceptible. La rigueur de l’hiver n’y est pas étrangère. On enregistre une certaine pause dans les intentions d’achat, qui se manifeste aussi en Allemagne. Tandis que la tendance des Etats-Unis à relever davantage que prévu les taux d’intérêt pour faire face à une inflation renaissante pourrait faire renaître des inquiétudes en France sur l’alourdissement de la dette. La voie est ainsi étroite pour le pouvoir. Raison de plus pour maintenir la pression.

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