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L’URSS tient-elle sa vengeance posthume avec un Vladimir Poutine prêt à précipiter l’explosion de l’Union européenne ?
©Reuters

Désir de revanche

Alors que s'est tenue cette semaine une rencontre au format Normandie pour résoudre le conflit ukrainien, les tensions actuelles entre Vladimir Poutine et les dirigeants européens - au premier rang desquels François Hollande - rendent peu probable un désengagement de la Russie en Ukraine. D'autant plus que ce conflit, qui s'inscrit dans une stratégie globale de déstabilisation, permet à la Russie de menacer son "étranger proche" et de décourager toute velléité d'association avec l'Union européenne.

Guillaume Lagane

Guillaume Lagane

Guillaume Lagane est spécialiste des questions de défense.

Il est également maître de conférences à Science-Po Paris. 

Il est l'auteur de Questions internationales en fiches (Ellipses, 2021 (quatrième édition)) et de Premiers pas en géopolitique (Ellipses, 2012). il est également l'auteur de Théories des relations internationales (Ellipses, février 2016). Il participe au blog Eurasia Prospective.

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Florent Parmentier

Florent Parmentier

Florent Parmentier est enseignant à Sciences Po et chercheur associé au Centre de géopolitique de HEC. Il a récemment publié La Moldavie à la croisée des mondes (avec Josette Durrieu) ainsi que Les chemins de l’Etat de droit, la voie étroite des pays entre Europe et Russie. Il est le créateur avec Cyrille Bret du blog Eurasia Prospective

Pour le suivre sur Twitter : @FlorentParmenti

 

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Atlantico : Infiltration des droites radicales et extrêmes, instrumentalisation de la crise migratoire, intimidations militaires, rapprochement diplomatique avec la Turquie... En quoi ces diverses manœuvres de la Russie peuvent-elles être destinées à provoquer une déstabilisation européenne ? Peut-on parler d'une forme de revanche de Vladimir Poutine suite à la chute de l'URSS et à la décennie d'humiliation qui a suivi ?

Guillaume Lagane : La Russie met aujourd'hui en œuvre une véritable stratégie globale vis-à-vis de l'Union européenne. Elle a l'avantage d'avoir une direction unique, face à un bloc européen certes uni, mais composé de 28 (bientôt 27) Etats qui ont chacun une politique étrangère différente et des rapports parfois divergents avec Moscou.

La stratégie de la Russie est multidimensionnelle. Elle repose sur l'affirmation d'un hard power avec la multiplication des incidents militaires en mer Baltique ou récemment au large de la France, avec l'intervention en Ukraine ou en Syrie. Moscou montre ses muscles et envoie aux Etats européens, pacifiques et un peu veules, un message dénué d'ambiguïté : la Russie est une puissance militaire qui a les moyens de s'imposer.

Cette stratégie est aussi économique : elle repose sur l'exportation de gaz dont les Européens sont encore très dépendants (40% des importations), en particulier certains Etats de l'Est. La Russie est capable de couper les livraisons aux Etats qui s'opposent à elle, comme on l'a vu à plusieurs reprises en Ukraine.

Cette stratégie est aussi fondée sur le soft power et la diplomatie d'influence : soutien aux partis radicaux d'extrême-droite (comme le Front national en France) ou d'extrême-gauche (comme le mouvement Syriza d'Alexis Tsipras en Grèce). La communication russe repose sur l'opposition aux valeurs occidentales vues comme décadentes, l'opposition aux Etats-Unis et à la propagation de valeurs libérales comme la défense des homosexuels, etc. 

La Russie s'appuie également sur la peur des migrations qui agite aujourd'hui l'Union européenne. De manière assez paradoxale pour un pays qui compte lui-même une forte minorité musulmane (15%, plus qu'en France), la Russie s'affirme comme un Etat chrétien qui défend les valeurs traditionnelles du christianisme contre une supposée islamisation des sociétés occidentales. C'est assez amusant quand on sait qu'en Tchétchénie, une partie de la Russie, règne un islam radical.

Cette stratégie de soft power a un versant plus secret qui passe par le financement de certains hommes politiques, le développement d'institutions culturelles (comme la cathédrale orthodoxe qui a été inaugurée à Paris), la manipulation d'Internet avec la multiplication des trolls et une action de propagande par le biais de sites comme Russia Today ou Sputnik.

Le dernier volet de la stratégie russe est diplomatique : le rapprochement actuel avec la Turquie peut être vu comme une manière de détacher la Turquie de l'Union européenne, à laquelle elle était jusqu'ici candidate, pour l'attirer dans un projet eurasiatique, ce qui n'est pas là aussi le moindre des paradoxes puisque la Turquie est une puissance dominée par l'islamisme politique que Moscou est supposé combattre.

Cette stratégie globale illustre le désir de revanche de Vladimir Poutine, arrivé au pouvoir à la fin des années 1990 avec le projet de restaurer la puissance russe, et qui a considéré que la fin de l'URSS était "la plus grande catastrophe du 20e siècle". Il s'agit bien d'une politique de remise en question de l'ordre international des deux dernières décennies. L'opposition avec l'Union européenne, qui a profité de cette période pour intégrer les pays de l'ancien pacte de Varsovie, et dont le projet politique est aux antipodes du nationalisme du Kremlin, est donc bien naturelle. 

Plus profondément, l'opposition aux idées européennes est une vieille tradition du nationalisme russe de tendance slavophile. Depuis le 19ème siècle, il considère que la Russie, Troisième Rome, successeur de l'empire byzantin, a une position unique dans le monde, entre Europe et Asie, et ne doit surtout pas s'occidentaliser. Pendant la période soviétique, Moscou a aussi cherché à promouvoir ses idées en Europe par l'intermédiaire de l'internationale communiste. L'objectif est moins aujourd'hui le renversement des régimes européens qu'une forme de satellisation, de "finlandisation" de l'Europe qui, divisée et se détachant des Etats-Unis, éviterait de s'opposer à la politique russe.

Florent Parmentier : Les interrogations de la Russie sur son rapport à l’Europe ont déjà fait l’objet de nombreux développements. Tout au long du 19ème siècle, le débat entre slavophiles et occidentalistes faisait rage, les uns insistant sur les spécificités héritées de la Moscovie et de la période mongole, les autres fustigeant le retard pris par la Russie sur l’Europe de l’ouest en de nombreux domaines.

Les années 1990, après la chute de l’URSS, apparaissent comme un retour du "Temps des troubles", cette période historique (1598-1613) où les intrigues et les rivalités se déchaînent, les puissances étrangères poussent leur avantage et l’Etat russe lui-même est menacé. Les élites politiques russes réagissent donc par des agissements symétriques à ce qu’ils perçoivent des menaces : au soutien occidental aux ONG répond l’infiltration des droites radicales ; les intimidations militaires et le rapprochement avec la Turquie répondent à l’élargissement de l’influence américaine en Europe centrale et orientale à travers l’Otan ; les volontés d’intégration régionale de la Russie entrent en contradiction avec certains projets européens, comme celui du Partenariat oriental. Quant à la crise migratoire, elle est effectivement instrumentalisée pour dire aux Européens : le monde n’est pas aussi irénique que vous vous le représentez. L’histoire est tragique, et la Russie est pleinement un acteur historique et géopolitique, à défaut d’être un acteur économique majeur dans la mondialisation.

Dès lors, face à la hantise du déclassement de la Russie, et après avoir considéré que sa volonté de rapprochement avec les institutions européennes n’a pas été couronnée de succès (jusque vers 2003-2004), Vladimir Poutine est passé de l’incompréhension à l’hostilité envers le projet européen.

>>>> A lire aussi : Quand Vladimir Poutine n'hésite pas à réécrire l’histoire russe comme aux plus grandes heures de la propagande soviétique

Quelles ont été les "attitudes" européennes de ces dernières années qui ont pu favoriser une telle situation ? Quelles sont les faiblesses identifiées ? A l'inverse, quelles sont les actions indispensables à mettre en oeuvre du côté des Européens pour parvenir à une forme d'équilibre ? 

Florent Parmentier : Depuis la fin de l’URSS, un certain nombre d’attitudes européennes, du dédain envers une ancienne superpuissance déclinante à l’oubli des intérêts de la Russie, ont pu agacer les dirigeants russes, avec cependant un paradoxe qu’il faut relever ; la Russie entend contester les institutions européennes actuelles et la mainmise de l’Otan sur l’agenda sécuritaire du continent, mais revendique pleinement son appartenance à l’espace européen. Elle ne peut se penser uniquement comme une puissance asiatique, même si les pôles de croissance et de puissance de demain s’y trouvent.

Traditionnellement, on demande aux Européens de rester unis, de promouvoir leurs valeurs et de défendre leurs intérêts. Ces trois recommandations ne suffisent pourtant plus à formuler une politique efficace, face à des acteurs extérieurs qui exploitent les divisions des Etats-membres et refoulent les valeurs européennes pour mieux combattre les intérêts européens.

Face aux dirigeants russes et à Vladimir Poutine, il faut à la fois aller au rapport de force et se préparer à dialoguer. Le problème est que le débat en France autour de la Russie s’avère hémiplégique : certains courent après le temps pour proposer une alliance franco-russe qui ne répond plus nécessairement aux nécessités du temps ou à la réalité des alliances, tandis que d’autres s’acharnent à présenter la Russie comme le principal ennemi de l’Europe, Daesh compris. Les deux orientations, aller au rapport de force et conserver l’option du dialogue, doivent aller de pair pour être efficace.

Guillaume Lagane : C'est en premier lieu l'existence même de l'Union européenne qui a pu blesser la Russie, puisque cette dernière a un projet concurrent de bloc eurasiatique sur le plan douanier et politique. La Russie est opposée au libéralisme politique économique qui est au fondement du projet européen depuis le traité de Rome de 1957.

Parallèlement, de nombreux Etats de l'Union européenne ont rejoint l'Alliance atlantique. Le fait que tous les Etats d'Europe de l'Est qui appartenaient au pacte de Varsovie aient abandonné l'alliance avec la Russie pour d'abord rejoindre l'Otan en 1999 et 2004 puis l'Union européenne est vu comme une forme d'encerclement par la Russie, qui a une vision obsidionale de ses rapport avec l'Ouest et se sent comme une forteresse assiégée des relations internationales.

L'Union européenne a peut-être péché par naïveté en proposant à l'Ukraine un accord d'association, qui dans l'esprit de l'UE était un aspect de sa politique de voisinage, mais qui dans celui de la Russie était une manière de constituer une sorte de "cordon sanitaire" autour de Moscou et représentait donc un véritable défi géopolitique. 

Le dialogue aujourd'hui entre la Russie et l'Europe est bloqué car ces deux entités appartiennent à deux époques différentes : l'Union européenne continue de se vivre comme une puissance post-nationale, post-moderne qui essaie de subordonner les rapports entre Etats au droit international et au libéralisme économique (et en particulier le libre-échange) alors que la Russie reste une puissance du 19ème siècle pour qui les rapports entre Etats sont avant tout des rapports de force. 

Cela renvoie d'ailleurs à la nature même de la société russe dont l'économie est exclusivement fondée sur les exportations de pétrole sans aucun développement industriel et technologique : dans une économie de cette nature, le jeu est effectivement à somme nulle car il n'y a pas d'intérêt à partager et il faut au contraire capter la ressource pour en tirer le plus possible. 

A cet égard, le pacifisme affiché par l'Union européenne est une sorte d'invitation à agir pour la Russie, qui est une puissance profondément réaliste. Si les Européens se montrent unis et fermes dans leur rapport avec Moscou, ils obtiendront sans doute davantage que par une approche plus souple, qui serait perçue par la Russie comme une forme de faiblesse.

A quel point la Russie a-t-elle réussi à fragiliser l'Union européenne ? Peut-elle, à terme, précipiter la destruction de l'Europe ? Quelles stratégies supplémentaires pourrait-elle encore imaginer pour y parvenir ? 

Guillaume Lagane : Aujourd'hui, la construction européenne est minée par la multiplication des crises. Tout d'abord, la crise nord-sud liée au problème de la dette et des finances publiques qui oppose les pays vertueux du nord comme l'Allemagne aux pays en difficulté du sud : la Russie s'est clairement positionnée en faveur de la Grèce contre l'Allemagne, proposant même une hypothétique aide financière. 

Deuxièmement, la crise est-ouest sur la question migratoire avec les pays scandinaves qui ont été plutôt accueillants et les pays de l'Est qui sont très opposés à l'arrivée d'immigrés musulmans : la Russie s'est là aussi positionnée sur la question, notamment en nouant des liens avec la Hongrie de Viktor Orban ou en diffusant une propagande anti-immigration. 

Enfin, la dernière crise est liée au Brexit : elle sert d'une certaine manière la Russie puisqu'elle fait sortir de l'Union européenne un Etat qui était à la fois libéral sur le plan économique et atlantiste. Dans ce contexte mouvant, la Russie est donc aujourd'hui en position de force. 

Mais nous ne sommes peut-être qu'au début. L'influence de Moscou pourrait encore s'accroître avec l'arrivée au pouvoir de partis ouvertement pro-russes : en France on voit déjà que le Front national et qu'une partie de la droite, notamment François Fillon, affichent des positions pro-russes. 

On pourrait aussi imaginer que la Russie porte la guerre au cœur de l'Union européenne, en manipulant par exemple les minorités russes qui se trouvent dans les Etats baltes et en lançant une guerre hybride dans ces pays sur le modèle de ce qu'elle a fait en Ukraine. Elle mettrait alors l'Union européenne face à de grandes difficultés car cela appellerait une solidarité européenne et il n'est pas certain que les Français, les Espagnols ou les Italiens seraient prêts à envoyer des soldats et à affronter la Russie pour protéger les Etats baltes.

Sur le court et le moyen terme, les succès russes ne font donc aucun doute. L'administration Obama, à la politique étrangère désastreuse, a été une période d'expansion de la puissance russe et de reflux de la puissance américaine, dont l'Union européenne est une victime collatérale. 

Mais sur le long terme, le succès de la stratégie russe est plus contestable. La Russie reste un Etat faiblement développé et très dépendant de ses exportations énergétiques (et dont le premier client est l'Union européenne…). Comment imaginer qu'elle puisse attirer des investisseurs, pourtant indispensables à son développement futur, avec une politique aussi agressive ? Les sanctions économiques décidées après l'annexion de la Crimée touchent d'ailleurs l'économie russe.

Par ailleurs, la Russie fait peur à ses voisins, ce qui provoque une augmentation des budgets militaires et un renforcement des capacités de défense et des liens avec les Etats-Unis (voir l'achat récent d'hélicoptères américains par la Pologne). N'est ce pas le contraire de ce que Moscou prétend rechercher ?

Enfin, malgré la propagande actuelle, le pouvoir de séduction du "modèle russe" reste, je crois, assez faible. Les opinions européennes sont certes séduites par le dynamisme autoritaire de Poutine. Mais qui veut aller vivre en Russie ? A Moscou, les classes moyennes russes sont bien davantage soucieuses d'acheter des propriétés en Europe du sud, en Espagne par exemple, et les oligarques multiplient les achats à Paris ou à Londres.

Florent Parmentier : Il est certain que les dirigeants russes, pour certains, voient l’Union européenne comme un processus hors de l’histoire, qui est voué à disparaître sous le poids des contradictions internes rampantes : le futur incertain de l’eurozone, la montée des mouvements dits populistes, la gestion des migrants, le déséquilibre politique à la faveur de l’Allemagne...

La Russie n’est que l’un des acteurs de cette fragilisation. Elle est le relais de certains partis et a mis en place des relais d’influence médiatique précisément parce qu’elle conserve une image très dégradée auprès d’une large partie du spectre politique et médiatique dominant. Le coup le plus rude ces dernières années a certainement été le Brexit, qui n’est pas une initiative russe, mais bien celle d’un des pays centraux. Vladimir Poutine, à la différence de Barack Obama, s’était bien gardé de prononcer un mot pour montrer sa préférence pendant la campagne. Dans la chute des grands systèmes politiques, le processus de désintégration ne vient généralement pas des périphéries, mais bien plus de l’intérieur du système.

Si elle devait aller plus loin, la Russie pourrait déstabiliser une région comme celle de la Baltique, mais elle est pour le moment trop impliquée au Moyen-Orient ; elle pourrait également continuer une activité dans le cyberespace ou tenter de détacher la France et l’Allemagne des autres pays. Paradoxalement, l’achat polonais d’hélicoptères américains au détriment du contrat négocié avec Airbus nourrit cette possibilité qui effraie plus d’une personne à Varsovie.

Ce mercredi 19 octobre, Vladimir Poutine, Petro Porochenko, Angela Merkel et François Hollande se sont rencontrées à Berlin au sujet du conflit ukrainien. Quelles sont les conditions d'un véritable retour du dialogue ?

Guillaume Lagane : Cette rencontre, qui a eu lieu dans ce que l'on appelle le format Normandie (Allemagne, France, Russie, Ukraine) défini en 2014, fut une énième tentative pour faire avancer la résolution du conflit en Ukraine, où malgré la signature d'un accord de paix à Minsk, la tension reste vive dans l'est du pays. En effet, selon la mission d'observation de l'OSCE, des incidents continuent de survenir entre les forces ukrainiennes et les séparatistes, ces derniers bénéficiant toujours de livraison d'armes en provenance de Russie ainsi que d'un soutien multiforme de Moscou. Par ailleurs, à cause des séparatistes, les élections qui devaient se dérouler dans la partie Est du pays n'ont pu se tenir. L’assassinat récent de l’un des chefs séparatistes (surnommé Motorola) montre combien les débats restent vifs au sein même du camp pro-russe.

Dans ces conditions, il faut espérer que la rencontre débouchera sur un engagement de la Russie à ne plus intervenir en Ukraine. Mais, au regard des tensions qui existent aujourd'hui, notamment entre Paris et Moscou avec l'annulation de la visite de Vladimir Poutine, on peut honnêtement en douter. Du point de vue de la Russie, la situation n’est pas si mauvaise : l'affaire ukrainienne est passée au second plan de l’attention internationale suite à la montée en puissance de l’Etat Islamique, aux attentats en France, à l'intervention russe en Syrie et aux bombardements sur la ville d'Alep. La Russie a pu organiser les élections législatives dans la Crimée annexée. Moscou désirerait bien sûr obtenir la levée des sanctions mais, se sentant en position de force, n’est pas pour autant prête à reconnaître ses torts dans un conflit qui a fait pratiquement 10 000 morts en deux ans et qui a entraîné une modification des frontières européennes par la force.

Le dossier ukrainien est une nouvelle illustration de la stratégie multiforme de la Russie visant à déstabiliser l'Union européenne. L’objectif est bien de semer le trouble chez les Européens, entre partisans de la fermeté (souvent à l’Est du continent) et ceux d’un "apaisement" avec Moscou. Il s’agit de montrer aux pays de l’"étranger proche", la zone d’influence que Moscou revendique, combien est vaine la protection de l'Union européenne et qu'ils ont tout intérêt à rester dans l'orbite de puissance de Moscou, faute de quoi ils pourront s'exposer aux mêmes déconvenues que le pouvoir actuel à Kiev. Encore une fois, c’est un calcul à courte vue, car l’intérêt à long terme de la Russie est plutôt d’apaiser ses relations avec ses voisins. Cela montre combien Vladimir Poutine est un excellent tacticien, mais un piètre stratège. A moins qu’il n’ait trop lu Keynes, selon lequel "à long terme, nous serons tous morts" !

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